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Colloque : 60 ans après la déclaration Schuman, l’Europe vue par le Monde

A l’occasion des 60 ans de la déclaration Schuman, le Ministère des affaires étrangères et européennes organisait le vendredi 7 mai, dans une pièce attenant au salon de l’horloge, un colloque sur “l’Europe vue par le Monde”. Des politiques aux chercheurs, la commémoration avait un goût étrangement amer : loin des accents fédéralistes qui pouvaient animer le discours du 9 mai 1950, les intervenants ont plutôt souligné que l’Europe communautaire restait parfois, de l’extérieur, trop peu visible…

L’Europe, du centre à la périphérie du monde ?

“Si l’on avait organisé ce colloque il y a 60 ans, combien d’entre vous se seraient déplacés ?” : c’est par cette interrogation que le Ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner ouvrait le colloque “60 ans après la déclaration Schuman, l’Europe vue par le Monde” , vendredi 7 mai.

Après avoir rappelé que la construction européenne avait été, au regard de son principal objectif de paix, un incontestable succès, M. Kouchner a profité de l’anniversaire de la déclaration Schuman pour rappeler que la “solidarité” européenne tant souhaitée par ce dernier venait parfois, en ces temps de crise économique, à manquer… Au risque de faire passer l’Europe, selon le Secrétaire d’Etat aux affaires européennes Pierre Lellouche, “du centre à la périphérie du monde” .

L’Europe : alliée des Etats-Unis et la Russie, alitée au Moyen-Orient

La première table ronde, animée par le conseiller spécial de l’IFRI Dominique Moïsi, réunissait autour de la question “L’Europe en 2010 : Quelle place dans la gouvernance mondiale ?” des spécialistes des relations entre Europe et Etats-Unis (Simon Serfaty), Israël (Elie Barnavi), pays arabes (Antoine Sfeir) et Russie (Mikhail Zygar).

M. Serfaty, titulaire de la Chaire Brzezinski au Centre d’études internationales et stratégiques de Washington (CSIS) a souligné que, dans un XXIe siècle multipolaire, l’Europe avait évidemment une place de choix auprès des Etats-Unis comme allié, mais aussi comme concepteur d’une certaine approche des relations internationales, sur la question iranienne ou sur la crise en Géorgie en 2008 par exemple. Les Etats-Unis eux-mêmes peuvent compter sur l’Europe, y compris dans le cadre de l’OTAN, mais invitent l’Europe à pousser plus loin un partenariat stratégique fondé sur une communauté des 34 Etats rassemblés dans l’Union européenne et l’OTAN.

M. Zygar, Chef du Service politique de la revue Russian Newsweek, a décrit les deux approches majeures qui caractérisaient la vision russe de l’Europe. Selon lui, pour une grande partie de l’élite politique russe, l’Union européenne n’existe pas : seuls comptent les principaux Etats européens. Mais pour d’autres, et leur part semble en progression, l’Union européenne constitue le principal partenaire de la Russie dans le monde, en raison de valeurs partagées. La Russie serait ainsi progressivement amenée, comme le montre en particulier la volonté de réconciliation avec les pays de l’Est comme la Pologne, à considérer l’Europe comme un tout.

M. Elie Barnavi, Conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe à Bruxelles, ancien ambassadeur d’Israël à Paris, a rappelé qu’Israël pouvait être considéré comme une “branche de l’arbre européen” , parce que 90% des premiers colons venaient d’Europe mais surtout parce qu’Israël était fondé sur des institutions et des valeurs (nationalisme, révolution…) européennes. Aujourd’hui cependant l’Europe n’a, hormis dans une certaine mesure la France et l’Allemagne, qu’un poids minime dans la résolution du conflit au Proche-orient.

Enfin, M. Sfeir, Directeur des cahiers de l’Orient, terminait cette table ronde en déplorant l’échec de l’Union méditerranéenne, qui a manqué l’occasion de construire de solides passerelles entre le monde arabe et l’Europe, en passant par Israël… Du côté de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, l’Europe reste alors un agrégat d’Etats-nations les plus puissants (les autres restant inconnus), une manne importante de subventions, mais surtout un eldorado pour des populations pauvres, désireuses de fuir leurs régimes de dictature, et que les politiques migratoires européennes ne parviendront pas à repousser.

La deuxième table ronde, “Le Monde a-t-il encore besoin de l’Europe aujourd’hui ?” , était consacrée à l’Europe vue des puissances émergentes : Afrique, Brésil, Chine, Inde, Turquie. Le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes a ensuite inauguré une exposition interactive intitulée “L’Europe, là où tout a commencé… De Robert Schuman à nos jours : 60 ans de réalisations concrètes” .

En savoir plus :

Soixantième anniversaire de la déclaration Schuman (9 mai 2010) - Ministère des affaires étrangères et européennes

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