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Biographie : Edward Heath (1916-2005)

Premier ministre du Royaume-Uni et leader du parti conservateur, Edward Heath, européen convaincu, est l’un des hommes politiques britanniques les plus engagés dans la construction européenne et l’un des principaux artisans de l’adhésion de la Grande-Bretagne au Marché Commun.

Edward Heath

Sa vie

Propos choisis

“(…) A notre avis, si cette Union européenne doit réaliser les grandes choses que nous attendons d’elle avec confiance, il convient alors qu’elle soit aussi bien politique qu’économique.”

“De par sa nature même, [ la Communuaté européenne] est appelée à se modifier et à se développer constamment en fonction de l’évolution des besoins de ses populations. Ce n’est pas une communauté des gouvernements à l’intention des bureaucrates, mais une communauté des peuples et pour les peuples d’Europe.”

Fils de charpentier, Edward Heath naît à Broadstairs dans le Kent le 9 juillet 1916.

Alors qu’il est étudiant à Oxford, il est remarqué par Winston Churchill, son mentor, pour son opposition à la politique d’apaisement d’Hitler. Son adolescence est marquée par de nombreux voyages qui lui font découvrir l’Europe.

Pendant la guerre, Edward Heath combat au sein de la Royal Artillery dans l’ouest de l’Europe continentale. Il rejoint après la guerre la fonction publique, qu’il quitte un an plus tard pour devenir journaliste, avant d’entrer dans une banque d’affaires.

1950-1965 : son action européenne avant son accession au pouvoir

En 1950, il entre au Parlement comme député de Bexley et se montre dès le départ un chaud partisan de l’Europe. Son discours à la Chambre des Communes préconise l’adhésion de la Grande-Bretagne au plan Schuman. Proche de Jean Monnet, il participe aux côtés de Roy Jenkins au Comité d’Action pour les “Etats-Unis d’Europe” .

A partir de 1951, l’ascension d’Edward Heath au sein du parti conservateur s’accélère. En 1955, il devient “Chief Whip” (directeur du groupe parlementaire conservateur) et joue un rôle important pendant la crise de Suez. Après avoir été secrétaire du Trésor au Parlement sous le mandat de Churchill, il est nommé en 1959 au poste de ministre du Travail dans le gouvernement Mac Millan.

Il est ensuite chargé, en 1960, des négociations relatives à l’adhésion du Royaume-Uni aux Communautés européennes. Il prépare, dans ce cadre, la première demande, présentée le 9 août 1961 pour la Communauté économique européenne (CEE) et en 1962 pour la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) et pour EURATOM. Il reçoit le prix Charlemagne, récompensant son effort en faveur de la promotion de la coopération internationale.

Par ailleurs, il défend l’idée d’un lien organique entre la politique de défense européenne et l’Alliance atlantique. Il plaide également pour une union politique basée sur une coopération entre les Etats membres, conception mise en échec par le rejet du plan Fouchet.

En 1963 le premier veto du Général de Gaulle à l’adhésion de la Grande-Bretagne, considérée comme le “cheval de Troie des Etats-Unis en Europe” , marque une rupture unilatérale des négociations. La même année, Edward Heath devient secrétaire d’Etat à l’Industrie, au Commerce et au Développement.

1965-1974 : Edward Heath au pouvoir

En juillet 1965, Edward Heath prend la tête du parti conservateur. Le gouvernement présente, le 11 mai 1967, une seconde candidature britannique aux Communautés, qui se heurte elle aussi à l’opposition du Général de Gaulle, deux ans plus tard.

Pourtant, Heath, à la suite à l’échec de 1963, est conscient des erreurs à ne pas renouveler : selon lui, il s’agit de ne pas se borner à une négociation de caractère économique avec les six membres de la CEE, mais d’aborder également les problèmes de politique extérieure et de défense. Il évoque d’ailleurs à l’époque une réorganisation de l’OTAN par la constitution de deux piliers américain et européen, ce dernier devant reposer sur une coopération nucléaire franco-britannique.

Edward Heath retrouve le devant de la scène politique en devenant Premier ministre en 1970, lorsque les conservateurs remportent les législatives.

En mai 1971, toujours très favorable à l’adhésion, il rencontre Georges Pompidou ; les deux hommes constatent “la convergence de leurs conceptions sur les structures européennes” . Le dirigeant anglais se voit accorder des concessions concernant le financement de l’Europe et le président français en obtient de son côté sur l’agriculture. En octobre 1971, la Chambre des Communes clôt le débat sur l’adhésion à la CEE par un vote de principe favorable.

La Grande-Bretagne signe le 22 janvier 1972 le traité d’adhésion, qui entre en vigueur le 1er janvier 1973. “C’est le plus beau jour de ma vie” s’exclame Edward Heath. Par le biais du référendum, le président Georges Pompidou avait fait lever le veto français mis par Charles de Gaulle à l’entrée du Royaume-Uni.

La Grande-Bretagne entrée officiellement dans le Marché commun, Heath accepte l’accord sur l’union monétaire et politique prévue pour 1980. De plus, il soutient la création d’un fonds régional européen largement doté. A la suite de son action pro-européenne, on attribue à Heath le prix européen de diplomatie.

1975-1979 : son action européenne après sa démission

En 1974, Edward Heath subit une défaite aux élections législatives, consécutive aux difficultés économiques que connaît la Grande-Bretagne. Il doit démissionner au profit du travailliste Harold Wilson. L’arrivée de ce dernier au gouvernement entraîne la remise en question des conditions d’adhésion du Royaume-Uni à la CEE.

Cependant, le référendum de 1975 sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Europe représente une victoire pour Edward Heath, qui a fait campagne aux côtés de Roy Jenkins pour le “oui” .

Mais avec l’entrée du parti conservateur dans une période de doute et d’instabilité, Margaret Thatcher lui succède à la tête du mouvement. Le rejet par Margaret Thatcher de la participation totale de la Grande-Bretagne à la Communauté européenne est une source d’oppositions entre les deux dirigeants conservateurs.

Il se retire de la vie politique en 2001 et meurt à l’âge de 89 ans en juillet 2005.

Sélection d’ouvrages d’Edward Heath

  • The autobiography of Edward heath : The course of my life, Hodder & Stoughton, 1998, 767 p.
  • Music : a joy for life, Pavilion Books, préface de Yehudi Menuhin, Londres, 1997.
  • Old world, new horizons ; Britain, Europe and the Atlantic Alliance [Vieux Monde, nouveaux horizons ; La Grande-Bretagne, l’Europe et l’Alliance Atlantique], Harvard University Press, 1970.
  • Déclaration d’Edward Heath devant le Conseil ministériel de l’UEO, Londres, 10 avril 1962 ; Déclaration Pompidou-Heath, Paris, 21 mai 1971 ; Discours prononcé par Edward Heath au congrès du parti conservateur, Blackpool, 13 octobre 1973, in L’Union politique de l’Europe, Jalons et textes, Pierre Gerbet, Françoise de La Serre et Gérard Nafilyan, Paris, La Documentation française, 498 p., mars 1998.

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