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Brexit : 10 chiffres clés pour comprendre la pêche en Europe

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de commerce et de coopération en janvier dernier, les négociations patinent entre Londres, Bruxelles et Paris, laissant les pêcheurs dans le flou. En cause notamment, le nombre de licences de pêche accordées par le Royaume-Uni aux navires français. Toute l’Europe vous propose 10 chiffres clés pour mieux comprendre l’importance de ce secteur pour l’UE.

Les navires européens sont soumis aux règles de la politique commune de la pêche
Les navires européens sont soumis aux règles de la politique commune de la pêche - Crédits : Zenobillis / iStock

50 ans

La première incursion de l’Union européenne dans le domaine de la pêche remonte à près de 50 ans. Dans les années 1970, les institutions européennes adoptent, par l’intermédiaire de la politique agricole commune, les premiers règlements spécifiques sur la question. Ce n’est pourtant qu’en 1983 que la politique commune de la pêche (PCP) est instaurée. Elle a depuis connu plusieurs réformes, une tous les dix ans en moyenne, dont la dernière remonte à 2013. Celles-ci ont souvent fait l’objet de longues négociations. Et pour cause : l’Union européenne dispose d’une compétence exclusive dans le domaine de la gestion des ressources biologiques de la mer.

5 855 027

C’est la quantité, en tonnes, de poissons pêchés et cultivés par les 27 États membres de l’UE en 2017, représentant 3,3 % de l’ensemble des prises enregistrées dans le monde. Parmi les espèces les plus prisées des pêcheurs européens, le maquereau ou le hareng. Ce dernier fait partie des espèces en danger, à cause de la surpêche dans certaines mers bordant les côtes européennes. Selon l’ONG Oceana, 40 % des espèces étaient victimes de surpêche en 2019 dans l’océan Atlantique et la mer du Nord. La situation est encore plus critique en Méditerranée et dans la mer Noire, où les mesures prises pour y remédier sont moins contraignantes.

19 %

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée est l’une des explications derrière la surpêche. A l’échelle mondiale, elle représente 10 milliards d’euros chaque année, soit près de 19 % de la valeur marchande des captures. L’Union européenne prend ce problème au sérieux et a adopté un règlement pour tenter de lutter contre ces pratiques. Entré en vigueur en 2010, il a notamment été renforcé par de nouveaux dispositifs en 2017.

6,1 milliards

Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) est le principal instrument de mise en œuvre de la politique commune de la pêche. Il ambitionne de promouvoir une pêche durable, innovante et compétitive. Mais également de renforcer les contrôles et d’améliorer les données disponibles pour la gestion de la pêche en Europe. La France était le deuxième bénéficiaire de ce fonds avec 588 millions d’euros durant la période 2014-2020. La dotation du FEAMP - rebaptisé FEAMPA pour tenir compte de l’aquaculture - a toutefois été revue à la baisse pour la période de programmation qui débute (2021-2027) avec environ 6,1 milliards, contre 6,4 milliards pour la précédente.

30 %

“Pourquoi la pêche est-elle importante dans les discussions sur le Brexit ?”, s’interrogeait la BBC en septembre 2020. Jusqu’au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni était contraint d’appliquer les règles de la politique commune de la pêche. Ces dernières imposaient des quotas de captures et garantissent l’accès des navires des États membres de l’UE aux eaux britanniques et inversement. Des dispositions qui avantageaient les pêcheurs français, dont 30 % des captures s’effectuaient alors dans les eaux britanniques. La France n’était pas la seule à en profiter. Selon un rapport du Parlement britannique, 60 % du tonnage issu des eaux britanniques était capturé par des bateaux en provenance d’autres États membres. L’accord provisoire trouvé le 2 juin garantit pour l’ensemble de l’année 2021 des droits de pêche aux flottes des deux parties dans leurs eaux respectives. Mais il est loin de régler tous les contentieux entre Londres et Bruxelles. C’est désormais le nombre de licences de pêche octroyées aux navires, français notamment, qui est au centre de l’attention.

756,639 km²

Egalement sujet de controverse, la zone économique exclusive (ZEE) se définit comme “l’espace maritime sur lequel l’État côtier exerce des droits souverains en matière économique”, selon l’IFREMER. Avec l’accord trouvé entre Londres et Bruxelles en décembre 2020, les navires européens conservent pour quelques années encore l’accès à celle du Royaume-Uni, qui s’étend sur 756,639 km². Huit États membres sont particulièrement intéressés par l’accès à ces eaux : la France, l’Irlande, l’Espagne, les Pays-Bas, la Suède, l’Allemagne, le Danemark et la Belgique. Pour ce dernier, qui compte certains ports parmi les plus importants d’Europe comme celui d’Anvers, les prises réalisées dans les eaux britanniques représentaient 70 à 80 % des prises totales.

76%

Le rapport de force entre Londres et les autres capitales n’est toutefois pas si déséquilibré. Un rapport de l’Assemblée nationale indique que le Royaume-Uni exportait 76 % de ses poissons en 2018. Les trois quarts de ces exportations étaient destinés au marché européen. Le Royaume-Uni était donc un exportateur net de produits de la mer, dont la France était le premier destinataire, devant les Pays-Bas et l’Espagne.

98 % ou 90 % ?

Le chiffre, avancé par les autorités britanniques, est fortement contesté par Paris. Selon Londres, depuis le 1er janvier, 1700 navires européens, correspondant à 98 % des demandes, auraient reçu une licence pour continuer à pêcher dans les eaux du Royaume-Uni. Le ministère français de la Mer avance de son côté celui de 90 % et précise que les 10 % restants concernent majoritairement les navires français. 211 licences auraient ainsi été accordées aux navires français, laissant environ l’équivalent sans réponse.

46,6 km

Sur les 27 Etats membres que compte l’Union européenne, 22 disposent d’un accès à la mer. La côte slovène, longue de seulement 46,6 km, est la plus courte de l’UE. Mais la pêche ne se résume pas à la mer. Si certains États membres profitent également des ressources présentes dans les cours d’eau, l’aquaculture revêt une part importante de la production européenne de poissons, avec environ 20 % du volume en 2017.

74 669

Les navires de pêche européens doivent impérativement être enregistrés auprès du registre de la flotte européenne. Celui-ci en dénombre 74 669 au mois de novembre 2021, inégalement répartis entre les États membres. Si la Grèce en compte 14 561, la Belgique quant à elle n’en dénombre que 69. Il est cependant à noter que ces chiffres ne tiennent pas compte de leur taille ou de leur capacité. A titre d’exemple, la Slovénie et la Lituanie comptent approximativement le même nombre de bateaux, respectivement 137 et 133. Or, la capacité cumulée des bateaux slovènes n’est que de 671 tonnes alors qu’elle atteint 35 674 tonnes pour la Lituanie.

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