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Décryptage : parcours et programmes européens des candidats britanniques

Touteleurope a épluché les programmes des trois partis pour décrypter les politiques européennes des candidats britanniques. Qui sont les candidats ? Que proposent-ils ? Y a-t-il de grandes différences entre les partis ? Les priorités des candidats laissent entrevoir la future politique européenne du Royaume-Uni…

Les candidats

Gordon BrownGordon Brown ou l’Européen pragmatique (59 ans)

Gordon Brown est le Premier ministre du Royaume Uni et chef du parti travailliste. Docteur en histoire, il est élu au parlement britannique en 1983. Il devient Chancelier de l’Échiquier au sein du premier gouvernement de Tony Blair en 1997. Après dix ans à la tête de l’économie britannique, il remplace Tony Blair au poste de Premier ministre en 2007.

Il est connu pour son sérieux, son sens de la morale et son peu d’intérêt pour les frivolités. Il a survécu à plusieurs tentatives de destitution de la part de son propre parti. Partisan d’une “Europe globale” , il a rédigé plusieurs notes sur ce concept de grand marché européen lorsqu’il était chancelier de l’échiquier (Ministre des finances). Européen pragmatique, il est parvenu à faire ratifier le traité de Lisbonne par Westminster, et ne met pas en cause les acquis de l’intégration européenne.

David CameronDavid Cameron, l’Atlantiste (44 ans)

David Cameron est Chef de l’opposition conservatrice. Après une enfance privilégiée, fréquentant les meilleures écoles et universités de la Grande Bretagne, il devient conseiller du parti conservateur et directeur de la communication dans une société privée. Elu pour la première fois en 2001, il sera promu aux rangs du ‘front bench’ (les “ténors” du parti) en 2003. Son image de modernité et de modération lui a valu son élection à la tête du parti en 2005.

En tête dans les sondages depuis plusieurs mois, son avance s’amenuise pourtant depuis quelques semaines. Plutôt eurosceptique, il juge l’Union européenne pas assez démocratique et trop bureaucratique. Après les élections européennes de 2009, il retire les eurodéputés conservateurs du Parti populaire européen pour créer le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) réunissant des eurosceptiques ou ‘euroréalistes’ au Parlement européen. Sa campagne britannique est basée sur le slogan ‘une grande société au lieu d’un grand Etat’.

Nick CleggNick Clegg, l’Européen de cœur (43 ans)

Nick Clegg est chef des Démocrates libéraux. Il a étudié l’anthropologie et l’archéologie au Royaume Uni, et a poursuivi ses études aux Etats-Unis et au Collège d’Europe à Bruges. Son premier mandat est celui de0 député européen entre 1999 et 204. Entrant ensuite au Parlement britannique à partir de 2005, il sera élu à la tête du parti libéral en décembre 2007.

Parlant français, allemand, espagnol et néerlandais, il est le plus européen des candidats britanniques. Connu pour ses opinions libérales sur l’économie, son image de jeune modernisateur ressemble quelque peu à celle de David Cameron. En comparaison avec le reste de la classe politique britannique, Nick Clegg est assurément pro-européen.

Les programmes

A la veille des élections britanniques Touteleurope organise un chat facebook avec Jean Quatremer, de Libération et Philip Turle, de RFI et Sky News, le 5 mai à 17h sur la page facebook de Touteleurope eToile. Posez toutes vos questions en direct aux deux journalistes sur cette élection fondamentale pour l’avenir de l’Europe.

Labour Party Les travaillistes

Le parti de Gordon Brown consacre une seule des 78 pages de son manifeste à l’Europe : “Une Grande-Bretagne forte dans une Europe réformée” . Le document commence par une note positive “Nous sommes fiers que la Grande Bretagne joue un rôle central en Europe. La Grande Bretagne est plus forte dans le monde quand l’Union européenne est forte” . Dans une critique à peine voilée des Conservateurs, il affirme que la résistance et le désengagement du Royaume-Uni envers l’Europe seraient futiles.
Le manifeste du Labour souligne l’importance de la compétitivité et l’économie de la connaissance et la nécessité de réformer la Politique agricole commune. Il affirme que le Royaume Uni ne rejoindra pas l’euro sans l’accord du peuple britannique. Le Labour soutient l’élargissement de l’Union européenne à la Croatie, aux Etats des Balkans et à terme à la Turquie. Il soutient également le rôle majeur de l’Union européenne dans la lutte contre le changement climatique et la réduction de la pauvreté. La lutte contre la criminalité organisée au niveau européen est considérée comme un domaine important de la coopération européenne. Les travaillistes proposent la création d’un “Corps européen de la Paix” pour encourager les jeunes à participer à la société européenne.
Cherchant à se différencier des Tories, le Labour conclut la section Europe de son manifeste en critiquant la politique anti-européenne de David Cameron qui “dessert la cause britannique en Europe et dans le monde” .

