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Bas Verkerk (Comité des régions) : “faire de l’agenda urbain européen une priorité”

Bas Verkerk est le président du groupe ALDE (Alliance des Libéraux et des Démocrates pour l’Europe) au Comité des Régions, et le maire de la ville de Delft (Pays-Bas). En 2014, il fut le rapporteur de l’Avis rendu par le Comité des Régions sur un “Agenda urbain partagé pour l’Union européenne”. Sport et Citoyenneté lui a demandé de participer aux réflexions lancées dans cette revue spéciale sur le sport et le style de vie des Européens.

Bas Verkerk

Sport et Citoyenneté : Pourquoi est-il important d’intégrer la dimension urbaine dans la politique et la législation de l’UE ?

Bas Verkerk : Maintenant, plus que jamais, l’Europe a besoin de clarifier sa gouvernance afin que les citoyens sachent qui, au niveau de l’Union européenne (UE), est responsable de quoi, et comment les compétences sont partagées entre les différents niveaux de gouvernance. Voilà pourquoi la dimension territoriale de la législation de l’UE compte énormément pour nous. Façonner l’agenda urbain au niveau de l’UE équivaudrait à reconnaître l’importance des villes et des communes dans la réalisation des objectifs de la politique européenne. Après tout, 75% de la population européenne vit dans des zones urbaines et environ 70% de la législation de l’UE doit être mise en œuvre par les autorités locales et régionales. Ceci signifie, pour que l’UE obtienne des résultats concrets, que les autorités locales et régionales doivent faire partie intégrante du projet.

Sport et Citoyenneté

Sport et Citoyenneté est un think tank européen promouvant les valeurs du sport et militant pour sa meilleure implantation dans la société.

Le programme urbain a été un sujet de discussion pendant longtemps, mais in fine, peu a été fait. Je suis donc très fier que la présidence néerlandaise du Conseil de l’UE partage notre ambition en faisant de l’agenda urbain européen l’une de ses priorités. Ensemble, nous prévoyons d’adopter le Pacte d’Amsterdam en mai 2016, qui marquerait une étape importante dans la mise en œuvre de l’agenda urbain en Europe.

Un élément-clé de l’agenda urbain européen est ce qu’on appelle les “partenariats thématiques” , dont l’objectif est de développer une approche à multi-niveaux (vertical) et multidimensionnelle (horizontale) sur un thème prioritaire. La Présidence néerlandaise prépare la mise en place des quatre premiers partenariats thématiques sur la pauvreté urbaine, le logement, la qualité de l’air et l’intégration des migrants et des réfugiés. L’idée est d’explorer la dimension urbaine de ces politiques, en y associant les villes dès les phases les plus précoces afin de faciliter la mise en œuvre sur le terrain, et de regarder comment les financements de l’UE pourraient aider dans ce processus.

Dans cette proposition, la ville est considérée comme un coordinateur et une plate-forme pour relever les défis sociétaux, tels que la promotion de l’activité physique. Comment les municipalités peuvent apporter une contribution à cet égard ?

L’OMS a produit un rapport très utile sur cette question. On y retrouve des directives pour l’élaboration d’un plan global visant à rendre une ville plus active.

En ce qui concerne l’approche multi-niveaux, en effet, les autorités municipales ne doivent pas seulement regarder à l’intérieur de la ville-même, mais bien au-delà. Régulièrement la zone urbaine dépasse les frontières de ce qui est considéré comme la ville principale. Par conséquent, il est logique de développer des stratégies sur l’activité physique et le sport en collaboration avec les municipalités voisines. De même, il se peut qu’une stratégie provinciale ou régionale existe et que le maire doive en tenir compte. Il est donc important d’adopter une perspective aussi large que possible dans la conception et la mise en place des stratégies.

La gouvernance multi-niveaux exige aussi que tous les niveaux interagissent les uns avec les autres. Nous vivons dans un monde de réseaux, et le succès de ce siècle vient de la collaboration, de l’échange d’idées, de l’innovation. Et j’ai indiqué cela dans l’Avis du Comité des régions : l’UE doit non seulement être au courant des changements que les villes subissent, mais doit être capable de répondre rapidement et efficacement à ces changements.

De plus en plus de preuves scientifiques démontrent que les villes actives sont des villes compétitives. Pouvons-nous imaginer que cette dimension soit prise en compte dans un avenir proche ?

Inévitablement, si on réfléchit en termes de croissance économique et de compétitivité. Il y a plusieurs aspects qui corrèlent l’activité physique à la compétitivité des villes : la santé, le développement économique, la cohésion sociale, l’environnement, la démographie…

Clairement, des citoyens en bonne santé seront plus productifs car ils possèderont plus d’énergie et une plus grande résistance, et se sentiront donc tout simplement mieux. De plus, étant donné que l’âge moyen de la population européenne est en constante augmentation (de 39,2 ans en 2004 à 42,2 ans en 2014), et que la proportion des Européens âgés de plus de 65 ans devrait passer de 18% en 2014 à 28% en 2080, il apparaît clairement que les autorités locales doivent prendre au sérieux la condition physique de leurs citoyens, dès aujourd’hui et pour l’avenir.

L’angle environnemental est aussi important, étant donné que les villes ont maintenant leurs propres objectifs afin de lutter contre le changement climatique. Cette transition ne pourra se faire sans un effort concerté de nos villes. L’augmentation de l’activité physique en milieu urbain implique d’intégrer l’exercice physique dans toutes les stratégies de mobilité urbaine : le vélo, le jogging et la marche sont les aspects les plus courants. À Copenhague par exemple, 50% des citoyens se déplacent tous les jours à vélo. Cette culture est très importante pour une ville qui ambitionne de devenir la première capitale au monde neutre en carbone d’ici 2025.

Enfin, en termes de cohésion sociale, avoir des installations sportives adéquates est essentiel pour que les jeunes restent concentrés, en bonne santé, et demeurent au cœur de la communauté. Le sport est aussi un moyen important d’aider les migrants à s’intégrer, car il leur fournit une activité qu’ils attendent quotidiennement avec impatience, en particulier s’ils n’ont pas de travail. Il contribue aussi à l’apprentissage de la langue, permet de tisser des amitiés, et peut donc ouvrir des opportunités pour pleinement les intégrer dans la société. En 2012, la Commission européenne a d’ailleurs cofinancé un rapport destiné à identifier les meilleures pratiques et à proposer des lignes directrices aux organismes publics qui souhaitent aller plus loin en la matière.

Pour toutes ces raisons, à Delft, nous encourageons nos citoyens à pratiquer plus d’activités physiques. En tant que ville universitaire, une partie de notre stratégie consiste à promouvoir et faciliter la recherche scientifique, et à assurer une bonne collaboration entre les autorités locales et le monde scientifique tel que l’Institut d’ingénierie du sport de l’Université technologique de Delft. Le but est de trouver de nouvelles façons d’intégrer facilement l’activité physique dans le quotidien des gens. Les résultats de cette collaboration sont prêts à être partagés avec d’autres villes, comme le propose notre projet appelé “PRO-FIT : FIELDLAB Sport Innovation and Stimulation” , qui vise à établir une coopération entre les instituts de recherche, les entreprises et les autorités dans d’autres villes européennes.

Propos recueillis par Maxime Leblanc et Simon Thieule, du think tank Sport et Citoyenneté

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