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Cecilia Malmström : S’unir pour lutter contre la traite des êtres humains

A l’occasion de la 4ème Journée européenne de lutte contre le trafic des êtres humains le 18 octobre, Touteleurope.eu vous propose une tribune de Cecilia Malmström, Commissaire responsable des affaires intérieures, sur la nouvelle directive européenne contre cette forme de criminalité transfrontalière.Â

Maria, 13 ans, originaire d’un pays d’Europe orientale, a été vendue à un homme en Italie par sa propre famille. Elle a subi des violences sexuelles et physiques répétées. Après avoir été sauvée par la police, elle a passé plusieurs années dans un refuge. Lorsqu’elle est finalement retournée dans sa famille, elle a été à nouveau livrée à un réseau de traite des êtres humains, cette fois vers le Royaume-Uni.

Le jeune Xi a été découvert dans un restaurant lors d’un contrôle de routine aux Pays Bas. Il est l’un de ces nombreux travailleurs sans titre de séjour régulier. L’enquête de police a établi qu’il était forcé de travailler 13 heures par jour, sept jours sur sept, pour un salaire horaire de €1,50.

Un groupe de jeunes hommes sans papiers ont été menacés, ont subi des violences physiques et ont été forcés d’exécuter des travaux de construction et de jardinage dans une zone résidentielle du sud de la Suède. Lorsque la police des frontières a arrêté les trafiquants à l’origine de ces abus, elle a découvert qu’il ne s’agissait là que d’une branche d’un vaste réseau de traite des êtres humains implanté au Royaume-Uni, qui exploitait des personnes en Suède et aux Pays-Bas.

Maria, Xi et ces jeunes gens ne sont que quelques exemples de ce que vivent, de nos jours et en Europe, les nombreuses personnes qui voient leur vie volée par des réseaux de traite des êtres humains. L’Office européen de police Europol estime à plusieurs centaines de milliers les victimes de ce trafic, rien qu’en Europe. Derrière ces statistiques impersonnelles se cachent des centaines de milliers de cas de misère humaine et de tragédies personnelles. Les groupes criminels organisés exploitent des personnes déjà vulnérables (souvent victimes de violences domestiques, d’abus sexuels et de grande pauvreté) aux fins de ce qui doit être appelé par son nom : l’esclavage moderne.

Il est de notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combattre ce crime ignoble et pour aider les victimes. Je suis convaincue que pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains, nous devons unir nos forces. C’est vrai au niveau national : lorsque, par exemple, l’inspection du travail identifie une victime de la traite, le dossier devrait être transmis à la police. Dans le même ordre d’idées, les services sociaux et les ONG spécialisées devraient être informés afin d’offrir un refuge et une protection contre les trafiquants et de garantir que, par exemple, un enfant victime soit placé dans un environnement sûr et aille à l’école.

Mais c’est également vrai entre pays : nous devons collaborer en Europe pour combattre cette criminalité transfrontalière. Aujourd’hui, c’est la journée contre la traite des êtres humains, une journée que nous voulons mettre à profit pour sensibiliser à la nécessité de réunir tous les efforts afin d’atteindre cet objectif.

De mon côté, j’ai proposé, au printemps dernier, une nouvelle directive relative à la prévention et à la lutte contre la traite des êtres humains et à la protection des victimes. Elle comprend des mesures relevant du droit pénal, telles qu’une définition commune de cette infraction, et prévoit une plus grande harmonisation des peines. En effet, la traite des êtres humains est passible de un an à 23 ans d’emprisonnement, selon le pays de l’Union dans lequel les poursuites ont lieu, ce qui est inacceptable. La directive prévoit en outre des dispositions ambitieuses sur la protection des victimes et l’assistance sans condition, telles que les soins médicaux, le logement et l’aide juridique, et elle insiste sur la nécessité des actions de prévention.

La proposition est en cours de négociation au Parlement européen et au Conseil. Mais cela ne signifie absolument pas que nous pouvons nous contenter de cette seule mesure. Nous devons continuer à approfondir notre action et, selon moi, nous pouvons faire bien davantage pour identifier les victimes à un stade précoce, pour travailler plus étroitement avec les pays tiers, pour intensifier nos efforts contre l’exploitation de main d’œuvre et pour prendre des mesures visant à réduire la demande qui alimente la traite des êtres humains. Nous devrions également envisager des mesures administratives susceptibles de compléter l’action des services répressifs. Par ailleurs, nous désignerons prochainement un coordonnateur européen de la lutte contre la traite des êtres humains, afin d’améliorer la coopération entre les États membres de l’Union.

J’estime que ces mesures sont importantes et nécessaires, tout en étant parfaitement consciente de l’ampleur des défis auxquels nous nous attaquons et de l’impossibilité d’éradiquer totalement ce crime abominable. Mais chaque personne que nous sauverons représentera une victoire.

Cecilia Malmström - Membre de la Commission chargée des affaires intérieures

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Espace de Justice, de liberté et de sécurité - Touteleurope.eu

Cecilia Malmström, Commissaire chargée des affaires intérieures - Commission européenne

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