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Infographies : les émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne

L’Union européenne a pour objectif de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050. Quels sont aujourd’hui les Etats membres qui émettent le plus de gaz à effet de serre ? Et quels sont les secteurs qui en rejettent le plus ? Tour d’horizon européen.

Selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), l’Union européenne à 27 a émis environ 3,31 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES, en équivalent CO2) en 2021, comme le montre le graphique ci-dessous. Ce chiffre est largement en deçà des niveaux d’avant la pandémie, mais l’agence souligne que les émissions de GES ont connu un rebond de 6 % en 2021 par rapport à 2020. Cela s’explique en partie par la reprise économique favorisée par la levée des restrictions sanitaires.

De 1990 à 2020, l’UE a ainsi réduit de 32 % ses émissions de GES, bien au-delà de son objectif de - 20 %. Si la baisse observée jusqu’en 2019 était principalement stimulée par des mesures politiques (remplacement du charbon par des sources d’énergie renouvelables ou amélioration de l’efficacité énergétique par exemple), celle de 2020, bien plus importante (- 10 % par rapport à 2019), est due en grande partie à la pandémie de Covid-19.

En revanche, l’AEE anticipe un retard de l’UE pour 2030 : au rythme actuel, la réduction des émissions serait de 41 % à cette date par rapport à celles de 1990. Un chiffre bien en-deçà de l’objectif contraignant de 55 % fixé par l’Union européenne. L’agence précise toutefois que ces estimations sont réalisées avec les mesures politiques déjà appliquées, et ne prennent donc pas en compte les futurs dispositifs. 

L’Union européenne vise également la “neutralité carbone” à l’horizon 2050 : les Vingt-Sept doivent ainsi réduire suffisamment leurs émissions pour qu’elles puissent être absorbées par les puits de carbone (océans, forêts et puits “technologiques”).

Equivalent CO2

Le CO2 reste, de loin, le gaz contribuant le plus aux émissions de gaz à effet de serre. Il représente par exemple 75 % des émissions en France en 2018, contre 13 % pour le méthane.

Au dioxyde de carbone (CO2) s’ajoutent le protoxyde d’azote (N2O), le méthane (CH4) et quatre gaz fluorés. C’est cet ensemble d’émissions que l’on nomme “gaz à effet de serre” (GES). Ceux-ci sont convertis en “équivalent CO2” (CO2e ou CO2eq) pour pouvoir les comparer et mesurer leur impact sur le réchauffement climatique.

Les émissions par Etat membre

Parmi les Vingt-Sept, les contributions sont sans surprise liées au poids économique du pays. Les quatre principaux émetteurs sont l’Allemagne (778,7 Mt), la France (423,2 Mt), l’Italie (422,6 Mt) et la Pologne (402,4 Mt). L’Espagne arrive en cinquième position avec 297,2 MtCO2e.

Loin derrière, les Pays-Bas sont responsables de 175 millions de tonnes d’émissions de GES en 2021, soit deux fois plus que la Grèce (80 Mt). Enfin, les Etats membres qui émettent le moins de gaz à effet de serre sont la Lettonie (10,9 Mt), Chypre (9,3 Mt) et Malte (2,4 Mt).

Chaque année, les pays industrialisés signataires du protocole de Kyoto (1992) doivent soumettre un inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) auprès de l’ONU, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Au niveau européen, tous les Etats membres doivent présenter à la Commission européenne leurs projections d’émissions de GES pour les années suivantes, avec des objectifs chiffrés de diminution.

Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, chaque pays est également tenu d’établir, tous les cinq ans, des contributions déterminées au niveau national (CDN) : celles-ci détaillent les efforts de chacun pour réduire ses émissions nationales et s’adapter aux effets du changement climatique. Mais lors de la COP26 de Glasgow, en novembre 2021, ces engagements sont jugés insuffisants pour atteindre l’objectif d’un réchauffement de la planète limité à 1,5 °C.

Les émissions nationales rapportées à la population

Ce classement des plus gros émetteurs européens en valeur absolue est néanmoins bouleversé lorsque l’on rapporte les émissions carbone à la population de chaque Etat membre.

