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Climat : l’Europe est le bon niveau pour agir

Harmoniser les législations nationales, agir sur les acteurs privés, montrer l’exemple ou peser dans les négociations internationales… voici pourquoi l’UE est un acteur fondamental pour lutter contre le réchauffement climatique.

Crédits : RomoloTavani / iStock
Crédits : RomoloTavani / iStock

Harmoniser les législations nationales

Du paquet 2020 au cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030, les objectifs de l’Union européenne, qu’ils soient ou non contraignants, créent une pression politique chez les États membres. Y compris les moins enclins à développer une politique environnementale. Par exemple, “la Pologne a une loi pour promouvoir les énergies renouvelables qu’elle n’aurait probablement pas sans l’UE” , explique Tara Connolly, experte des questions climatiques chez Greenpeace.

C’est donc à l’échelle européenne que les institutions et les dirigeants européens se sont mis d’accord sur des objectifs climatiques juridiquement contraignants à l’horizon 2020 : réduire d’au moins 20% les émissions de gaz à effet de serre par exemple. Un effort partagé entre les États membres qui sont chacun soumis à des objectifs contraignants. Car si l’action coordonnée en matière de politique environnementale est incidemment de plus en plus prégnante, elle demeure une compétence partagée de l’UE : le rôle des États est donc crucial.

Malgré tout, la situation économique, énergétique, la volonté politique et donc l’application de la loi européenne selon les États membres sont très hétérogènes. Convaincre 27 États membres qu’une économie décarbonée est souhaitable et faisable dans le cadre européen est donc difficile. D’autant plus que le non-respect des objectifs diminue le pouvoir et la crédibilité de la Commission européenne à l’international.

Agir sur les acteurs privés

Par ailleurs, l’Union européenne agit directement sur les entreprises. Elle le fait à travers les normes, par exemple en imposant aux constructeurs automobiles des limites d’émissions pour leurs véhicules. Ou bien à travers les fonds structurels et d’investissement européens, dotés de 114 milliards d’euros entre 2014 et 2020 pour la lutte contre le changement climatique et les énergies renouvelables. Bien que l’efficacité du financement de la transition énergétique par l’UE notamment soit critiquée, ces fonds de solidarité entre les États membres sont alloués, notamment aux régions les moins développées, dans la perspective d’atteindre les objectifs environnementaux fixés. De cette façon, l’UE apporte aussi un soutien aux initiatives locales de développement durable.

Lutter contre le réchauffement climatique implique de changer nos modes de vie : “l’objectif c’est que l’on fasse payer au pollueur le juste prix qui correspond à ses émissions” , souligne Katrin Millock, économiste spécialiste de l’environnement à l’École d’économie de Paris. Autrement dit, intégrer le coût des émissions dans tous les biens et services afin d’orienter les décisions de production et de consommation. Alors qu’une taxe mondiale sur le carbone relève toujours de l’utopie, l’UE a de son côté réussi à se mettre d’accord pour créer en 2005 un Système de quotas d’émissions (SEQE), ou marché du carbone, basé sur le principe du pollueur-payeur.

La quantité d’émissions de CO2 qui s’échangent sur le marché est plafonnée. Les secteurs industriels concernés doivent donc acheter des droits d’émissions sur ce marché, qui couvre 45% des émissions européennes. C’est “une petite révolution” , observe Katrin Millock. Si le prix a longtemps été bien trop faible pour créer des incitations, une récente réforme a provoqué une rapide augmentation du cours de la tonne qui pèse déjà sur les bilans des centrales à charbon. Cependant, il s’est avéré très volatil depuis septembre 2018.

Montrer l’exemple

C’est un effort de guerre qu’il faut mener […] : l’Europe peut le faire et elle a tout intérêt à le faire : déjà pour montrer l’exemple et pour montrer que même économiquement c’est avantageux” , a harangué Nicolas Hulot le 22 novembre sur France 2. Un choix qui comporte toutefois des risques si l’Europe se retrouve isolée, à l’heure où les Etats-Unis ne font plus partie du jeu, et où le Brésil de Jair Bolsonaro menace aussi de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat. “C’était un argument utilisé dans les années 1990 par les pays scandinaves pour mettre en place une taxe carbone, mais on n’a pas vraiment constaté d’effets sur les autres pays” , nuance ainsi Katrin Millock.

Bien qu’elle ne représente que 10% des émissions mondiales en 2016 (contre 30% pour la Chine), l’UE est la première puissance commerciale du monde avec 16,5% du total des importations et exportations mondiales. Elle détient de fait ” un pouvoir considérable sur les politiques climatiques au-delà des frontières” , souligne Eloi Laurent, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Les pays qui souhaitent importer au sein du marché unique doivent adapter leur production aux normes écologiques de l’UE. “Ce qui se passe aujourd’hui à l’intérieur du marché unique importe désormais pour le reste du monde” , ajoute M. Laurent.

Le renforcement de normes environnementales de manière unilatérale peut toutefois entraîner une fuite des émissions, estimée entre 5 et 30% par le Energy Modeling Forum. Les industries qui produisent des émissions se délocalisent dans des pays où les normes sont moins strictes, explique Katrin Millock, donc “la réduction existe mais est moindre” .

Peser dans les négociations internationales

Enfin, le climat est considéré comme un bien public global. Par conséquent, réduire (ou augmenter) les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans un pays a des effets positifs (ou négatifs) sur le monde entier. Quelle que soit la provenance de ces émissions, l’augmentation de la température et ses conséquences sont bien globales. C’est pourquoi les Etats se sont accordés, en 2015 à Paris, pour tenter de limiter cette augmentation à 2°C. Avec un poids décisif de l’Union européenne : “si la COP21 a pu se signer c’est grâce au triptyque États-Unis/Chine/Union européenne, en enlevant un de ces acteurs, le tout est déséquilibré” , souligne ainsi Dominique Auverlot, conseiller spécial à France Stratégie.

Mais “l’Europe n’aurait pas voix au chapitre dans les négociations internationales si elle n’était pas coordonnée” , admet Katrin Millock. Ainsi “ce ne sont pas juste les pays individuellement qui vont aux COP et aux autres négociations” , confirme Tara Connolly. Les États européens sont déjà coordonnés en amont sur des objectifs et des politiques. “C’est dans le monde le seul endroit où il y a une gouvernance commune, où il y a la même méthodologie” , conclut de son côté Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste.

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