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Brexit : 10 personnalités clés des négociations

Trente-trois mois ont passé depuis le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, première étape formelle du divorce entre le Royaume-Uni et l’UE. Après d’intenses négociations, le gouvernement britannique et ses partenaires européens ont enfin trouvé un accord le 17 octobre, validé dans la foulée par le Conseil européen. Mais cette proposition doit encore être ratifiée par les parlementaires à Londres et à Strasbourg. Coup de projecteur sur 10 personnalités clés de ce feuilleton.

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne | Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0 | Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0
Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne | Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0 | Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0

1. Michel Barnier

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Engagé pour l’Europe depuis qu’il a commencé la politique, Michel Barnier a occupé les postes de commissaire européen, ministre et eurodéputé. Fort de son expérience, il a été désigné par Jean-Claude Juncker négociateur en chef de la Commission européenne pour le Brexit. Il a été chargé de trouver des compromis et des solutions aux centaines de dossiers à traiter dans les négociations. Après l’adoption d’un accord par le Conseil européen le 17 octobre, qui doit encore être validé par le Parlement britannique et le Parlement européen, Michel Barnier est invité par la nouvelle présidente de la Commission européenne à poursuivre les négociations avec les Britanniques. L’objectif : dessiner la relation future entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Les autres personnages clés de l’UE

L’ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, a également pris part aux négociations entre 2016 et 2019 en rencontrant les chefs d’Etat et de gouvernement. Fervent partisan du maintien dans l’Union, il a participé à l’élaboration du premier accord avec l’ancienne Première ministre britannique Theresa May. A la suite du rejet du texte par les parlementaires britanniques, il a dans un premier temps refusé d’accepter de nouvelles concessions face à Boris Johnson. Artisan de la dernière version de l’accord, il a notamment pris position contre toute atteinte aux accords de paix irlandais et contre le retour d’une frontière physique entre les deux Irlande.

Jean-Claude Juncker a également été soutenu dans sa démarche par le nouveau président du Parlement européen, David Sassoli, qui depuis son élection le 3 juillet 2019 a rappelé la fermeté et les exigences du Parlement, notamment au moment d’accorder au Royaume-Uni un nouveau report de l’échéance du Brexit.

Enfin, le libéral belge Guy Verhofstadt est le coordinateur du groupe de pilotage du Parlement européen sur le Brexit. Fédéraliste et “némésis” des Brexiters au sein de l’hémicycle, il est connu pour ses discours virulents contre le leader du Brexit party, Nigel Farage. Il s’est notamment montré très critique sur l’absence de concessions offertes par le gouvernement de Boris Johnson.

2. Boris Johnson

Crédits : Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Crédits : Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Homme politique britannique, membre du Parti conservateur, Boris Johnson est aujourd’hui Premier ministre du Royaume-Uni. Après une carrière de journaliste et d’homme politique, il est élu en 2008 maire de Londres. Il devient en 2016 le leader du mouvement “Vote Leave” pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne au sein de son parti. Nommé aux Affaires étrangères, il succède à Theresa May comme Premier ministre le 24 juillet 2019. Préférant une sortie sans accord à un nouveau report du Brexit, il tente de suspendre le Parlement afin d’empêcher les députés de bloquer un no deal s’il devait se produire. Annulée par la Cour suprême du pays, cette décision entraîne la défection de plusieurs députés conservateurs et la perte de sa majorité. Il poursuit les négociations et obtient un compromis avec l’Union dans un accord dévoilé le 17 octobre, et adopté par le Conseil. Devant la difficulté de la ratification de l’accord par la Chambre des communes, qui lui impose un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020, il convoque des élections anticipées. Le 12 décembre 2019, il emporte une large majorité qui devrait lui permettre de faire ratifier son accord et entamer la prochaine phase de négociations.

3. Jeremy Corbyn

Crédits : Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0

Crédits : Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0

Le chef de l’opposition et leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn entretient le flou sur sa position face au Brexit. Député sans interruption depuis 1983, il apporte un timide soutien au maintien de son pays dans l’Union européenne, lors du référendum de 2016. Il s’oppose farouchement à une sortie sans accord, ce qui fait de lui l’un des plus vifs opposants à Boris Johnson à Westminster. Régulièrement critiqué au sein de son parti, Jeremy Corbyn milite en faveur de nouvelles élections, accompagnées d’un second référendum. Il refuse toutefois de prendre position pour l’une des deux options qu’il réclame : le maintien dans l’UE, ou un nouvel accord de sortie. A l’annonce du compromis trouvé le 17 octobre entre le gouvernement britannique et l’UE, Jeremy Corbyn a qualifié cet accord de “pire que les précédents (…). Il ne rassemblera pas le pays et doit être rejeté” , a-t-il déclaré. Chef de file de son parti aux élections anticipées de décembre 2019, il annonce sa démission prochaine après la défaite des travaillistes et la perte de 40 sièges.

