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Biodiversité : la Commission veut ‘redoubler d’efforts’

Alors que 2010 a été déclarée “Année internationale de la biodiversité” par l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Union européenne a ouvert à Madrid le grand bal des conférences avec une rencontre intitulée “Vision et objectif de biodiversité au-delà de 2010 : le rôle des espaces protégés et des réseaux écologiques en Europe”. L’objectif : préparer la conférence mondiale de Nagoya (Japon) à la fin de l’année et préparer la stratégie européenne post-2010.

La Commission européenne présentait, le 19 janvier dernier, une communication dans cette optique. Elle y propose quatre scenarii pour préserver la biodiversité européenne.

Faire le bilan et préparer le conférence de Nagoya

60 %

C’est le pourcentage des écosystèmes mondiaux qui ont été dégradés au cours de ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, plus d’un tiers des espèces connues sont menacées d’extinction. Les activités humaines sont à l’origine de cette situation, en raison des changements de l’affectation des sols, de la surexploitation des ressources, des pratiques non durables, de la pollution et de l’introduction d’espèces envahissantes, qui entraînent la destruction, la dégradation et la fragmentation des habitats ainsi que la disparition des espèces qu’ils abritent. Le changement climatique joue également un rôle dans ce phénomène.

Première d’une longue série de conférences internationales, la conférence “Vision et objectif de biodiversité au-delà de 2010 : le rôle des espaces protégés et des réseaux écologiques en Europe” qui se tient à Madrid aujourd’hui et demain devrait permettre à l’Union européenne de tirer le bilan de l’action menée par ses Etats membres depuis 2001 et de préparer la conférence qui se tiendra à Nagoya fin 2010.

Sous la présidence de l’Espagne, l’Union devrait en effet profiter de cette rencontre pour faire le point sur les actions menées au sein des Etats membres, par les institutions comme les ONG, dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique et de son programme d’action en faveur des espaces protégés.

Dans sa communication présentée le 19 janvier dernier, la Commission européenne rappelle qu’en 2001 l’Union européenne s’est fixé comme objectif d’enrayer la perte de biodiversité dans l’UE d’ici à 2010.

Mais elle constate également qu’en dépit de ses efforts “tout indique que cet objectif ne sera pas atteint” .

Or, les conséquences de la perte de biodiversité vont de microévolutions à l’effondrement d’écosystèmes entiers et la disparition des services qui y sont associés, comme la fourniture d’eau et de nourriture ou la régulation du climat. Au lendemain de Copenhague, cette question est donc prioritaire.

La Commission, dans cet appel à “redoubler d’efforts pour mettre en place une nouvelle politique et une nouvelle stratégie pour l’après-2010” rappelle que “la biodiversité et les services écosystémiques sont des richesses naturelles qui ont un rôle essentiel à jouer dans les stratégies économiques futures destinées à favoriser la croissance et la prospérité” .

L’évaluation des réseaux écologiques européens

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C’est, en pourcentage, la part du territoire européen aujourd’hui couvert par Natura 2000, le réseau de zones protégées de l’Union européenne, qui a permis d’empêcher la destruction et la dégradation d’habitats essentiels tels que les zones humides. En 2001, l’Union européenne s’est fixé comme objectif d’enrayer la perte de biodiversité dans l’UE d’ici à 2010. Mais en dépit de tous ces efforts, il apparaît clairement que l’Union européenne n’atteindra pas son objectif.

Au programme de cette conférence également, l’évaluation des réseaux écologiques mis en place par l’Union européenne.

Ils sont au nombre de trois : Emeraude, Natura 2000 et le Réseau paneuropéen.

Premier à avoir été mis en place sur le territoire européen, le réseau Natura 2000, est constitué des sites désignés au titre de deux grandes directives européennes.

La directive ‘oiseaux’ de 1979, vise la conservation à long terme des espèces d’oiseaux sauvages de l’Union européenne en ciblant 181 espèces et sous-espèces menacées qui nécessitent une attention particulière.

La directive ‘Habitats faune flore’ de 1992 constitue le cadre communautaire des actions de conservation d’espèces de faune et de flore sauvages ainsi que de leur habitat.

Le réseau Emeraude a de son côté été créé dans le cadre de la Convention de Berne, et concrétisé en 1996 par son Comité permanent pour compléter, en synergie, le réseau Natura 2000 sur des bases similaires, dans les pays non membres de l’Union européenne.

