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Chevènement contre Jean Monnet

La faute de M. Monnet - © Fayard, 2006Avec ce bref essai, qui mélange considérations historiques, analyses économiques et réflexions philosophiques, Jean-Pierre Chevènement cherche à démontrer en quoi la construction européenne a consisté, dès le départ, en une tentative de délégitimation de la nation, forme politique dont il s’est fait le héraut.

“La nation, voila l’ennemi” . Tel était selon M. Chevènement le credo de Jean Monnet, le “Père de l’Europe” , dont il reconnaît volontiers le rôle de visionnaire pour mieux dénoncer ses idées “antinationistes” . Jean Monnet, c’est l’anti-de Gaulle (auquel l’auteur emprunte parfois des accents) : il était “dépourvu de culture française classique” et de profondeur historique ; ses années de formation au contact des milieux politiques et économiques anglo-saxon avaient fait de lui “de par sa psychologie, un véritable Américain” ; persuadé que l’avenir du monde libre passait par une domination américaine sur une Europe décrédibilisée par deux conflits mondiaux, il a théorisé “l’impuissance nationale” .

Aussi, pour l’auteur, le système mis en place avec la CECA, puis avec la CEE, organisations chapeautées par une Commission indépendante, “aréopage restreint” tendant au “despotisme éclairé” , a peu à peu privé les nations de leurs moyens d’action. Jacques Delors a mené la méthode Monnet jusqu’à son terme, avant que “l’expertocratie” intégrationniste ne se fracasse contre les réalités politiques et la volonté des peuples exprimée par le double “non” à la Constitution européenne.

Une tentative de délégitimation de la nation

La méthode Monnet a délégitimé la nation, en la confondant abusivement avec le nationalisme, alors qu’il s’agit aux yeux de M. Chevènement de la seule forme politique où s’incarne la démocratie. Pour le prouver, l’auteur plonge aux sources de l’idée républicaine, en montrant que la Révolution française, si elle a mis fin à l’Ancien régime, n’en a pas pour autant rompu avec l’histoire de France, sa langue, son peuple. A l’issue de ce cheminement, l’auteur disqualifie Habermas et les penseurs du “post-national” qui ont selon lui conduit l’Europe à l’impasse constitutionnelle.

Le président d’honneur du Mouvement Républicain et Citoyen ne préconise pas pour autant le repli national. Favorable au “dialogue des nations” (entre les gouvernements, les Parlements et les opinions publiques), il appelle de ses voeux l’émergence d’une “Europe européenne” - c’est à dire militairement indépendante des Etats-Unis - qui préfèrerait le “recentrage sur une zone économique européenne préférentielle” aux “vents dominants” de la mondialisation. L’inflexion de la construction européenne viendra pour l’auteur du couple franco-allemand. La France devrait faire admettre à l’Allemagne l’échec du projet de Constitution européenne et consentir à lui donner davantage de poids dans un nouveau traité institutionnel. En échange de quoi, l’Allemagne accepterait de privilégier la croissance de la zone euro, via la constitution d’un gouvernement économique, plutôt que sa compétitivité sur les marchés tiers. Telle est la ligne que défendrait à coup sûr Jean-Pierre Chevènement s’il devait à nouveau être candidat à l’élection présidentielle en 2007.

Jean-Pierre Chevènement, La faute de M. Monnet, Fayard, 2006

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