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  • Synthèse

Les personnalités historiques de l’Union européenne

L’histoire européenne est naturellement liée à l’action des hommes et femmes à l’origine de l’idée européenne et de ses concrétisations. Les principales personnalités de la construction européenne sont par conséquent les “Pères fondateurs”, qui ont bâti l’Europe sous sa forme moderne, mais aussi les “continuateurs”, qui ont approfondi le projet vers une union politique sans équivalent dans le monde.

Monument à Scy-Chazelles (Moselle) en l'honneur des pères fondateurs avec, de gauche à droite : Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer
Monument à Scy-Chazelles (Moselle) en l’honneur des pères fondateurs avec, de gauche à droite : Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer - Crédits : Geertivp — Zourab Tsereteli / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0

Les “Pères fondateurs”

Idée ancienne pensée par Jean-Jacques Rousseau, Emmanuel Kant ou encore Victor Hugo, la construction européenne a réellement débuté à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Elle est le fruit du travail et de la vision de plusieurs personnalités, surnommées par la suite “Pères fondateurs de l’Europe”.

Sur le plan idéologique, l’idée européenne doit beaucoup à l’Italien Altiero Spinelli. Communiste engagé contre le fascisme, il est emprisonné par Mussolini durant la guerre et conçoit alors le Mouvement fédéraliste européen. Il participera, dans les années 1940 et 1950, aux congrès fondateurs de l’Europe. Il est aujourd’hui encore la figure historique de la conception fédéraliste de l’Europe.

Avec Altiero Spinelli, plusieurs autres personnalités jouent un rôle majeur, pendant les années 1940 et 1950, dans les prémisses de la construction européenne. C’est notamment le cas de Jean Monnet et Robert Schuman. Le premier, en 1945, est commissaire au Plan et élabore l’idée d’une mise en commun des productions française et allemande de charbon et d’acier, destinée à prévenir d’un autre conflit armé entre les deux pays. Alors ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman suit Jean Monnet dans ce projet. A cet égard, le discours prononcé le 9 mai 1950 par Schuman passera à la postérité comme le véritable coup d’envoi de la construction européenne et est aujourd’hui encore célébré comme la Fête de l’Europe. Jean Monnet donnera en outre son nom à une “méthode”, celle des “petits pas”, pour susciter une unité de fait entre les Etats européens.

Après la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), entrée en vigueur en 1952, les Européens échouent à mettre sur pied une Europe de la défense, rejetée par les Français en 1954. La construction européenne est néanmoins rapidement relancée, dès 1955 lors de la conférence de Messine (Italie), où le Luxembourgeois Joseph Bech jouera un rôle majeur. Si bien qu’en 1957, la Communauté économique européenne (CEE) ainsi que la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) voient le jour. A cet égard, le Belge Paul-Henri Spaak, ancien Premier ministre, premier président de l’assemblée de la CECA et futur secrétaire général de l’Otan, en est l’un des principaux artisans en étant à la tête d’un comité d’experts chargé d’élaborer un marché commun européen.

Et aux côtés de ces “Pères fondateurs”, l’action menée par certains dirigeants européens est évidemment à noter. Celle du Britannique Winston Churchill d’abord, qui invite, en 1946, les Européens à “reconstituer [une] famille” pour mettre un terme à la guerre, et qui se prononce en faveur d’une union militaire - mais sans souhaiter que son propre pays en fasse partie. Celle du général de Gaulle et de l’Allemand Konrad Adenauer ensuite, qui ont constitué le premier “couple franco-allemand” et ont rendu la réconciliation entre leur deux pays possible dans le cadre européen. Une amitié franco-allemande nouvelle symbolisée par le traité de l’Elysée, signé par les deux hommes en 1963. Elu président en 1958, le général de Gaulle ne sera toutefois pas un interlocuteur facile pour ses homologues européens, refusant l’entrée du Royaume-Uni et défendant une conception très intergouvernementale de l’Europe et, par conséquent, tout à fait opposée au fédéralisme.

Le général de Gaulle (à gauche), avec Konrad Adenauer, chancelier allemand, en 1961

Les “continuateurs”

Passées les premières années de la construction européenne - celles des “Pères fondateurs” - d’autres personnalités politiques ont poursuivi, consolidé et fait évoluer le projet européen.

