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Toute l’Europe sur France Bleu 107.1 : Le chocolat en Europe

En direct du Salon du chocolat, Toute l’Europe sur France bleu fait le plein de cacao et s’interroge sur la production, la qualité et le goût du chocolat dans les pays d’Europe. Les invités de l’émission : Philippe BASTIDE, responsable de la filière “cacao” au CIRAD (Centre de recherche agronomique pour le développement) et Veronique ANASTASIE, Directrice de Planetgout.

Ecoutez l’émission (54′43″) :

La chronique de Touteleurope.eu : 30 ans de guerre sur la directive “cacao et chocolat”

Tout commence dans les années 70, quand les six pays membres de la Communauté européenne se mettent d’accord sur la composition et l’étiquetage du chocolat… A l’époque, on décide que la seule matière grasse végétale autorisée dans le chocolat (ou dans certains produits à base de chocolat), c’est le beurre de cacao. Sinon, c’est simple : on n’a pas le droit d’appeler ça “chocolat” .

Jusque-là tout va bien, sauf qu’en 1973 le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark rejoignent la Communauté… Et eux sont contre cette directive… tout simplement parce que leurs entreprises ont plutôt tendance à ajouter d’autres types de graisse dans leur chocolat. Ca leur coûte forcément moins cher. Ces Etats ont donc droit à une exemption… et ça sera le cas pour d’autres nouveaux entrants par la suite.

Pendant près de 30 ans, on se retrouve alors avec un système où les règles qui concernent le chocolat sont différentes selon les pays. Par exemple, on est en 1983, je dirige une entreprise qui fabrique une confiserie, disons “chocoplus” . Dans ma barre de “chocoplus” , il y a bien sûr du cacao et du beurre de cacao… mais aussi un peu d’huile de palme. Eh bien sur la moitié du continent, je vends mon “chocoplus” en disant que c’est une “barre chocolatée”… et sur l’autre moitié je dois dire que c’est une simple confiserie. Ou alors je dois élaborer un produit spécifique, sans huile de palme.

Est-ce vraiment grave pour l’entreprise ? Ca n’est pas catastrophique, mais ça représente quand même un manque à gagner important… et pour l’Europe c’est aussi contraire aux principes du libre-échange.

Donc en 1996, la Commission européenne propose de mettre tous les pays d’accord sur des règles communes. Et là, c’est reparti pour une nouvelle guerre pendant quatre ans… On avait déjà les Etats, maintenant les industriels et les associations s’y mettent… d’un côté on a ceux qui veulent autoriser les graisses végétales, de l’autre ceux qui produisent ou qui défendent un chocolat de meilleure qualité… et entre les deux, eh bien les députés européens qui doivent voter la loi, et qui font face à l’assaut des lobbyistes en tout genre !

Finalement, la directive est votée en 2000, et elle satisfait plutôt les “pro-graisse végétale”… Et que nous dit-elle ? Plusieurs choses sur la composition et sur l’étiquetage d’un certain nombre de produits à base de cacao (chocolat noir, au lait blanc, mais aussi le cacao en poudre ou encore les bonbons au chocolat…)

Par exemple, et c’est ce qui a été le plus critiqué, depuis l’entrée en vigueur de cette loi, on peut mettre dans le “chocolat” d’autres matières grasses végétales que le beurre de cacao, pour autant que ça ne dépasse pas 5% du total… Mais dans ce cas ça doit être affiché distinctement sur l’emballage à côté de la liste des ingrédients… Le chocolat doit aussi tout de même contenir au moins 35 % de cacao - dont au moins 18 % de beurre de cacao et 14 % de cacao sec dégraissé.

La chronique de Touteleurope.eu : Quand l’Europe voulait “interdire le Nutella”

Alors l’Europe est effectivement une habituée des grandes polémiques, en particulier en ce qui concerne l’alimentation… on a tous des exemples en tête, à base de viande de cheval ou de maïs génétiquement modifié par exemple… mais 30 ans pour se mettre finalement d’accord sur la composition du chocolat, c’est quand même un record !

Mais il arrive souvent aussi qu’on accuse l’Union européenne à tort de vouloir s’occuper de ce qui ne la regarde pas… c’est le cas d’une sombre affaire de Nutella, en 2010…

A l’origine la Commission et le Parlement européens voulaient introduire une nouvelle loi pour qu’on affiche, sur les produits alimentaires manufacturés… des informations sur leurs nutriments de manière bien visible. C’est d’ailleurs entré en vigueur cette année… ce qui fait qu’aujourd’hui la plupart des aliments préemballés qui sont vendus en Europe doivent indiquer le pourcentage de calories, de sucres, de graisses, d’acides gras saturés ou encore de sel. C’est plutôt une bonne chose pour le consommateur.

Que s’est-il passé ? Juste après que le Parlement européen vote cette loi en juin 2010, la rumeur s’est répandue en Italie que l’Europe voulait tout simplement interdire le Nutella ! Ou du moins, elle obligeait qu’on y indique la mention “dangereux pour la santé” ou encore “favorise l’obésité” . Et tous les medias italiens ont commencé à en parler, il y a même un député d’extrême-droite qui a lancé un comité de soutien “Touche pas à mon Nutella”… c’est devenu un vrai drame national.

Sauf que, tout ça était complètement inventé ! Ce que le Parlement européen a voté, c’est simplement l’obligation d’afficher clairement certaines informations sur l’emballage, et aussi de ne pas induire en erreur le consommateur en affirmant, par exemple, que tel aliment apporterait de l’énergie aux enfants… c’est ce que faisait notamment Nutella, et c’est pour ça que la loi n’a pas du plaire à certains…

La chronique de Touteleurope.eu : Le commerce équitable, un concept à la mode ?

Effectivement on a tous croqué au moins une fois dans une tablette de chocolat équitable. Le label le plus connu aujourd’hui c’est “Max Havelaar” , il a été créé il y a 26 ans déjà, mais il en existe d’autres.

Grâce à ce type de label, je suis à peu près certain que mon chocolat a été produit en respectant un certain nombre de règles éthiques… et en particulier que les producteurs de cacao, dans les pays du Sud, ont été rémunérés correctement. Puisqu’en général ça n’est pas vraiment le cas : le producteur perçoit en moyenne, pour du chocolat standard, seulement 6% du prix de la tablette.

Même si c’est effectivement un peu “à la mode” depuis quelques années, et si aujourd’hui on a des produits équitables dans tous les supermarchés, c’est un phénomène qui reste quand même très marginal… pour le cacao par exemple, seulement 1 % de la production - et de la consommation - est labellisée “commerce équitable” .

Or l’Union européenne ne fait pas grand chose pour promouvoir ce type d’échanges. En tout cas il n’y a pas aujourd’hui de loi européenne sur le commerce équitable, même si on y fait parfois référence dans certains textes.

Alors quelques initiatives ont tout de même été prises. Par exemple depuis 1991, le café et le thé qu’on sert aux réunions du Parlement européen… sont issus du commerce équitable. Plus récemment et un peu sur le même principe, l’Union européenne a quand même adopté une directive sur les marchés publics… dans laquelle elle demande aux pouvoirs locaux de favoriser l’achat de produits issus du commerce équitable. C’est donc un petit pas en avant…

Le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui est entré en fonctions hier, a dit lui aussi qu’il faudrait mieux prendre en compte le commerce équitable dans les échanges de l’Europe avec le reste du monde… il a d’ailleurs été félicité pour ça par la société Max Havelaar … mais on attend de voir comment cela va se concrétiser…

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