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Budget européen 2010-2020 : partir des priorités politiques pour dégager des ressources, et non l’inverse

L’UE a besoin de ressources propres pour atteindre ses objectifs en 2020. Et l’avenir de la PAC ne doit pas phagocyter le débat sur les priorités que se donnent les Vingt-Sept. Découvrez l’analyse de de Luis Bouza Garcia, Claire Poinsignon et Alexander Knetig, en conclusion du n° 16 de Regards croisés, fruit d’un partenariat entre ARTE et le Collège d’Europe.

Un débat en trompe-l’œil sur le budget européen

L’Europe en débat



Le blog L’Europe en débat, fruit d’un partenariat entre ARTE et le Collège d’Europe, parie sur la force du débat pour imaginer l’avenir de l’Europe. Il aborde en français et en anglais l’actualité européenne sur une base thématique. Son équipe, composée d’étudiants, d’assistants et de professeurs du Collège, privilégie dans ses analyses la comparaison, la mise en perspective et le recul. Elle vous invite à participer à cette réflexion collective via les commentaires. Elle cherche ainsi, à dégager des intérêts communs aux citoyens européens en dépassant les intérêts nationaux, préalable à la constitution d’une opinion publique européenne.

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Puisque la question du budget 2014-2020 est encore loin des préoccupations actuelles des médias et donc du grand public, les contributeurs à ce dossier ont systématiquement privilégié des sources d’institutions officielles, de laboratoires d’idées ou de revues spécialisées.

L’expertise et la qualité de ces sources nous permettent de faire de la prospective sur des débats de fond que l’Union européenne (UE) devrait affronter d’urgence.

Primo, l’UE a besoin de ressources propres, indépendantes de celles des États membres.

Secundo, l’avenir de la Politique agricole commune(PAC) doit être abordé sans préjugés.

Tertio, la stratégie “Europe 2020” sera un échec comme celle de Lisbonne si les priorités de toutes les politiques européennes et nationales ne s’alignent pas sur celles définies dans ce document.

Pour une politique de grands travaux et d’investissements financée par la Commission dans des secteurs clés

Par ailleurs, si nous sommes condamnés dans les années à venir à connaître plus d’austérité et une croissance lente, il est vital que nous n’attendions pas tout des États nations. Comme le souligne le président de Notre Europe, Tommaso Padoa-Schioppa, ancien ministre de l’Économie et des Finances italien de 2006 à 2008, dans un entretien [pdf] mis en ligne à la veille du sommet européen du 17 juin 2010, “les pays de l’UE ont besoin à la fois de rigueur budgétaire et de soutien à la croissance” .

La rigueur est imposée aux États par les marchés mais l’Union européenne devrait oser jouer un rôle de soutien à l’économie qui aille plus loin que la coordination laborieuse des politiques économiques nationales. Cela impliquerait de mettre en œuvre des politiques communes
dans des domaines comme “l’énergie, les transports, la recherche et l’environnement” .

Certaines de ces politiques avaient d’ailleurs déjà été imaginées par Jacques Delors, lorsqu’il était président de la Commission européenne de 1985 à 1995. Ces secteurs porteurs d’avenir justifient “un programme d’investissement ou de dépenses publiques européennes” . Sinon, c’est la stagnation et la régression assurées. Ce qui serait catastrophique sur un plan social et politique.

Car les économies européennes sont sans doute capables de tourner avec un volant de laissés pour compte représentant jusqu’à 30 % de la population active mais sûrement pas nos démocraties. Le retour au plein emploi devrait être considéré par l’Union européenne, dans une perspective keynésienne, comme un impératif catégorique. Le pas assez d’Europe a un coût. Le plus d’union aussi mais il génère des économies d’échelle, créatrices de valeurs et de richesses.

De plus, où aller chercher l’argent pour des grands travaux dans le contexte budgétaire actuel si ce n’est au niveau de la Commission ?

Erasmus ne suffit pas

Regards croisés n°16

D’avril à juin 2010, une équipe d’assistants du Collège appartenant au campus de Bruges et de Natolin rejoints par un jeune journaliste d’arte.tv - Alexander Knetig -a eu l’audace de plancher sur un sujet réputé ardu : le budget européen 2014-2020.

Délaissant une approche technique réservée aux spécialistes des finances publiques, l’équipe s’est intéressée aux choix que les responsables s’apprêtent à faire face à leurs opinions publiques, en fonction de leur vision de l’avenir et de leurs priorités politiques.

A vrai dire, le chemin de la rigueur budgétaire rend improbable que le budget 2013-2020 fasse la part belle à une véritable politique d’éducation, de recherche et d’innovation au plan européen.

La stratégie de Lisbonne visait, en 2000, à faire de l’Europe “le premier espace d’innovation dans le monde d’ici 2010” . Dix ans après, cette déclaration paraît presque naïve. La nouvelle stratégie de l’Union pour 2020 est d’ailleurs bien moins ambitieuse dans ce domaine. Elle propose de faire de l’UE un “espace d’innovation” , sans avancer une seule mesure concrète.

Cependant, l’Europe va devoir se pencher sur la question, puisque tous les pays du continent sont en perte de vitesse par rapport à l’Amérique du Nord et aux pays émergents, comme le constate un article récemment publié dans le magazine américain The Daily Beast : sur les douze pays les plus innovants au monde, il n’y en a que quatre situés en Europe.

Certains optimistes nous rétorqueront que nous investissons dans l’éducation et la recherche via Erasmus… Parlons-en : ce programme, qui se présente lui-même comme “le vaisseau amiral de l’éducation européenne” , touche à peine 2 % des étudiants européens.

Les bourses offertes par les instances européennes sont ridiculement basses (130 € en moyenne), le suivi des études presque inexistant. Les programmes de recherche et d’innovation se heurtent à des désaccords au sein de l’Union et à un manque total de volonté politique : le septième Programme cadre de Recherche et de Développement finance surtout des investissements stratégiques et sécuritaires.

Et le lancement du projet européen “Galileo” de navigation par satellite est retardé depuis des années, faute de financements.

Un débat de fond permettra-t-il de fixer des objectifs clairs auxquels l’UE allouera ses ressources ? Jusqu’ici, les États membres ont toujours considéré les négociations budgétaires comme un but en soi : comment faire pour réduire leur quote-part au budget de l’Union ou améliorer leurs recettes en retour ?

On peut donc formuler le paradoxe suivant : le réalisme de court terme des responsables politiques, qui privilégie des politiques en accord avec ce qui est faisable, va à l’encontre du réalisme de plus long terme des experts, qui préconise un budget communautaire à la hauteur des ambitions de l’UE et non l’inverse.


Luis Bouza García
Claire A. Poinsignon
Alexander Knetig

Conclusions de Regards Croisés n°16, “Faisons l’effort de voir plus loin que le bout de notre nez !” - partenariat Arte-Collège d’Europe





Source

Regards croisés n°16 : “Faisons l’effort de voir plus loin que le bout de notre nez !” - Arte.tv

L’Europe en débat - Partenariat Arte-Collège d’Europe


En savoir plus

Demos et Kratos en Europe, par Tommaso Padoa-Schioppa - Touteleurope.fr

Le budget européen - Touteleurope.fr

Le budget européen : quelle négociation pour le prochain cadre financier de l’Union européenne ? - Fondation Robert Schuman

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