Ainsi, le Luxembourg, pays peu émetteur en valeur absolue, est de loin le plus gros émetteur par habitant. En 2021, un citoyen du Grand-Duché émet en moyenne 17,6 tonnes de GES. C’est plus du double de la moyenne des Vingt-Sept (7,9 t/hab).

Suivant la même logique, si l’Estonie compte parmi les plus faibles contributeurs en masse annuelle (12,7 Mt), le pays est le huitième émetteur de l’Union européenne lorsque le chiffre est rapporté à sa population, avec 9,6 tonnes équivalent CO2 par habitant. Le ratio de Chypre (10,3 t/hab) dépasse celui de l’Allemagne (9,4 t/hab).

A l’inverse, l’Italie et la France sont sous la moyenne des émissions par habitant de l’Union européenne alors qu’elles participent largement aux émissions européennes de gaz à effet de serre en masse totale. Avec 7,1 tonnes par habitant en 2021, l’Italie devance la France (6,2 t/hab).

Les approches comparant les émissions totales ou par habitant sur le territoire ont leurs limites. Contrairement à elles, l’empreinte carbone prend en compte toute la consommation des ménages, même les produits importés. 

Ainsi, en 2021, là où la France émettait 6,2 tonnes de gaz à effet de serre par habitant au sens du protocole de l’ONU (émissions sur le territoire), un Français avait en moyenne une empreinte carbone de 8,9 tonnes équivalent CO2 (hors gaz fluorés, INSEE).

Les émissions par secteur d’activités

Quelles sont les activités les plus émettrices dans l’Union européenne ? Selon Eurostat, trois quarts des émissions de gaz à effet de serre sont dus à la combustion de carburants.

Celle-ci entre en compte dans la production d’électricité, de chaleur et d’autres combustibles dérivés (23,3 %), le transport de marchandises et de personnes (23,2 %), l’électricité et la chaleur utilisées par les ménages, les commerces et les institutions (15,4 %) ou encore par les entreprises pour produire des biens ou construire des bâtiments et des infrastructures (12,1 %). L’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière représentent 11,4 % des émissions en 2020, les procédés industriels (fabrication de minéraux comme le ciment, de produits chimiques et de métaux) 9,4 % et la gestion des déchets 3,3 %.

En France, les transports sont le premier secteur consommateur d’énergie avec 42,7 millions de tonnes d’équivalent pétrole, soit plus de 40 % du total national en 2021 selon l’INSEE. Ils représentent environ 30 % des émissions françaises.

Au sein de l’Union européenne, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué dans tous les secteurs sauf un : celui des transports a émis 110 millions de tonnes de plus en 2021 qu’en 1990, soit une hausse de plus de 16 %.

La diminution des émissions provenant de l’industrie est liée aux efforts de ces acteurs mais également à une “pollution exportée”, conséquence de délocalisations et d’un recours plus important aux importations depuis d’autres continents. La pollution engendrée par les Etats membres hors du territoire européen n’est donc pas prise en compte dans ce bilan carbone de l’industrie européenne. Cela explique en partie que le calcul de l’empreinte carbone, qui intègre la consommation des foyers et donc l’impact environnemental de la consommation de biens importés, donne un chiffre supérieur à celui constaté en prenant uniquement en compte les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national. Les ménages, dont la consommation finale d’énergie a augmenté, ont toutefois réduit leurs émissions de GES (hors transport) en raison d’un recours bien plus important aux énergies renouvelables et d’une baisse de l’utilisation des combustibles fossiles, selon Eurostat. 

Tous les secteurs n’émettent pas les mêmes GES. Ainsi, les exploitations agricoles sont plutôt la cause d’émissions de méthane (CH4), là où les transports émettent essentiellement du dioxyde de carbone (CO2).

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Commentaires sur Infographies : les émissions de gaz à effet de serre dans l'Union européenne

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3 commentaires

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    nom

    Merci beaucoup pour les graphiques vous êtes les seules à les avoirs

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    HERVE BRY

    Merci pour ces informations sur l’état de l’UE sur le sujet des GES. Cependant, on n’y voit pas les contributions respectives de chaque pays de l’UE, secteur par secteur (énergie, industrie, transports, habitat, etc…)

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    RETSIN

    Pour sortir de cette CRISE comme l’avait fait De Gaulle quittons l OTAN et sous contrôle de l’ ONU organiser un Référendum avec les Populations Consernees