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Didier Guillaume : “La PAC doit être une Politique agricole commune pour une meilleure alimentation”

A l’occasion d’une rencontre avec des journalistes européens de la presse agricole, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a fait le point mercredi 9 octobre sur les objectifs agricoles européens affichés par la France. “Face aux incertitudes liées au Brexit, les Etats membres doivent rester soudés”, affirme-t-il. Les négociations autour du budget 2021-2027 et la question des normes alimentaires européennes ont également été au cœur des discussions.

Didier Guillaume - Crédits : compte Twitter @dguillaume26
Didier Guillaume - Crédits : compte Twitter @dguillaume26

Concernant le Brexit, “notre première préoccupation est la pêche

Au cœur de l’actualité européenne, le Brexit a bien évidemment suscité plusieurs questions de la part des journalistes européens présents. L’occasion pour Didier Guillaume d’évoquer les préoccupations de son ministère en cas de no deal. Le 31 octobre prochain, le Royaume-Uni pourrait sortir de l’UE sans accord. Dans ce contexte, “notre première préoccupation” concerne le secteur de la pêche, a indiqué le ministre. “Si de façon unilatérale et ne reposant sur rien d’objectif, le Royaume-Uni décidait d’interdire aux pêcheurs d’aller exercer leur activité dans les eaux britanniques, ce serait vraiment dramatique pour l’équilibre de la pêche en Europe” , alarme-t-il. Pour Didier Guillaume, la “Politique commune de la pêche (PCP) est un symbole très important de l’Union européenne qui date de son origine” et qu’il estime “essentielle” .

Le ministre de l’Agriculture a également fait part des préparatifs de son ministère à un no deal, évoquant par exemple le recrutement de 360 contrôleurs sanitaires afin de vérifier les produits en provenance du Royaume-Uni. Dans tous les cas, le Brexit appelle à “une unité sans faille des Etats membres” , souligne Didier Guillaume.

Défense d’un budget constant de la PAC

En cours de négociation, le budget européen 2021-2027 devrait être privé de la contribution britannique en raison de son départ de l’UE. Et en prévision de celui-ci et des nouvelles priorités européennes - notamment environnementales - la Commission européenne a proposé en mai 2018 une réduction de 5 % du budget de la PAC. Une perspective à laquelle le ministre de l’Agriculture est totalement opposé.

Pour Didier Guillaume, la part de la PAC dans le budget européen qui s’élève à près de 38 % actuellement doit rester constante malgré le Brexit et une “réserve de crise” doit être mise en place.

Une Politique agricole commune pour une meilleure alimentation

Il est absolument inacceptable qu’un consommateur européen ne connaisse pas les matières premières utilisées dans un produit transformé qu’il consomme” , insiste Didier Guillaume. Lors du prochain Conseil des ministres européens de l’Agriculture, qui aura lieu le 18 novembre, la France défendra une campagne européenne d’étiquetage pour améliorer la traçabilité pour les consommateurs.

Plus généralement, “la PAC doit être une Politique agricole commune pour une meilleure alimentation” . L’objectif affiché par le ministère de l’Agriculture est ainsi de relever les normes alimentaires à travers une production prenant en compte d’importantes exigences de qualité mais également environnementales. A ce propos, Didier Guillaume considère que “la fin de la dépendance aux produits phytosanitaires est engagée” , notamment par le choix de l’Autriche, de l’Allemagne et de la France d’abandonner le glyphosate (l’interdiction doit entrer en vigueur dès 2020 en Autriche ; en revanche, elle n’a pas encore été formellement adoptée en France et en Allemagne).

Mais “il faut aller encore plus loin” , estime le ministre. De ce point de vue, la France “ne doit pas ratifier” le traité de libre-échange UE-Mercosur. Pour M. Guillaume, cet accord est en contradiction avec les exigences environnementales et les normes alimentaires européennes.

La nécessité d’une convergence européenne

Cette rencontre autour de journalistes de l’ensemble de l’UE a été l’occasion d’évoquer les divergences profondes entre Etats membres sur le dossier agricole, notamment entre l’Est et l’Ouest.

En réponse à une question d’une journaliste roumaine relative au plafonnement des aides de la PAC, Didier Guillaume a indiqué la nécessité d’une convergence sur ces questions cruciales pour les agriculteurs européens.

Plusieurs pays de l’Est, tels que la Roumanie et la Bulgarie (bénéficiaires nets du budget européen), sont opposés au plafonnement des paiements directs annuels, quand d’autres à l’Ouest, à l’instar de la France (contributeur net), y sont favorables. Le ministre de l’Agriculture français insiste donc sur le besoin de trouver un compromis au niveau du Conseil de l’UE, qui réunit régulièrement les ministres européens de l’Agriculture.

Didier Guillaume a par la suite été interrogé sur la question du “double standard” pour la qualité des denrées alimentaires. De plus en plus de marques de la grande distribution vendent un même produit avec des critères de qualité différents en fonction du lieu de vente, plus élevés à l’Ouest qu’à l’Est. Le ministre a rappelé qu’ “aucune raison” ne justifiait une telle pratique. Et de conclure : “Si nous voulons réconcilier l’ensemble des Européens, ils doivent savoir ce qu’ils mangent et être mis sur un pied d’égalité” .

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