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Réfugiés : l’intégration par la formation ?

Quel rôle le secteur de l’éducation peut-il jouer pour faciliter l’intégration des réfugiés arrivés parfois massivement sur le territoire européen ? Cette question, parmi d’autres, a été posée lors de la conférence internationale de l’agence française d’Erasmus + qui s’est tenue les 10 et 11 octobre à Strasbourg. En la matière, force est de constater les profondes différences dans l’approche d’Etats membres comme la France, l’Allemagne ou encore la Slovaquie.

Ecoliers syriens réfugiés au Liban

“Il n’y a pas de crise”

L’Europe n’est pas novice en matière d’accueil de réfugiés. Comme l’a encore rappelé Smaïn Laacher, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg et directeur du Centre de recherche “constructions européennes, mobilités et frontières” lors de la conférence internationale de l’agence française du programme Erasmus +, “il n’y a pas de crise” . Les mouvements de populations “existent depuis le XIXe siècle” et un pays comme la France particulièrement est, de manière historique, un lieu d’immigration, venue notamment de ses anciennes colonies d’Afrique.

En réalité, la nouveauté, explique Smaïn Laacher, vient du fait que, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les mouvements migratoires s’effectuent de manière désordonnée. Fuyant la “répression politique” et/ou, la “misère économique” , des millions de migrants quittent à l’heure actuelle leurs pays d’origine, notamment au Proche et au Moyen-Orient, pour rejoindre un Etat voisin ou, pour une minorité d’entre eux, l’Europe.

Une dynamique, selon lui, tout sauf appelée à s’inverser au cours des mois et des années à venir et qui pose la question centrale de la formation de ces populations. Et ce, pas seulement afin d’assurer leur employabilité sur le marché du travail, mais aussi dans le but de développer “leur sentiment d’appartenance à une communauté la plus large possible” .

Professionnels vs. bénévoles

En matière d’inclusion des réfugiés, les Etats membres de l’Union européenne n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et diffèrent fortement dans leurs approches. Ne serait-ce que dans le domaine linguistique, logiquement le premier enjeu dans l’intégration des migrants. Alors que l’Allemagne a par exemple pris le parti de confier cette mission à des professeurs de langue, la France se repose encore très majoritairement sur l’action de bénévoles.

Laure Coudret-Laut

Pour en savoir plus
sur la conférence 2016 de l’agence française du programme Erasmus +, consultez également notre interview de Laure Coudret-Laut, directrice.

Selon elle, “élargir la base des publics partant en mobilité” sera la priorité pour les années à venir.

Ces derniers sont d’ailleurs nombreux à participer, au niveau local, national ou européen, à des projets soutenant l’intégration des réfugiés. C’est ce que propose par exemple le programme Eurocircle qui permet, depuis cette année, à de jeunes Français de réaliser un stage en Allemagne, après une formation préalable en France, et de contribuer aux efforts mis en œuvre en faveur des migrants.

Quelle reconnaissance des compétences et des parcours pour les réfugiés ?

Plus généralement, les questions relatives à la formation et à la reconnaissance des diplômes et des compétences des réfugiés arrivés sur le sol européen sont innombrables. Parmi celles évoquées lors de la conférence internationale d’Erasmus + : la valorisation des connaissances linguistiques des élèves, les possibilités d’orientation, pour le moment souvent très limitées, des jeunes migrants arrivés parfois tardivement dans le système éducatif national, ou encore la reconnaissance équitable des diplômes et des compétences des adultes vis-à-vis de leurs parcours, des professionnels nationaux et des exigences du pays d’accueil.

De toute évidence, l’ensemble des pays européens ne font pas face aux mêmes enjeux et n’ont pas, loin s’en faut, un nombre équivalent de réfugiés présents sur leurs sols, ou ayant le désir d’y rester sur le long terme. Mais même un pays comme la Slovaquie, qui assure pour le semestre la présidence tournante de l’Union européenne, et qui n’a pas ouvert ses portes à un grand nombre de personnes - pour de nombreuses raisons économiques, historiques et culturelles - fait face, à son échelle, aux mêmes enjeux que ses voisins européens.

Présente à Strasbourg les 10 et 11 octobre, Miroslava Klempova, conseillère en charge des questions migratoires au ministère slovaque de l’Education, des Sciences, de la Recherche et du Sport, a ainsi présenté le cas de 149 chrétiens d’Irak récemment accueillis dans le pays. Si le nombre est sans commune mesure avec l’Allemagne, l’Italie ou la Grèce, l’apprentissage linguistique et la formation pour favoriser leur employabilité sont centrales dans l’action des autorités slovaques à leur égard.

La question de l’harmonisation de standards européens dans l’évaluation des parcours et des acquis des réfugiés se pose par conséquent de manière pressante. L’opportunité de créer un test académique valable et utilisable dans l’ensemble des Etats membres fait, à cet égard, partie des pistes de réflexion actuellement évoquées.

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