Emeraude contribue à l’identification et à la protection des zones noyaux du Réseau écologique paneuropéen. Ce dernier, en cours de constitution, participe aussi à la constitution de réseaux nationaux d’aires protégées.

Enfin, le réseau écologique paneuropéen (ou REP) couvre toute l’Europe, mais il a des implications pour toute la planète et très directement pour tous les pays abritant en hiver des espèces migratrices qui vivent en Europe l’été.

Ce réseau vise la conservation des écosystèmes, des habitats, des espèces et populations d’espèces de la zone paneuropéennes, ainsi que leur diversité génétique, par la conservation de l’intégrité écologique des paysages d’importance européenne. C’est un des moyens d’appliquer la convention de Rio sur la Diversité biologique et la stratégie européenne pour la biodiversité.

Evaluer l’efficacité de ces réseaux est d’importance capitale. En effet, des “manquements” ont été constatés dans la mise en place du réseau Natura 2000 qui ne sera complet que cette année pour les zones terrestres et pas avant 2012 pour les zones maritimes. Les politiques sur la protection des sols et sur les espèces invasives sont elles aussi très en retard.

La présidence espagnole devrait présenter cette année une nouvelle version de la directive sur la protection des sols qui avait été rejetée fin 2007 par cinq Etats membres dont la France et l’Allemagne.

La Commission proposera de son côté une carte des écosystèmes et des services qu’ils rendent tandis que l’Agence européenne de l’environnement devrait présenter le résultat de son travail d’audit sur les services des écosystèmes d’ici la fin de l’année. Elle recommande également l’échange de bonnes pratiques en matière de trames vertes.

En juin 2010, l’Agence européenne de l’environnement lancera une base de données européennes sur la biodiversité dénommée “Bise” et l’UE affirme vouloir soutenir la mise en place de la plateforme intergouvernementale d’experts sur la biodiversité et les services rendus par les écosystèmes (IPBES), qui serait le pendant du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec).

Dans sa communication du 19 janvier, la commission recommande une “meilleure intégration” des problématiques liées à la biodiversité dans les autres politiques.

Elle estime aussi souhaitable d’évaluer les fonds nécessaires puisqu’à ce jour, seuls 20% des fonds nécessaires pour la gestion des sites protégés en Europe sont disponibles. “Les Etats membres devraient systématiquement tirer avantage des fonds pour le développement rural” , a-t-elle indiqué dans sa communication.

Quatre scenarii pour l’après-2010

Dans sa communication, la Commission européenne souhaite avoir une stratégie à long terme en matière de biodiversité, avec comme objectif 2050.

Elle propose cependant quatre possibilités d’objectif intermédiaire qui permettront d’avancer d’ici à 2020, et qui “permettront à l’UE de définir une position commune forte en vue des prochaines négociations internationales sur une stratégie et un objectif mondiaux en matière de biodiversité pour l’après-2010, qui se tiendront à l’automne à Nagoya, au Japon” .

Il s’agit de quatre scenarii à l’horizon 2020 :

  • ralentir significativement le rythme de perte de biodiversité et de services écosystémiques dans l’UE d’ici à 2020.

  • enrayer la perte de biodiversité et de services écosystémiques dans l’UE d’ici à 2020.

  • enrayer la perte de biodiversité et de services écosystémiques dans l’UE d’ici à 2020 et assurer leur rétablissement dans la mesure du possible.

  • enrayer la perte de biodiversité et de services écosystémiques dans l’UE d’ici à 2020 et assurer leur rétablissement dans la mesure du possible, et renforcer la contribution de l’UE à la prévention de la perte de biodiversité.

Ces options devraient faire l’objet d’échanges et de travaux nombreux entre les institutions européennes, les Etats membres et les organisations intéressées tout au long de l’année. La conférence de Madrid permettra de les entamer.

L’objectif de la Commission est de parvenir à un accord à haut niveau dans les mois à venir. Sur la base de cet accord et de travaux ultérieurs, elle présentera, d’ici la fin de l’année, une nouvelle stratégie de l’UE en matière de biodiversité, destinée à permettre la réalisation de l’objectif fixé.

Sources

Quel avenir pour la protection de la biodiversité dans l’UE ? - Communiqué de presse - 19/01/10 - Commission européenne

Nature et biodiversité (en) - DG Environnement, Commission européenne

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Protection de la nature et biodiversité

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