Au sein des institutions européennes, il est d’abord possible de citer l’Allemand Walter Hallstein, premier président de la Commission européenne de 1957 à 1967. C’est sous sa direction que sont lancés le marché unique et la Politique agricole commune (PAC) et c’est à lui que revient la charge de surmonter la crise de la Chaise vide initiée par le général de Gaulle justement liée à la PAC. A partir de 1985, un autre président de la Commission entrera dans l’histoire européenne : le Français Jacques Delors. Ancien ministre de l’Economie, il sera l’un des grands instigateurs de l’approfondissement politique de l’Europe, avec l’adoption de l’Acte unique en 1986, puis du traité de Maastricht en 1992. Parmi les évolutions défendues par Jacques Delors figurent notamment le passage à la monnaie unique et la création du programme Erasmus.

De la même manière, au Parlement européen, plusieurs personnalités vont contribuer à la montée en puissance de l’institution, dont les membres sont élus au suffrage universel à partir de 1979. C’est le cas particulièrement de la Française Simone Veil, qui la première occupera la présidence de l’institution. Elle mettra en avant les valeurs qui doivent, selon elle, être celles de l’Europe : la paix, les droits de l’homme, la solidarité. Lors de cette première mandature siège également la Française Louise Weiss, journaliste et fondatrice, en 1918, de la revue “L’Europe nouvelle”. En 1979, en tant que doyenne de l’institution, c’est à elle que revient l’honneur de prononcer le premier discours de la nouvelle législature.

Au sein des Etats membres, logiquement, plusieurs dirigeants ont, au cours des décennies, joué un rôle majeur dans l’enracinement et l’approfondissement de la construction européenne. En France, les présidents Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, Européens convaincus, font partie de ces personnalités. Ils entretiendront à cet égard d’étroites relations avec leurs homologues allemands, respectivement Helmut Schmidt et Helmut Kohl. Le “couple” Giscard-Schmidt sera ainsi à l’initiative, au cours des années 1970, d’une plus étroite collaboration en Europe pour limiter l’instabilité monétaire. Tandis que le “couple” Mitterrand-Kohl sera celui de la réunification allemande et de la mise en route de la monnaie unique.

Ailleurs en Europe, certaines personnalités sont également passées à la postérité pour avoir entériné l’adhésion de leur pays à la Communauté économique européenne, devenue Union européenne en 1995. C’est le cas du Britannique Edward Heath, qui achève en 1972 un processus initié par ses prédécesseurs, ou encore de l’Espagnol Felipe Gonzalez Marquez, qui conduit l’intégration de son pays en 1986.

Les acteurs d’aujourd’hui

Plus proches de nous dans le temps, d’autres figures poursuivent le travail engagé autour du projet européen. La carrière politique de ces personnalités est, pour la plupart d’entre eux, encore en cours. Et s’il est difficile de prédire quelle sera leur poids dans l’Histoire, leurs fonctions et leurs accomplissements leurs permettent d’ores et déjà de figurer parmi les principaux acteurs de la construction européenne.

Actuelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen fait partie de cette liste. Tout comme Martin Schulz, premier eurodéputé à effectuer deux mandats à la tête du Parlement européen et qui a fortement contribué à la médiatisation croissante de l’institution. Lui ont succédé Antonio Tajani, David Sassoli et Roberta Metsola. Enfin, parmi les dirigeants européens de ces dernières années, il ne fait nul doute qu’Angela Merkel, chancelière de 2005 à 2021, aura également contribué à façonner l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui. Bouleversée par la pandémie de Covid-19, la présidence allemande du Conseil du deuxième semestre 2020 aura marqué un virage idéologique complet ainsi qu’une avancée notable pour l’UE. Au bilan de ces 6 mois : mutualisation des dettes via la création d’un plan de relance européen de 750 milliards, augmentation des ambitions sur le plan climatique, négociations réussies avec le Royaume-Uni pour sa sortie de l’UE, entre autres. Des réalisations auxquelles le couple franco-allemand formé avec son homologue français Emmanuel Macron n’est pas étranger.

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