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612 700 nouveaux demandeurs d’asile dans l’Union européenne en 2019

En 2019, 612 700 primo-demandeurs d’asile ont introduit une demande de protection internationale dans les Etats membres de l’Union européenne. Un chiffre en hausse de 12 % par rapport à 2018. C’est la première fois que ce chiffre augmente depuis 2015.

Majorité des demandes effectuées en Allemagne, en France et en Espagne

L’asile est une protection internationale garantie par un Etat sur son territoire. Il peut être demandé par un individu parce qu’il craint d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. Toutes les demandes d’asile ne sont cependant pas automatiquement acceptées et ne le sont pas forcément dans les pays dans lesquels elles sont formulées. La raison tient au règlement Dublin III, qui implique que la demande soit formulée dans le pays d’entrée du migrant sur le territoire de l’UE.

Il convient de différencier le chiffre des primo-demandeurs d’asile et le chiffre, plus général, des demandeurs d’asiles.

Les primo-demandeurs d’asile représentent les personnes qui font une demande de protection internationale pour la première fois. Le nombre de demandeurs d’asile comprend les primo-demandeurs et les personnes qui ont fait plusieurs demandes ou qui ont fait appel de la décision. Il est donc plus important que celui des primo-demandeurs.

En 2019, le plus grand nombre de nouvelles demandes a été enregistré en Allemagne avec 142 400 primo-demandeurs, soit 23,3 % du total. La France arrive en deuxième position avec 119 900 nouveaux demandeurs, (19,6 %), suivie de l’Espagne avec 115 200 (18,8 %), de la Grèce (74 900, soit 12,2 %) et de l’Italie (35 000, soit 5,7 %)

Selon Eurostat, parmi les États membres comptant plus de 5 000 primo-demandeurs d’asile en 2019, c’est en Espagne (+118,4 %, soit 62 400 primo-demandeurs d’asile de plus en 2019 qu’en 2018), à Chypre (+66,8 %, soit 5 100 de plus), en Suède (+27,9 %, soit 5 000 de plus), Belgique (+27,4 %, soit 5 000 de plus), en Grèce (+15,3 %, soit 9 900 de plus), aux Pays-Bas (+9,9 %, soit 2 000 de plus) et en France (+7,6 %, soit 8 500 de plus) que le nombre de primo-demandeurs d’asile a le plus augmenté en 2019 par rapport à 2018.

Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Italie (-34,5 %, soit 18 400 de moins), en Allemagne (-12 %, soit 19 400 de moins) et en Autriche (-7,0 %, soit 800 de moins).

Une tendance freinée par la pandémie de Covid-19

Les premières données pour l’année 2020 révèlent en effet une forte baisse (près de 70 %) des demandes d’asile pour les deux premiers trimestres de l’année 2020. Au cours du deuxième trimestre 2020, quelque 46 500 primo-demandes d’asile ont été enregistrées dans l’UE. Un nombre en baisse de 69 % par rapport aux 150 100 demandes au premier trimestre 2020 et de 68 % par rapport au deuxième trimestre 2019 (143 700 demandes). “Cette forte baisse des demandes d’asile au deuxième trimestre 2020 résulte notamment des mesures d’urgence liées au Covid-19 appliquées par les États membres à partir de mars 2020″ , explique Eurostat.

Augmentation des acceptations en période de crise migratoire

Dans l’ensemble de l’Union européenne, la crise migratoire qui a débuté en 2015 a entraîné une très forte augmentation des acceptations de demandes d’asile la même année, où plus d’un million de demandes ont été enregistrées.

Les Etats membres ne sont toutefois pas parvenus à s’entendre sur la répartition des réfugiés. En septembre 2015, la chancelière allemande Angela Merkel décide en effet d’accorder l’asile à tous les réfugiés syriens arrivés sur le sol allemand. Mais la même année, la Hongrie ferme l’accès à son territoire par une clôture barbelée. Le système des hotspots, centres d’enregistrement des migrants destinés à répartir les nouveaux arrivants, ne fonctionne pas. Face à l’afflux de migrants et des critiques, l’Allemagne a rétabli le contrôle aux frontières, comme d’autres pays européens.

Conformément au système de Dublin qui régit l’accueil des demandeurs d’asile depuis 1990, les demandes d’asile sont majoritairement traitées dans les pays d’entrée sur le territoire européen. Un plan de relocalisation avait été adopté en 2015 par le Conseil de l’UE mais sa mise en œuvre a été largement limitée, la Commission européenne ayant reconnu l’échec de cette mesure en 2017. La pression sur les pays en première ligne n’a donc été que peu réduite par le plan. En revanche, le pacte migratoire UE-Turquie conclu en 2016 a nettement contribué à une diminution du nombre de demandeurs d’asiles. Cet accord apparaît cependant aujourd’hui compromis.

Le 23 septembre 2020, la Commission européenne a présenté un nouveau pacte pour la migration et l’asile avec pour ambition de redéfinir les conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Elle prévoit notamment de réduire les délais de traitement des demandes.

Syrie, Afghanistan et Venezuela : principaux pays d’origine des demandeurs

Depuis 2013, les ressortissants de Syrie sont les plus nombreux à demander une protection internationale, ils étaient 74 400 primo-demandeurs en 2019, un chiffre en baisse de 7,1 % par rapport à l’année précédente (80 000 premières demandes). Ils restent néanmoins plus nombreux que les Afghans, avec 52 500 primo-demandeurs d’asile en 2019 (soit 9 % du total de l’UE). Suivent ensuite les Vénézuéliens avec 44 800 primo-demandeurs d’asiles en 2019 (7 % du total des primo-demandeurs de l’UE).

Tandis que le nombre de demandeurs d’asile en provenance de Syrie a diminué par rapport à 2018, le nombre d’Afghans et de Vénézuéliens a augmenté respectivement de 35 % (13 600) et de 102 % (22 600).

Source : Eurostat, 2019

Près de 840 000 demandes d’asile encore en suspens

Le nombre de demandes en instance reste considérable : à la fin de l’année 2019, 842 500 demandes d’asile dans les États membres de l’UE (à l’exception de la Finlande dont les données ne sont pas disponibles) étaient en cours d’examen par les autorités nationales. Ce chiffre est néanmoins en baisse par rapport à la fin de l’année 2018 (851 000 demandes). C’est l’Allemagne qui totalise la part la plus importante de demandes en instance fin 2019 dans l’UE (326 800, soit 39 % du total de l’UE), devant l’Espagne (133 000, soit 16 %), la Grèce (105 400, soit 13 %) et la France (74 400, soit 9 %).

Cependant, ces chiffres sont à relativiser lorsque l’on s’intéresse au pourcentage de nouvelles demandes par rapport à la population totale du pays. Ainsi en 2019, le taux le plus élevé de nouvelles demandes a été enregistré à Chypre avec 14 495 nouveaux demandeurs par million d’habitants. Malte suit avec 8 108 primo-demandeurs pour 1 million d’habitants, puis la Grèce (6 985) et le Luxembourg (3 585). À l’inverse, les taux les plus bas ont été observés en Slovaquie (39 demandeurs par million d’habitants), en Hongrie (48), en Pologne (73), en Estonie (76) et en Lettonie (93). En 2019, on dénombrait au total 1 371 primo-demandeurs d’asile par million d’habitants dans l’ensemble de l’UE.

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