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Brèche dans un mur symbole

Les chypriotes grecs ont abattu dans la nuit de jeudi à vendredi un pan de mur situé d’un mur situé à l’extrémité sud de la zone tampon qui divise la rue Ledra, à Nicosie, entre les deux parties de l’île.

Ce point de passage serait le sixième reliant le nord turc au sud grec sur la “ligne verte” . Cette ” ligne verte” divise Nicosie en deux depuis les violences qui ont opposé les deux camps dans les années 1960 et l’invasion turque de 1974, suite à un coup d’Etat appuyé par la Grèce.

Le porte-parole du gouvernement, Christodoulos Pasiardis, a declaré que la destruction du mur ne signifiait pas que tous les obstacles impliqués avec l’ouverture du mur de Ledra seraient automatiquement enlevés. “C’est désormais au tour des forces armées turques et à la partie turque de coopérer pour déplacer tous ces obstacles, afin que la rue de Ledra soit utilisée par les citoyens de la République chypriote” .

Une réjouissance internationale

Le Représentant spécial du Secrétaire général à Chypre et chef de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix dans le pays (UNFICYP), Michael Moller a salué la destruction du mur. “La démolition dans la nuit du mur de la rue Ledra dans la vieille ville de Nicosie est une contribution fort bienvenue et positive, d’une grande signification symbolique, non seulement en termes d’ouverture d’un point de passage dans ce lieu historique mais aussi parce qu’elle contribue à créer une atmosphère positive pour la recherche d’un accord global” , a-t-il déclaré dans un communiqué publié depuis Chypre.

Le gouvernement russe et le ministre des Affaires étrangères espagnols se sont tous les deux félicités de cette brèche. “Nous considérons cette décision comme une avancée, pour renforcer la confiance entre les deux communautés” a affirmé le gouvernement russe. De son côté le ministère des Affaires étrangères espagnol a déclaré que cette destruction constituait “un pas positif avec une connotation symbolique” .

Un avenir encore incertain

Le problème chypriote renvoit à un autre problème. Celui de la reconnaissance officielle de la

République de Chypre par la Turquie qui reste en suspens.

Il constitue pourtant un obstacle de taille à l’adhésion puisqu’il est impossible, pour Bruxelles, de laisser entrer un état dans l’UE alors que celui-ci ne reconnaît pas l’un des 27 membres de cette même Union. Seule la République de Chypre, c’est-à-dire la partie Sud de l’île, a adhéré à l’Union européenne le 1er mai 2004.

Le 29 novembre 2006, devant l’absence d’évolutions positives sur la question chypriote malgré les multiples tentatives de la Présidence finlandaise (1er juillet- 31décembre 2006) , la Commission européenne recommande aux Etats membres de geler partiellement les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Les ministres des Affaires étrangères européens suivent l’avis de la Commission en décidant le lundi 11 décembre de suspendre partiellement les négociations tant qu’Ankara ne respecte pas ses engagements dans le cadre du protocole additionnel. Aucune date limite n’est prévue pour la reprise des pourparlers avec le gouvernement turc.

Repères :

1963 : la Turquie signe avec l’UE l’accord d’association aussi appelé accord d’Ankara. Par cette signature, l’Union douanière européenne a été étendue à la Turquie

1974 : le régime des colonels à la tête de la Grèce tente un coup d’Etat à Chypre pour réaliser l’Enosis (l’union de l’île avec la Grèce). Ankara décide alors d’envoyer sur place des troupes afin de protéger les Chypriote turcs

1983 : la partie occupée par l’armée turque s’autoproclame République turque de Chypre-Nord (RTCN). A ce jour, elle n’est reconnue officiellement que par la Turquie

1998 : intensification des pourparlers en raison de l’ouverture de négociations d’adhésion de la République de Chypre avec l’UE

2002 : négociations entamées sous l’égide de l’ONU entre chypriotes grecs et turcs. Le 11 décembre 2002, Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations-Unies, propose un plan de règlement

24 avril 2004 : référendum sur le plan Annan

1er mai 2004 : Elargissement de 2004 et l’adhésion de 10 nouveaux Etats membres dont Chypre.

décembre 2004 : Conseil européen pose l’extension de l’union douanière UE-Turquie à la partie sud de Chypre comme un préalable au lancement des pourparlers d’adhésion

juillet 2005 : Signature par Ankara du protocole additionnel

3 octobre 2005 : Les discussions sont ouvertes officiellement entre Nicosie et Ankara

8 novembre 2006 : Publication du Rapport de suivi présenté par la Commission européenne

29 novembre 2006 : Recommandation de la Commission européenne aux Vingt-Cinq de geler partiellement les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE

lundi 11 décembre 2006 : Suspension partielle des négociations tant qu’Ankara ne respecte pas ses engagements dans le cadre du protocole additionnel

14 et 15 décembre 2006 : Le Conseil européen a pris acte de cette décision.

Sources :

Chypre : l’ONU salue la destruction d’un mur symbole de la division de l’île depuis 30 ans- Communiqué de presse- ONU
Service de presse et d’information de la République de Chypre

En savoir plus :

Chypre - L’Union européenne - Touteleurope.fr
Etats membres, Etats candidats et candidats potentiels - Infographie - L’UE en action - Touteleurope.fr

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