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Dette grecque : les ministres européens ne s’entendent pas, les “indignés” se font entendre

Au lendemain d’un dîner de travail au cours duquel les ministres de la zone euro n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’avenir de la dette grecque, plus de 20 000 manifestants se sont réunis mercredi 15 juin à Athènes et dans tout le pays pour contester le nouveau plan d’austérité proposé par le gouvernement de Georges Papandreou. Au niveau européen comme national, le consensus sur le prochain plan d’aide à la Grèce apparaît difficile.

Quelle contribution des banques à la dette ?

Le projet d’aide sur lequel travaille la Commission européenne pourrait consister en un engagement des créanciers privés à hauteur de 25 à 30 milliards d’euros, auxquels s’ajouteraient 60 à 80 milliards d’euros de nouveaux prêts de l’UE et du FMI. 30 milliards d’euros pourraient être par ailleurs tirés des privatisations annoncées par la Grèce.

Les six heures de discussions n’auront pas permis aux ministres de s’entendre sur les modalités du futur plan d’aide à la Grèce. D’un montant qui pourrait aller de 90 à 120 milliards selon les estimations, ce dernier a pour objectif de permettre au pays de rembourser en partie sa dette publique, qui atteint désormais 350 milliards d’euros.

Ce nouveau plan, dont le Conseil européen des 22 et 23 juin devra approuver le contenu définitif, complèterait alors les 110 milliards d’euros du premier plan de soutien accordé en mai 2010, dont 45 milliards d’euros n’ont pas encore été déboursés. Si désormais l’ensemble des Etats approuve l’idée d’une contribution des institutions privées (banques, assureurs, fonds d’investissement…) à cette aide, deux camps (au moins) s’affrontent sur les modalités cette participation.

D’un côté, l’Allemagne, soutenue par les Pays-Bas et la Finlande, souhaite que le secteur privé accepte un remboursement plus tardif des premiers prêts accordés à la Grèce. De l’autre, la France, la Belgique, l’Espagne, la Commission et la Banque centrale européenne craignent les conséquences de cette proposition sur les marchés, qui y verraient le signe d’une incapacité de la Grèce à rembourser ses dettes, et se rangent derrière l’idée d’une participation volontaire de ces mêmes créanciers privés, à condition qu’un certain nombre d’investisseurs s’engagent déjà à appuyer l’initiative, ce qui semble être le cas. Une formule qui, sous l’appellation d’ “initiative de Vienne” , avait aidé les pays d’Europe de l’Est à faire face la crise à ses débuts.

Avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la semaine prochaine, le dossier sera à nouveau débattu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vendredi à Berlin, puis dimanche et lundi entre ministres européens. Mais quelle que soit l’option retenue, le peu de confiance que les marchés accordent encore à la Grèce pourrait à nouveau se dégrader. L’agence de notation Moody’s a déjà placé sous surveillance BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale qui, comme plusieurs établissements allemands et belges (Dexia serait également menacée), sont les plus exposés parmi les créanciers internationaux qui détiennent de la dette grecque.

Le pays mobilisé contre un nouveau plan d’austérité

Quelle que soit l’option retenue également, la mise en œuvre du plan d’aide est à nouveau assortie d’un programme d’austérité, sur lequel doivent s’entendre très rapidement toutes les formations politiques grecques, ont prévenu l’Europe et le FMI.

Le Premier ministre Georges Papandreou est à nouveau contraint d’augmenter les impôts (boissons non alcoolisées, automobile, piscines, immobilier…) et de réduire les dépenses publiques (non reconduction d’un cinquième des fonctionnaires, baisse des salaires et augmentation du temps de travail dans la fonction publique, diminution des dépenses dans la défense…) d’ici à 2015 pour bénéficier de cette aide.

Or, de ce côté-ci également le consensus paraît pour le moment difficile, y compris au sein du parti majoritaire : 2 députés du Pasok (socialiste) ont démissionné cette semaine, réduisant à 154 sièges sur 300 la majorité gouvernementale alors que devait débuter hier après-midi l’examen du projet de loi budgétaire comprenant le volet d’austérité. Les sondages indiquent par ailleurs une avance des conservateurs sur les socialistes.

Mais ce sont surtout des dizaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées hier devant le parlement grec, tandis que la 9e grève générale depuis le début de la crise a immobilisé le pays.

Devant l’ampleur de la contestation, le Premier ministre a décidé jeudi 16 juin de remanier son gouvernement et de soumettre le Parlement à un vote de confiance.



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