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Bronislaw Geremek (1932 - 2008)

Historien, membre du syndicat Solidarité, ministre polonais des Affaires étrangères puis député européen, Bronislaw Geremek est le symbole de la transition politique en Pologne. Rescapé du ghetto de Varsovie, il fut l’une des figures du Parti ouvrier unifié polonais (parti communiste), auquel il adhère en 1950 avant de s’en retirer dix-huit ans plus tard. Sa carrière de dissident lui vaut la prison, puis une ascension politique ininterrompue, au côté de Lech Walesa d’abord, puis au sein de l’Union européenne. Elu député européen en 2004, il le reste jusqu’au 13 juillet 2008, date de son décès dans un accident de voiture en Pologne, à l’âge de 76 ans

Bronislaw Geremek
Bronislaw Geremek - Crédits : Commission européenne 

Geremek, l’enfant rescapé du ghetto de Varsovie

Bronislaw Geremek naît à Varsovie le 6 mars 1932, d’une mère juive yiddish et d’un père rabbin. En 1940, alors qu’il n’a que huit ans, il se retrouve dans le ghetto avec sa famille. Son père et son frère tentent de s’échapper mais sont repris rapidement et envoyés au camp de Bergen-Belsen puis à Auschwitz, où son père, très affaibli, est exécuté dès son arrivée. Son frère, qui a survécu, s’exile à New-York à la fin de la guerre.

En 1943, Bronislaw Geremek et sa mère est recueilli par un Polonais chrétien qui devient son beau-père.

Geremek, l’historien

Alors qu’il a rejoint le Parti communiste polonais en 1950, Bronislaw Geremek entame des études d’histoire à Varsovie en 1954. Son intérêt se porte d’abord sur les pauvres et les marginaux. Il se passionne ensuite pour l’histoire médiévale française, dont il va devenir l’un des grands spécialistes en Europe. Sa thèse porte ainsi sur Les Marginaux parisiens aux XIV et XVe siècles. Attaché toute sa vie à la France, qu’il considère comme sa “deuxième maison” , il effectue son premier séjour à Paris en 1956 à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS).

Propos choisis

“L’Europe est le dernier grand rêve du XXe siècle”

“Je ne suis pas très intéressé par le pouvoir. Ce qui m’intéresse, c’est la société civile et le citoyen”

“(…) Introduire dans les principes de l’Union ce slogan d’Europe à plusieurs vitesses (…) Ce serait la mort de l’idée européenne telle qu’elle a été conçue”

“Il est nécessaire d’informer sur les politiques de solidarité de l’Union européenne”

“Il faut faire dans l’Union européenne une large place aux politiques de solidarité”

“Les jeunes sont intéressés par les acquis concrets que l’Union européenne rend disponible pour eux”

“J’espère que les jeunes souhaitent une approche réaliste et pragmatique ainsi qu’un rêve de l’avenir”

“La génération de l’Internet, celle des moins de 24 ans, c’est l’avenir de l’Union européenne”

Il enseigne par ailleurs à la Sorbonne entre 1960 et 1965, avant de rentrer en Pologne où il devient Professeur à l’Université jusqu’en 1980. Sa carrière politique ne l’empêche pas de poursuivre ses activités d’enseignement. Il exerce ainsi un rôle important au sein du Collège d’Europe de Bruges et de celui de Natolin, son équivalent polonais, dont il est le cofondateur. Il y dirige une chaire de la Civilisation européenne. En 1992 et 1993, il assure au Collège de France un cours sur “l’Histoire sociale, exclusions et solidarité” .

C’est d’ailleurs à l’université qu’il rencontre sa future femme, professeur spécialiste de l’Antiquité. Ils resteront mariés jusqu’au décès de cette dernière en 2004.

Geremek, le politique

La carrière politique de Bronislaw Geremek débute en 1950 lorsqu’il adhère au Parti ouvrier unifié polonais (POUP). Il le quitte en 1968 après l’invasion de la Tchécoslovaquie, auquel participe la Pologne, et suite à une vague d’antisémitisme lancée par le “POUP” .

Il se rapproche dans les années 1970 du Comité des Défense des ouvriers (le KOR). Puis, en 1980, il rejoint le groupe des conseillers de Lech Walesa au sein du syndicat indépendant Solidarité, regroupant pour la première fois ouvriers et intellectuels en lutte contre le pouvoir en place. Cet engagement lui vaut d’être interné, avec des milliers d’autres militants en 1981, alors que le général Jaruzelski déclare “l’état de guerre” . Il reste deux ans en prison.

En 1989, alors que les régimes communistes d’Europe centrale s’effondrent, il est l’un des négociateurs des accords de la Table ronde qui permettent un partage du pouvoir entre Solidarité et le Parti communiste. La même année, il devient député au Parlement polonais (Sejm). En 1997, il est nommé ministre des Affaires étrangères. Il exerce ce mandat jusqu’en 2000.

Geremek, l’Européen

Européen convaincu, Bronislaw Geremek considère que la Pologne n’aurait jamais dû quitter le concert des nations européennes. Dès 1997, alors qu’il devient ministre des Affaires étrangères en Pologne, il milite en faveur de l’adhésion de son pays à l’Union européenne. Il compte pour cela sur l’aide de la France. Mais Paris est d’abord réservé, se méfiant de l’atlantisme polonais.

En 1998, il devient président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

En juin 2004, après l’entrée de la Pologne dans l’UE, il est élu député européen sous les couleurs de son parti, l’Union des libertés (UW). Il présente sa candidature au poste de Président du Parlement européen mais c’est le socialiste espagnol Josep Borrell qui est élu avec 388 voix.

En avril 2007, il refuse de se conformer à la loi polonaise “de lustration” , qui impose aux personnalités publiques de déclarer leurs activités éventuelles avec la police secrète communiste. Il est alors menacé d’être déchu de son mandat de député européen. Le 11 mai 2007, la Cour constitutionnelle de la Pologne rejette la majeure partie de cette nouvelle loi, et notamment la clause qui aurait obligé près de 700 000 personnes à signer des déclarations certifiant qu’elles n’avaient jamais collaboré avec les services secrets de l’ancien régime.

Bronislaw Geremek reste donc député européen jusqu’à sa mort, le 13 juillet 2008 sur les routes de Pologne. Son engagement européen, affirmé depuis les années 1980, l’aura également amené à succéder en 2006 au professeur Henri Rieben comme président de la Fondation Jean-Monnet pour l’Europe.

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