4. Stephen Barclay

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Stephen Barclay est avocat, et a mené une courte carrière dans l’armée britannique. Ministre du Brexit depuis le 16 novembre 2018 sous le gouvernement de Theresa May puis de Boris Johnson, il est en charge de la préparation domestique du pays à la sortie de l’Union. Régulièrement envoyé à Bruxelles comme négociateur pour le compte du Royaume-Uni face à Michel Barnier, il succède à ce poste à Dominic Raab, artisan du premier “deal” négocié par Theresa May. Tenant d’une ligne plus ferme et refusant la plupart des concessions réclamées par l’Union, Stephen Barclay a participé à la rédaction de l’accord adopté jeudi 17 octobre par le Conseil européen.

5. Dominic Raab

Crédits : Lukasz Kobus / Commission européenne

Crédits : Lukasz Kobus / Commission européenne

Ce soutien actif du Brexit a été nommé en juillet 2018 Secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union européenne au sein du gouvernement de Theresa May. Il succède à David Davis, ancien négociateur, qui reprochait à la Première ministre une position trop “douce” dans les négociations. Egalement en désaccord avec la position de Theresa May, il démissionne en novembre 2018. Il se présente en 2019 à la tête du parti conservateur, mais il est éliminé face à Boris Johnson qui devient Premier ministre. Ce dernier le nomme aux Affaires étrangères dans son gouvernement. En octobre 2019, il appuie le Premier ministre dans sa volonté de suspendre le Parlement, et dans ses négociations sur l’accord de sortie de l’UE, auquel il apporte son soutien.

6. Leo Varadkar

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Crédits : Etienne Ansotte / Commission européenne

Elu Taioseach (chef du gouvernement) de la République d’Irlande le 14 juin 2017, Leo Varadkar avait successivement été en charge des portefeuilles de la Protection sociale, de la Santé et des Transports au sein des gouvernements précédents. Issu du parti de centre-droit Fine Gael, il est attaché depuis son investiture au respect de l’Accord du Vendredi-Saint et s’oppose résolument au retour d’une frontière entre les deux Irlande. Cette question étant au cœur des négociations sur le Brexit, son droit de veto au Conseil européen possède un poids particulièrement important dans les discussions entre les 27 et le Royaume-Uni.

Les autres chefs d’Etat et de gouvernement des 27

Au sein des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, d’autres figures se démarquent par leur implication dans les discussions et leurs positions parfois tranchées.

Le président français Emmanuel Macron souhaite incarner une ligne de négociations ferme face aux Britanniques. Opposé à des reports inconditionnels du divorce dès le Conseil européen de mars 2019, il a, à plusieurs reprises, montré son irritation face à l’immobilisme du gouvernement britannique.

La chancelière allemande Angela Merkel, à l’inverse, s’est montrée partisane de plus de souplesse vis-à-vis du Royaume-Uni, et s’est prononcée en faveur des différents reports afin d’éviter à tout prix une sortie désordonnée. Elle a affirmé à plusieurs reprises vouloir maintenir des relations cordiales avec le Royaume-Uni après le Brexit.

Si le Premier ministre hongrois Viktor Orbán est lui à la tête de la mouvance populiste eurosceptique, il avait en 2016 soutenu le maintien du Royaume-Uni dans l’Union. Considéré comme soutien potentiel d’un hard-Brexit, il a pour l’instant refusé de bloquer un report de la date butoir.

7. Jacob Rees-Mogg

Crédits : Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Crédits : Ben Shread / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Depuis l’entrée en fonction de Boris Johnson, cet aristocrate londonien, connu pour ses positions ultra-conservatrices et eurosceptiques, est le leader conservateur de la Chambre des communes. Il est à la tête de l’influent European Research Group (ERG), un groupe de parlementaires partisans d’une sortie “dure” de l’UE, et a appelé les eurodéputés britanniques, au lendemain de leur élection en mai dernier, à mettre des bâtons dans les roues de la politique de l’Union. Soutien de Boris Johnson dans sa décision de suspendre le Parlement, il fait partie de son cercle rapproché de conseillers eurosceptiques. Bien que favorable à une sortie sans accord, il a toutefois décidé de soutenir le deal négocié par le Premier ministre, et a appelé les hard-brexiters à en faire de même.

