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COP21, Anne Bringault : “Les choses sont en train de changer de manière phénoménale”

Au lendemain de la COP21, Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour les ONG et les associations, revient sur les avancées et les déceptions autour de l’accord de Paris. Au regard, notamment, des pays du Sud.

Turbines and hay

La COP21 vient de s’achever. Un accord a été trouvé. Quelle est votre impression générale sur le résultat ?

C’est un accord multilatéral entre 195 Etats, rassemblés avec des intérêts très divergents. Des pays producteurs de pétrole, de gaz, de charbon, qui ne souhaitent pas fermer la porte aux énergies fossiles. Face à eux, des pays riches qui ne souhaitent pas forcément mettre la main à la poche pour payer leur dette écologique.

Anne Bringault

Anne Bringault est une spécialiste de la transition énergétique et des enjeux entourant changement climatique et énergies renouvelables.

Elle travaille pour le CLER, Réseau pour la transition énergétique, en tant que coordinatrice sur la transition énergétique.

Elle travaille pour le CLER, Réseau pour la transition énergétique, ainsi que pour le Réseau Action Climat sur la transition énergétique, en tant que coordinatrice sur la transition énergétique.

Finalement, cet accord est le maximum de ce qui était accessible avec autant de pays et dans un mode de fonctionnement où le consensus est attendu.

Est-ce que cet accord permet de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ? La réponse, malheureusement, est non. Même si cet objectif est indiqué dans l’accord, il s’appuie sur les contributions des Etats. Actuellement, en faisant la somme des plans d’action proposés par les pays, l’accord approche plus des 3°C que des 1,5°C.

Or, la première réelle révision de ces contributions n’est pas prévue avant 2025, soit très tardivement.

Nombreuses sont les voix, notamment d’associations et d’ONG, pour dire que les droits humains sont insuffisamment défendus. Qu’en pensez-vous ?

Il est vrai que la question des droits de l’Homme est évoquée, mais seulement dans le préambule de l’accord, c’est-à-dire la partie qui n’a pas d’implications opérationnelles ni juridiques pour les Etats signataires. C’est un enjeu qui a du mal à faire consensus parmi les pays qui étaient présents lors des discussions de la COP21. Malgré la mobilisation de la société civile internationale, les principes fondateurs à l’action climatique, en particulier le respect des droits humains et des peuples autochtones et le maintien de la sécurité alimentaire n’ont pas réussi à trouver une réelle place dans l’accord de Paris.

A quel point existe-t-il encore un déséquilibre Nord-Sud ?

Déjà lors des pré-négociations à Bonn, un des enjeux majeurs était le financement. Les pays du Sud sont les premiers impactés par le changement climatique. Ils souffrent déjà de typhons, de sécheresses et de la montée des eaux, qui obligent les populations à se déplacer. C’est pourquoi les pays du Sud demandaient le financement notamment d’actions d’adaptation, mais aussi d’actions d’atténuation, pour les aider à se développer au travers d’un modèle d’énergie propre et renouvelable.

Au lendemain de la COP21, Toute l’Europe présente également les éclairages de Sébastien Balibar, directeur de recherches au CNRS, et de Cécile Ramstein, chef de projet COP21 pour l’IDDRI.

Sébastien Balibar, directeur de recherches au CNRS, a également commenté, pour Toute l’Europe, les résultats de la COP21. Lire son interview

Sur ces financements, la COP21 n’est pas allée beaucoup plus loin que ce qui était déjà annoncé à Copenhague en 2009. Il était alors prévu d’allouer 100 milliards de dollars à partir de 2020 pour les pays en voie de développement impactés par le changement climatique.

Cet objectif de 100 milliards a été réaffirmé, il est maintenant indiqué comme un plancher qui pourrait être revu dans les années qui suivent. Mais il n’y a pas eu davantage d’avancées. Surtout, nous souhaitions, avec les pays du Sud, qu’au moins 35 % du financement soit alloué à l’adaptation puisque c’est ce qui est le plus difficile à financer. Or il n’y a pas eu de part indiquée pour cette utilisation. C’est dommage.

Il n’y a pas plus d’engagements concrets pour abonder le Fonds Vert. Etes-vous inquiète ?

Il y a eu des engagements pendant la COP21. Plusieurs pays ont fait des annonces pour mettre davantage d’argent dans le Fonds vert, même des acteurs non-étatiques tels que la mairie de Paris ont pris des engagements.

Mais pour l’instant il n’y a aucune visibilité sur le type de financement qui est derrière : du prêt, du don ? De plus, l’argent n’est pas encore mis sur la table. Il faut dès lors rester vigilant sur la véritable affectation des fonds.

Selon vous, quelle va être la clé pour les prochains mois et années, maintenant que la COP21 est terminée ? Allons-nous garder la dynamique ?

La dynamique existe déjà. La COP21 a renforcé une dynamique au niveau des territoires. C’est là que la transition est déjà en marche et c’est là qu’elle va s’amplifier. Lors du sommet des mille maires à Paris, il y a eu des engagements pour aller vers 100% d’énergies renouvelables en 2050. C’est un message politique fort.

Au niveau des collectivités, au niveau des coopératives citoyennes, au niveau des citoyens eux-mêmes, les choses sont en train de changer de manière phénoménale.

De nombreuses initiatives positives se multiplient dans le domaine des énergies renouvelables, des économies d’énergie, d’une mobilité qui s’appuie moins sur le pétrole, d’une agriculture biologique et locale, d’une alimentation dans laquelle on consomme moins de viande… Ce sont des initiatives très positives, qui se développent, et c’est là-dessus qu’il faut s’appuyer pour faire chacun notre part et montrer aux Etats le chemin.

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