ConservativesLes Conservateurs

Dans leur chapitre sur une politique étrangère qui doit promouvoir “l’intérêt national éclairé” la vision européenne des Tories est clairement annoncée. “Nous serions des membres positifs de l’Union européenne, mais nous souhaitons qu’il n’y ait aucune extension des pouvoirs européens sur le Royaume Uni” . La grande promesse de leur campagne est qu’il n’y aura aucun transfert de pouvoir sans l’accord par référendum du peuple britannique. Ils prônent une plus grande ouverture du marché unique et une relation transatlantique forte.
Les grands axes de la politique européenne des Conservateurs sont le rapatriement d’un certain nombre de compétences au niveau national et la mise en place d’un “verrou démocratique” afin d’empêcher tout transfert de souveraineté au niveau européen sans la tenue d’un référendum au préalable. Les droits fondamentaux, les droits sociaux ainsi que la justice sont les politiques que Cameron souhaiterait renationaliser et l’entrée dans la zone euro est évidemment écartée.
Afin de freiner l’intégration européenne, les Conservateurs promettent de circonscrire l’usage des “clauses passerelles” . L’approbation du parlement sera nécessaire pour la mise en œuvre de ces clauses ce qui est le cas dans la plupart des Etats membres, mais dans certains cas le Royaume Uni pourrait aller plus loin. La mise en œuvre des clauses passerelles pour des “sujets majeurs” sera soumise à un référendum.
Dans une rhétorique digne de l’époque thatchérienne, les Conservateurs affirment vouloir défendre leur intérêt national : “Comme tous les Etats membres nous nous battrons pour notre intérêt national” .

Liberal DemocratsLes Démocrates libéraux

Les Libéraux affichent leurs convictions pro-européennes avec le slogan “Mettre le Royaume Uni au cœur de l’Europe” . Ils souhaitent accroître l’influence du Royaume Uni à travers un engagement positif et fort avec l’Union européenne.
Dans un programme en six points, les LibDems revendiquent une Europe qui peut faire face aux effets de la mondialisation : achever le marché unique et mettre en place plus de régulation des marchés financiers et des services bancaires. A la différence des autres partis, les Libéraux souhaiteraient une plus grande coopération avec l’Union européenne sur la justice et les affaires intérieures. Nick Clegg revient souvent dans ses discours sur des exemples de réseaux de criminels qui pourraient être démantelés grâce à la coopération européenne.
Comme tous les partis au Royaume Uni, ils prônent la réforme de la PAC pour que “les agriculteurs, les consommateurs et les contribuables bénéficient d’une politique plus juste” . Ils souhaitent une réforme du budget européen pour réorienter les dépenses vers les priorités stratégiques de l’Union.

Les LibDems sont le seul parti à soutenir l’adhésion du Royaume Uni à l’euro… quand les conditions économiques seront propices à une telle décision. Plus audacieux encore, ils proposent qu’en cas de ‘changement fondamental’ des relations entre Royaume Uni et l’Union européenne (par exemple dans le cadre de la négociation d’un nouveau traité), de tenir un référendum sur l’adhésion du Royaume Uni à l’Union. Ce vote serait un pari risqué pour le Royaume Uni mais il aurait le mérite de clarifier les relations Euro-britanniques.

Parmi leurs propositions pour améliorer le fonctionnement de l’Union européenne, ils prônent l’abolition des séances plénières du Parlement européen à Strasbourg au titre de la chasse au gaspillage.

En savoir plus :

Royaume-Uni : l’impossible coalition de Clegg et Cameron sur l’Europe - Touteleurope

Le programme du Parti travailliste

Le programme du Parti Conservateur

Le programme des Démocrates libéraux

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