8. Arlene Foster

Crédits : Kelvin Boyes / Flickr DUP Photos CC BY-NC-ND 2.0

Crédits : Kelvin Boyes / Flickr DUP Photos CC BY-NC-ND 2.0

La leader du parti unioniste démocrate nord-irlandais (DUP) depuis 2015 constitue un poids lourd des négociations internes sur le Brexit, et notamment sur l’épineuse question de la frontière entre l’Irlande du Nord (dont elle a été Première ministre en 2010, 2015 puis au cours de l’année 2016) et la République d’Irlande. Eurosceptique et unioniste, donc attachée à l’intégration complète de la province nord-irlandaise au reste du Royaume-Uni, elle s’est opposé depuis le début des négociations à toute différenciation juridique ou économique de l’Ulster par rapport au reste du pays. Son parti s’allie en 2017 aux conservateurs pour leur assurer la majorité absolue, ce qui lui confère un pouvoir de véto sur les négociations avec l’Union. Elle s’est opposée, dès sa publication, à l’accord entre Boris Johnson et l’Union européenne.

9. John Bercow

Crédits : Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0

Crédits : Jessica Taylor / Flickr UK Parliament CC BY-NC 2.0

Issu du parti conservateur mais soutenu par les travaillistes, l’actuel speaker de la chambre basse du Parlement britannique est tenu à un devoir de neutralité. Sa gestion de l’agenda parlementaire et certaines prises de positions off le font toutefois apparaître comme un opposant au Brexit. Il a, depuis le référendum, tenu à faire valoir la voix du Parlement dans les négociations, parfois en opposition frontale au gouvernement. Spécialiste des manœuvres constitutionnelles, il a notamment permis en 2018 le vote du Parlement sur huit scénarios de Brexit, et, le 3 septembre dernier, autorisé le vote d’une motion (le Benn Act) imposant au Premier ministre Boris Johnson de réclamer un report du Brexit en cas de risque de no deal. Il s’est enfin illustré dans la fronde parlementaire lors de la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement, décision qu’il a qualifié de “violation du processus démocratique” . Il a démissionné de son poste de speaker le 31 octobre, et a depuis pris position contre le Brexit.

10. Nicola Sturgeon

Crédits : Scottish Government / Flickr CC BY-NC 2.0

Crédits : Scottish Government / Flickr CC BY-NC 2.0

Nicola Sturgeon est une femme politique écossaise, élue cheffe du Parti national écossais (SNP) et Première ministre d’Ecosse, en 2014. Militante nationaliste de la première heure, Mme Sturgeon a vu dans le Brexit l’opportunité de remettre sur la table l’appartenance de l’Ecosse au Royaume-Uni. Farouchement opposée à un “hard Brexit” et irritée par les positions tranchées de Boris Johnson, la Première ministre écossaise avait demandé l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de sa “nation constitutive” d’ici le début de l’année 2019. Un coup d’éclat qui n’a pas manqué de déstabiliser l’ex-Première ministre britannique Theresa May. Si Nicola Sturgeon a assuré qu’un tel processus ne serait enclenché qu’une fois le Royaume-Uni sorti de l’Union européenne, elle considère la récente progression de son parti aux élections de 2019 (où il domine dans 48 circonscriptions sur les 59 d’Ecosse) comme un mandat populaire pour un référendum d’indépendance, qu’elle entend tenir en 2020.

Bonus : Donald Trump
Crédits : Shealah Craighead / Flickr White HouseCrédits : Shealah Craighead / Flickr White House

Donald Trump est un homme d’affaire américain devenu le 45e président des Etats-Unis le 20 janvier 2017. Durant sa campagne, Donald Trump s’était réjoui de la victoire du camp des pro-brexit, tout en appelant de ses vœux un démantèlement de l’Union européenne. Donald Trump s’est imposé comme un allié de poids pour le Royaume-Uni, auquel il promet un accord commercial “fantastique” dès sa sortie de l’UE. Déjà proche de Theresa May, il entretient depuis juillet 2019 de bons rapports avec Boris Johnson. Les deux dirigeants sont souvent considérés proches pour leurs positions souverainistes communes.

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