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Angela Merkel menace d’exclure les mauvais élèves de la zone euro

La zone euro devrait être en capacité d’exclure l’un de ses membres lorsqu’il ne remplit pas les conditions du Pacte de stabilité. C’est en tout cas ce que pense, et souhaite, la chancelière allemande Angela Merkel. Annoncée dès lundi à Bruxelles par un porte-parole du gouvernement, la position allemande ne fait plus de doute depuis le discours d’Angela Merkel hier devant le Bundestag : elle s’oppose à toute aide européenne en faveur de la Grèce.

Angela Merkel croit en la sévérité plus qu’en la solidarité

La Grèce demande l’aide européenne

Le ministre grec des Finances, George Papandréou, a demandé jeudi 18 mars devant le Parlement européen que l’Union européenne lui présente une vraie proposition d’aide. Il a fait savoir qu’Athènes préférerait se tourner vers l’Union plutôt que vers le FMI. Mais pessimiste sur les résultats du futur Conseil européen, un haut fonctionnaire grec cité par l’agence Dow Jones a dit plus tôt dans la matinée que la Grèce pourrait solliciter dès le mois prochain une aide financière auprès du FMI.


“Une manifestation de solidarité rapide ne peut pas être la bonne réponse” . C’est par ces mots sans équivoque que la chancelière allemande a clarifié sa position sur l’aide à la Grèce mercredi 17 mars devant les députés du Bundestag.

Une position franche, et en complète opposition avec celle défendue par d’autres membres de la zone euro, comme la France, qui semblait pourtant sur la même longueur d’ondes que son voisin d’outre-Rhin.

Depuis le début de la crise grecque, l’Allemagne se démarque de ses partenaires par sa dénonciation du laxisme grec qui, pour le gouvernement allemand comme pour les citoyens, mérite d’être puni.

Angela Merkel appelle donc à l’orthodoxie budgétaire : la Grèce doit avant tout réduire ses déficits et mener ses réformes structurelles avant de recevoir toute forme d’aide.

Les Allemands, très marqués par l’inflation, veulent conserver une monnaie forte et craignent que l’aide à la Grèce ne donnent envie à d’autres Etats en difficulté de réclamer un soutien financier à leur tour.

Ils plaident donc pour une application pure et simple du traité, qui interdit à un Etat membre de l’Union, ou à l’Union elle-même, de combler la dette d’un pays. “Que les gens acceptent que nous ayons des règles que nous avons écrites ensemble ! Ce n’est pas être antieuropéen de les respecter” a ainsi expliqué un proche conseiller d’Angela Merkel.

L’Allemagne qui, par la voix de son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, avait fait savoir dès lundi à l’Eurogroupe qu’elle tenait à ce que toute aide à la Grèce soit subordonnée à un accord politique au sein du Conseil européen de fin mars, va désormais plus loin.

Sans viser directement Athènes, Angela Merkel a franchi hier un cap en évoquant la possibilité, toute à fait envisageable selon la chancelière, d’exclure un membre de la zone euro qui ne répondrait plus aux conditions du Pacte de stabilité.

Une solution extrême qui n’a même jamais été envisagée par ceux qui prônent la solidarité. George Papandréou a fait savoir hier soir que la Grèce ne quitterait pas la zone euro. Mais aura-t-il le choix ?

L’Allemagne doit bien sûr encore convaincre ses partenaires, et la tâche ne sera pas aisée. La Grèce parle de plus de demander de l’aide au FMI (voir encadré), alors même que c’est ce que les Européens souhaitent éviter coûte que coûte.

La réunion du jour du Parlement européen sur la gouvernance économique permettra-t-elle d’éclaircir le dossier ?

Une chancelière en colère ?

C’est en tout cas ce que laisse à penser ces derniers jours la lecture de la presse européenne.

Angela Merkel n’apprécierait en effet pas du tout que l’on critique la politique économique de son pays.

En cause principalement les propos de la ministre française des Finances Christine Lagarde qui, lundi dans le Financial Times, accusait l’Allemagne de baisser au maximum ses coûts de production afin de favoriser son excédent commercial, au détriment de la consommation nationale, des exportations de ses voisins, et donc de l’équilibre général.

Un point de vue partagé par d’autres Etats membres de la zone euro, mais pas par Angela Merkel, qui a rétorqué que l’Allemagne n’avait pas à s’excuser d’être plus compétitive.

Pour la chancelière, la politique économique devrait être calquée sur les pays les plus en avance, et non sur ceux qui sont à la traîne.

Angela Merkel a ainsi déclaré devant le Bundestag que “le développement économique en Europe ne doit pas suivre le rythme des partenaires les plus lents Réduire les exportations comme la ministre française de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi le demandait récemment à l’Allemagne n’est en tout cas pas la bonne réponse aux défis économiques communs” .

A bon entendeur ?

Sources

‘Se mettre au travail avec courage’ - Déclaration d’Angela Merkel devant le Bundestag - 17/03/10- Gouvernement fédéral allemand

En savoir plus

L’Eurogroupe s’accorde sur le principe d’une aide à la Grèce - Touteleurope.fr

Pervenche Berès : “nous avons perdu un an dans la mise en place d’un gouvernement économique de l’Union” - Touteleurope.fr

Loukas Tsoukalis - We can’t go on like this : Greek debt crisis and the euro - Touteleurope.fr

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