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Biographie : Konstantinos Karamanlis, artisan de l’adhésion de la Grèce à la CEE (1907-1998)

Principal artisan de l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne et restaurateur de la démocratie dans son pays, Konstantinos Karamanlis est l’un des hommes d’Etat qui ont le plus œuvré pour l’idée européenne en Grèce.

Konstantinos Karamanlis
Konstantinos Karamanlis - Crédits : Commission européenne

Sa vie

Propos choisis

“Pour la survie de l’Europe, son unification économique graduelle est tout aussi fondamentale, car elle assurera la mise en valeur d’un énorme potentiel de ressources naturelles et humaines. Elle organisera l’économie autour de l’homme au lieu que l’homme soit organisé autour de l’économie. Elle réalisera l’idée du développement multidimensionnel, elle va promouvoir la qualité de la vie. En même temps elle servira au niveau international l’idée de la justice économique et de la promotion des pays les moins développés.”
Extrait du discours d’Athènes le 28 mai 1979 à l’occasion de la signature du Traité d’adhésion de la Grèce à la Communauté européenne in Caramanlis : un Grec hors du commun de Roger Massip, Stock, Les grands leaders, Paris, 1982, 200 p.

“La Grèce estime qu’elle est en mesure d’offrir la possibilité d’une répartition plus large des tâches, sur la base des avantages comparatifs. Sa position géographique, son passé politique et son niveau culturel offrent les conditions pour un développement plus large des rapports économiques et culturels avec l’espace balkanique et méditerranéen. La Grèce est l’avant-poste des frontières européennes et le balcon méditerranéen du Marché Commun. Avec son potentiel humain établi dans tous les continents et avec sa puissance maritime, elle est à même de contribuer à promouvoir l’idée européenne.” Ibid.

“La structure politique de l’Europe unie devra à mon sens, se baser progressivement sur deux corps représentatifs. L’un réunira les représentants envoyés par chaque pays proportionnellement au nombre de ses habitants. Le second réunira des représentants en nombre égal pour chaque pays. De cette façon on parviendra, dans la mesure du possible, à allier l’égalité à la justice, qui coïncident rarement. Car comme le dit Aristote, l’égalité entre choses inégales et l’inégalité entre choses égales aboutissent à l’injustice.
Parallèlement à ces corps représentatifs, il faudra déterminer la structure et promouvoir l’organisation du pouvoir exécutif de la Confédération (…). Si l’on ne renforce pas parallèlement le pouvoir exécutif, il sera difficile de mettre en valeur l’œuvre des corps représentatifs et on ira au-devant de quelques déceptions. Il va de soi que, pour rendre possible l’application d’une politique cohérente en matière politique, économique et de défense, il sera nécessaire que tous les pays cèdent une partie de leur pouvoir à la Confédération européenne.”
Extrait du discours d’Aix-la-Chapelle le 4 mai 1978 à l’occasion de la remise du prix Charlemagne, ibid.

Konstantinos Karamanlis naît le 8 mars 1907, à Proti Serrai, dans le Nord de la Grèce.

Issu d’une famille modeste et diplômé de l’Université de droit d’Athènes en 1929, il devient avocat et s’oriente vers la politique.

Il est élu au Parlement pour la première fois en 1935 en tant que député du Parti Populiste. En 1941, après l’invasion de la Grèce par l’armée allemande, il s’installe comme juriste à Athènes, où il se joint à un groupe d’intellectuels militant contre l’occupation. Il quitte secrètement Athènes pour l’Egypte en 1944 puis revient en Grèce après la libération d’Athènes.

En 1946, il est réélu au Parlement sur la liste du Front d’Union nationale. Il occupe, dès lors, différents postes ministériels dans les gouvernements successifs. En 1955, Konstantinos Karamanlis est nommé Premier ministre par le roi Paul Ier et garde ses fonctions jusqu’en 1963. Il préside alors à la reconstruction spectaculaire de la Grèce après la guerre civile.

Partisan de l’Alliance atlantique, il noue de nombreux contacts avec les Etats-Unis dont il obtient une aide à la reconstruction en 1955, ainsi qu’avec les Etats de l’Europe occidentale, notamment la France et la République fédérale d’Allemagne.

L’entrée de la Grèce dans la Communauté

Karamanlis est très tôt convaincu de la nécessité pour la Grèce d’appartenir à l’Europe. Si la participation de celle-ci à la CEE présente des avantages indéniables pour son pays, il pense également que l’Europe peut en retirer des profits considérables. Selon lui, la Grèce constitue en effet le “trait d’union” entre l’Europe, la péninsule balkanique et le Proche-Orient.

En 1961, grâce, entre autres, à l’appui de Charles de Gaulle, il obtient pour la Grèce le statut d’Etat associé à la CEE, qui s’accompagne d’une promesse d’adhésion ultérieure. En décembre 1963, il s’exile volontairement à la suite de l’intense crise politique qui a éclaté après sa démission six mois auparavant et qui aboutit à la mise en place de la dictature militaire.

Durant son séjour à Paris, il approfondit ses relations avec le président français qui influence en profondeur sa conception de l’Etat-nation. En 1974, à la suite de l’intervention turque à Chypre qui entraîne la chute du régime des colonels, il revient d’exil afin de diriger le processus de transition.

Premier ministre de 1974 à 1980, il fonde le parti de la Nouvelle Démocratie, un parti libéral de centre-droit. Dès son retour au pouvoir, il réengage les négociations d’adhésion au Marché Commun, interrompues depuis le coup de force des colonels. Il signe le traité d’adhésion de la Grèce à la CEE, qui entre en vigueur en 1981.

Konstantinos Karamanlis participe également au débat institutionnel européen en se prononçant pour un Parlement européen aux prérogatives élargies et élu au suffrage universel direct, un pouvoir exécutif fort, ainsi qu’une application rigoureuse du vote à la majorité lors des Conseils des ministres.

Son combat pour l’amarrage de la Grèce à l’Europe, récompensé en 1978 par le prix Charlemagne, est couronné le 1er janvier 1981 par l’entrée de son pays dans la CEE.

La présidence

Konstantinos Karamanlis est président de la Grèce de 1980 à 1985 puis de 1990 à 1995, périodes marquées par la cohabitation avec le PASOK, le parti socialiste grec. Pendant ces années, il contribue à ancrer les nouvelles institutions démocratiques et à consolider, malgré les difficultés économiques, les liens entre la Grèce et la Communauté.

Lors de son discours du 24 juillet 1994, à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de la restauration de la démocratie parlementaire, Konstantinos Karamanlis rappelle que l’adhésion de la Grèce à la Communauté européenne avait constitué la démarche la plus décisive et la plus heureuse des deux dernières décennies, aussi bien dans le domaine de la politique étrangère que dans celui de l’économie.

Quand il s’éteint en avril 1998, nombreux sont ceux, parmi la classe politique, la presse et l’opinion publique, qui rendent hommage à celui qui fut dans son pays à la fois l’ “Ethnarque” , le Père de la Nation, et la figure emblématique du combat européen.

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