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A quoi ressemble le nouveau Parlement européen ?

Aux élections européennes de mai 2019, les conservateurs du PPE et les sociaux-démocrates du S&D ont perdu la majorité qu’ils détenaient depuis plus de vingt ans au Parlement européen. Poussée des Verts, nouvelles alliances au centre et à l’extrême droite… A quoi ressemble désormais l’hémicycle ?

Le Parlement européen, lors de la session constitutive du 2 juillet 2019
Le Parlement européen, lors de la session constitutive du 2 juillet 2019

Les élections européennes 2019 se sont achevées le 26 mai. Tant que le Royaume-Uni fait partie de l’UE, ce sont toujours 751 parlementaires européens qui siègent à Strasbourg.

Quel est le nouveau rapport de force dans l’hémicycle, qui a fait sa rentrée le 2 juillet ?

A la date de cette session constitutive, le Parlement européen est divisé en 7 groupes politiques : les chrétiens-démocrates du PPE disposent de 182 sièges ; viennent ensuite les sociaux-démocrates du S&D (154 sièges), les libéraux de Renew Europe (RE, ex-ADLE, 108 sièges), le groupe Verts/ALE (74 sièges), le groupe d’extrême droite Identité & Démocratie (ID, ex-ENL, 73 sièges), les souverainistes du groupe CRE (62 sièges) et la gauche radicale (GUE/NGL, 41 sièges).

Par ailleurs, 57 élus restent “non inscrits” , parmi lesquels les anciens membres du groupe eurosceptique ELDD (lire ci-dessous).

S’ils constituent toujours les principales forces de l’hémicycle, le Parti populaire européen (PPE) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) ne disposent donc plus de la majorité à eux deux. Une première depuis plus de 20 ans.

En troisième et quatrième positions, les libéraux de Renew Europe et le groupe des Verts/ALE pourraient par conséquent être appelés à jouer un rôle important pour constituer de nouvelles coalitions au fil de la 9e législature (2019-2024).

Les conservateurs en perte de vitesse

Aux élections européennes de mai 2019, l’écrasante victoire du Fidesz de Viktor Orbán en Hongrie (52% des suffrages, soit 13 élus), ainsi que les très bons résultats des conservateurs en Grèce (33% des suffrages ; 8 sièges) n’ont pas empêché le recul du Parti populaire européen (PPE) dont ils sont membres.

Ce groupe représente désormais moins d’un quart de l’hémicycle (182 sièges, soit environ 24% des sièges), contre 29% lors de la législature 2014-2019. Une perte de vitesse liée au recul des partis traditionnels, comme en France où Les Républicains n’ont obtenu que 8,5% des voix (8 sièges) aux européennes.

En Allemagne, où Angela Merkel avait lâché les rênes de la CDU après plusieurs revers électoraux en 2018, son parti n’a remporté que 28,9% des voix (29 sièges) au scrutin de mai 2019, contre plus de 35% en 2014.

Les eurosceptiques restent divisés

Le Parti conservateur britannique de Theresa May n’ayant récolté que 8,9% des suffrages aux européennes (4 sièges), la part des Conservateurs et réformistes européens (CRE) dans l’hémicycle strasbourgeois est elle aussi en recul. Malgré le bond du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne (45,4% des suffrages, soit 26 sièges), les eurodéputés souverainistes n’occupent plus que 8% des sièges au Parlement européen (62 sièges), contre plus de 10% à la fin de la précédente législature.

De son côté, le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) a disparu à l’issue du scrutin de mai 2019. Le Brexit Party de Nigel Farage avait pourtant obtenu 30,7% des suffrages britanniques, soit 29 sièges ; tandis que le Mouvement 5 étoiles italien n’était qu’en léger recul par rapport à 2014, avec 17,1% des voix (14 sièges).

Mais après l’appel au rassemblement lancé en avril 2019 par la Ligue de Matteo Salvini, le groupe ELDD n’a pas pu se maintenir, faute de réunir des eurodéputés de 7 pays différents. Les élus du Brexit Party et du M5S siègent donc désormais en tant que “non inscrits” .

A l’inverse, à l’extrême droite, l’Europe des Nations et des Libertés (ENL) s’est fondue au sein d’une nouvelle alliance appelée Identité & Démocratie (ID). Elle détient 73 sièges (près de 10% des sièges), contre 36 pour l’ENL à la fin de la législature 2014-2019. Ce groupe a notamment été porté par la victoire du Rassemblement national aux européennes en France (23,3% des voix, 22 sièges) et de celle de la Ligue en Italie (34,3% des suffrages, 28 sièges).

Au total, les élus souverainistes, eurosceptiques voire europhobes représentent presque 24% de l’hémicycle. Mais des divergences de fond les opposent. A Bruxelles le 26 mai au soir, le vice-président du CRE avait par exemple formellement exclu toute alliance avec “les extrémistes de droite.

Les libéraux renforcés par les marcheurs

Au centre, l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), rejointe par les élus français de la liste Renaissance (LaREM, Modem et partenaires), a été rebaptisée Renew Europe (RE). Le groupe dispose désormais de 108 sièges, soit 14% de l’hémicycle.

Une progression qui s’explique notamment par les bons résultats aux européennes de la liste de la majorité présidentielle en France (22,4% des suffrages exprimés, soit 21 sièges). En Allemagne, les libéraux-démocrates du FDP ont aussi gagné 2 points par rapport à 2014 (5,40% des voix, 5 sièges).

Les écologistes progressent

La progression est nette, également, du côté des écologistes. Le groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) occupe désormais près de 10% des sièges au Parlement européen (74 sièges, contre 52 sièges à la fin de la législature précédente).

En France, la liste Europe-Ecologie a atteint 13,5% des suffrages exprimés le 26 mai (12 sièges). En Allemagne, les Verts ont terminé à la seconde place, derrière la CDU, avec 20,5% des suffrages (21 sièges).

Les socialistes en chute

L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), elle, chute avec un score de 20,5% des sièges (154 sièges), contre 25% à la fin de la législature précédente.

Les beaux scores des partis socialistes espagnol (32,8% des voix, 20 sièges) et portugais (33,4%, 9 sièges) n’ont pas suffi à combler le recul d’autres formations nationales.

Après l’échec à la présidentielle de 2017 et la désertion d’une partie de ses membres, la crise du Parti socialiste français (allié à Place Publique et Nouvelle Donne pour le scrutin) s’est poursuivie en France puisqu’il n’a obtenu que 6,2% des voix aux européennes (5 sièges)… contre 14% en 2014 (avec le Parti radical de gauche).

L’extrême gauche régresse

Ne profitant pas de la situation délétère des socialistes, le groupe de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE/NGL) a été le grand perdant des dernières élections. Il n’en est ressorti qu’avec 41 sièges (5,5% de l’hémicycle, contre 52 sièges à la fin de la législature précédente).

La France Insoumise a obtenu un score décevant en France, avec 6 sièges, soit 6,3 % des voix (contre 6% pour le Front de Gauche en 2014, qui réunissait notamment le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon).

Si le Royaume-Uni quittait l’UE pendant la prochaine législature (la date limite du Brexit est actuellement fixée au 31 octobre 2019), le nombre d’eurodéputés passerait à 705 au lieu de 751.

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