Le vent mauvais du populisme est-européen, par Jacques Rupnik
Telos-eu - Article - 03/11/06
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Le politologue Jacques Rupnik (CERI) analyse dans cet article les caractéristiques de la “vague populiste” qui touche aujourd’hui les pays d’Europe centrale et orientale, de Varsovie à Bratislava en passant par Budapest.
Plus encore qu’antidémocratique, ce mouvement est essentiellement antilibéral : selon les partis qui l’incarnent, les “valeurs” prétendument partagées par l’ensemble de la population priment sur la séparation des pouvoirs et les libertés individuelles. En Pologne, il conduit à une valorisation de “l’ordre moral” , en Slovaquie à une “légitimation de la xénophobie” . Cet antilibéralisme se retrouve sur le plan économique, les populistes est-européens s’adressant en priorité aux laissés pour compte de quinze années d’économie de marché.
Le discours populiste se caractérise également par “le dégoût ou l’opposition absolue à l’intégration européenne” . “Fatigués d’être les élèves de l’Europe, remarque Jacques Rupnik, les populistes nationalistes semblent avoir depuis longtemps une folle envie de dire quelle sorte d’Europe ils avaient eux-mêmes en tête, une ‘Europe d’Etats-nations souverains’, une ‘Europe chrétienne’ opposée à sa version matérialiste, décadente, laxiste et supranationale.”
Si elle persistait, cette attitude pourrait avoir une double conséquence sur la construction européenne : elle n’aiderait guère à “promouvoir d’autres élargissements” , notamment du fait de la lassitude des anciens Etats membres ; elle entraînerait un déclin des politiques communes, voire des renationalisations. Jacques Rupnik ne cède cependant pas au pessimisme, car “le populisme est soumis à des cycles” et “l’UE peut aussi devenir une contrainte pour les populistes” .
L’extrême-droite en Europe | Entretien avec Pascal Perrineau