La polycrise européenne
Depuis quelques années, les défis s’accumulent sur l’Europe sans que celle-ci ne semble savoir comment sortir la tête de l’eau. La crise économique et financière de 2008 a durement frappé le continent et, bien que les signes de reprise soient tangibles, le chômage reste supérieur à 10% dans plusieurs pays (Grèce, Espagne, Portugal, Croatie, Chypre).
D’autres crises se sont en outre ajoutées : conflit ukrainien aux portes de l’Europe et tensions avec le voisin russe, montée du terrorisme islamiste et attentats dans certains Etats membres, gestion chaotique des arrivées de réfugiés et de migrants, sortie prévue du Royaume-Uni suite au référendum de juin 2016, incertitudes quant aux futures relations avec les Etats-Unis de Donald Trump… les symptômes de cette “polycrise” , pour reprendre l’expression du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, sont manifestes.
Qu’attendre du 25 mars ?
La première tente d’améliorer le fonctionnement institutionnel sur les bases du traité de Lisbonne. La deuxième étudie l’éventualité d’une réforme en profondeur, qui transformerait par exemple la Commission européenne en “gouvernement de l’Union” , créerait un ministre européen des Finances et un budget pour la zone euro. La troisième, elle, se concentre sur la zone euro, afin de rendre les économies plus résistantes via une stratégie de convergence dont les fonds proviendraient d’un budget spécifique. Au sein du Parlement européen, la diversité des point de vue est donc toujours de mise.
Quelle forme prendrait cette Europe à plusieurs vitesses ? A défaut d’un changement de traité actuellement peu envisageable, le recours plus fréquent à la coopération renforcée semble actuellement privilégié. Introduite par le traité d’Amsterdam depuis 20 ans, cette méthode permet à un nombre réduit d’Etats d’avancer ensemble sur un projet européen. Mais ses résultats se limitent pour le moment à deux accords : l’un sur le divorce de couples binationaux, l’autre sur le brevet européen. Le projet de taxe sur les transactions financières étant quant à lui au point mort.
Lors d’un discours prononcé le 23 février devant des étudiants de l’université catholique de Louvain-la-Neuve, le président Juncker a lui aussi montré son intérêt pour le principe d’une Europe à plusieurs vitesses. “Le temps n’est plus où l’on pouvait s’imaginer faire tous la même chose ensemble” , a-t-il ainsi déclaré, avant d’ajouter : “Est-ce qu’il ne faudrait pas que ceux qui veulent avancer plus rapidement puissent le faire sans gêner les autres en mettant en place un cadre plus structuré et ouvert à tous ? (…) Je plaiderai en ce sens dans les prochains jours” .
Par Vincent Lequeux