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Croatie : la déception après un an dans l’UE ?

Dernier Etat membre à avoir rejoint l’UE il y a tout juste un an, la Croatie traverse encore une profonde crise économique. Fin 2014, ce petit pays des Balkans sera le seul pays de l’UE - avec Chypre - à afficher une croissance négative. Alors que le reste de l’Union sort lentement de la récession, les Croates demeurent pessimistes sur leur futur et ont du mal à se réjouir de leur première année au sein de la famille européenne.

Croatie - Zagreb

Une adhésion longtemps convoitée

Le 1er juillet 2013, la Croatie entrait dans l’Union européenne. En pleine crise de la zone euro, l’UE accueillait alors un nouveau membre, montrant ainsi la force de son pouvoir d’attraction, malgré les difficultés économiques. “Nous sommes la preuve que l’Europe est vivante et attrayante” , déclarait alors le président croate Ivo Josipović. “Faire partie de l’UE est pour nous un objectif stratégique national, que nous nous sommes donné dès le lendemain de notre indépendance” .
La Croatie s’est émancipée de la Yougoslavie en 1991, mais ce n’est qu’en 1995 que le conflit contre les forces serbes s’est terminé. Depuis, le pays a commencé son long processus vers l’adhésion à l’Union européenne. En 2001, Zagreb a signé l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) et deux ans plus tard, en 2003, le pays a déposé sa candidature officielle. Il a fallu ensuite attendre dix ans pour que toutes les négociations se terminent. En janvier 2012, une écrasante majorité des Croates (67,7%) vote en faveur de l’entrée dans l’UE et le processus d’adhésion se termine.
La Croatie intègre ainsi l’UE dans un contexte général de récession et de méfiance envers les institutions communes. Les Croates ne sont pas enthousiastes mais ils demeurent tout de même convaincus que l’intégration européenne fera du bien à leur pays. Au moment même où elle s’apprête à rentrer dans l’Union, la Croatie affiche un PIB par habitant inférieur d’un tiers à la moyenne européenne. “Les investissements étrangers et les fonds européens” - selon la plupart des citoyens - “aideront la Croatie à sortir de sa récession, qui dure depuis 2009” .

Un bilan amer un an plus tard

Un an après son entrée dans l’Union, la situation économique de la Croatie ne s’est pas améliorée. Déficit, chômage, dette publique grandissante… la Croatie demeure en profonde crise. Alors que le reste de l’UE se dirige lentement du côté de la croissance, la Croatie est paradoxalement l’un des seuls pays à afficher encore une économie en récession. En effet, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), seulement deux Etats membres de l’UE enregistreront un déficit en 2014 : Chypre et la Croatie.
Depuis 2008, le PIB croate a reculé de près de 13% et en 2014 l’économie croate perdra encore quelque 0,6% d’après le FMI. Une croissance faible et fragile devrait revenir en 2015 (+0,6% du PIB), mais pas de quoi redresser l’économie croate. En outre, depuis son entrée dans l’UE, le pays a du mal à respecter les paramètres imposés par le traité de Maastricht. La Croatie a fait l’objet d’une procédure pour déficit excessif et elle ne devrait le ramener en dessous des 3% qu’en 2016. La dette publique est également dans le collimateur des institutions européennes. Fin 2013, elle était de peu sous les cap des 60%, mais en 2014 elle le dépassera largement, atteignant 67% d’après les prévisions de l’agence européenne Eurostat.
Dernier indicateur de la crise économique croate : le taux de chômage qui figure parmi les plus élevés en Europe. Zagreb enregistre le troisième taux de chômage le plus important dans l’UE : 17,2% en mars 2014. Seules la Grèce (26,8%) et l’Espagne (25,2%) font pire. Chez les moins de 25 ans, la situation est encore plus sombre : environ un jeune croate sur deux est sans emploi (49,7%), comme en Grèce (58,3%) ou en Espagne (55,5%).

Une crise politique à l’horizon ?

Ce scénario ne fait que décourager davantage les Croates, qui ont perdu toute confiance en leur classe politique. Aux dernières élections européennes, seuls 25% des électeurs se sont rendus aux urnes. Et la coalition de centre-gauche au gouvernement n’a recueilli que 29,9% des voix contre 41,4% pour l’opposition de droite.

Depuis, le parti socialiste au pouvoir est scindé en deux. D’un côté le Premier ministre Zoran Milanović qui essaie de tenir la barre de l’exécutif. De l’autre, le courant politique de l’ancien ministre de l’Economie M. Linić, limogé il y a quelques semaines et décidé à rendre la vie difficile au chef du gouvernement. D’après la presse croate, l’heure des comptes devrait sonner pour Milanović après la pause estivale. L’éventualité d’élections anticipées se concrétise.

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