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Quatre propositions pour aider les jeunes à s’insérer sur le marché de l’emploi

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a accueilli à Paris, samedi 3 décembre, le 2e Forum des carrières de l’Europe. Un événement destiné aux étudiants et jeunes actifs désireux de se lancer dans un parcours professionnel européen et qui a réuni près de 3 000 personnes. En présence d’Annick Girardin, ministre de la Fonction publique, de l’eurodéputé Jean Arthuis, à l’initiative d’un Erasmus longue durée pour les apprentis, ou encore de Philippe Léglise-Costa, secrétaire général des affaires européennes et promoteur de cette journée, le Forum a été l’occasion de multiplier tables-rondes, ateliers pratiques et rencontres avec les professionnels afin de donner les principales clés du marché du travail européen.

Forum des carrières de l'Europe

Partenaire de l’événement, Toute l’Europe publie la tribune des étudiants, présents au Forum, invités à donner leurs propositions pour “aider les jeunes diplômés à s’insérer sur le marché de l’emploi” .

2e Forum des carrières de l'Europe

Organisé par le Secrétariat général des affaires européennes, le 2e Forum des carrières de l’Europe s’est tenu le 3 décembre au Conseil économique, social et environnemental

Le constat est simple et amer : 24% en France, 37% en Italie, 46% en Espagne, 52% en Grèce . Le taux de chômage des jeunes atteint aujourd’hui en Europe des sommets terrifiants ; qu’on ne s’étonne guère alors que l’optimisme ne soit pas de mise dans notre génération. Près de la moitié d’entre nous rentre sur le marché du travail muni d’un diplôme du supérieur, mais sans aucune assurance que cela nous permette de trouver un travail, et encore moins de mieux vivre que nos parents . A quoi bon alors investir notre temps, notre argent et notre énergie dans nos études ?

Il serait facile de tomber dans l’alarmisme et de céder à la tentation du blâme d’un bouc-émissaire - en la matière, le plus souvent l’Union européenne. Pourtant, à l’heure où scrutin après scrutin les peuples expriment leur défiance à son égard, nous jeunes de France croyons encore que l’Europe peut ré-enchanter un marché du travail de plus en plus sombre pour nous. Pourquoi nous résignerions-nous à un avenir morose de précarité en Europe, alors que les idées bouillonnent dans nos esprits pour que l’idéal européen, moderne et dynamique, devienne notre réalité quotidienne ? Certes cette Europe est toujours pointée du doigt pour les freins qu’elle mettrait à l’activité économique ; au risque de nous placer quelque peu à contre-courant, nous croyons en elle pour améliorer notre insertion professionnelle. A ce titre, nous lui faisons là nos quatre propositions phares.

Nous, jeunes de France, refusons de nous résigner à un avenir morose et précaire en Europe. Voici nos quatre propositions phares pour une meilleure insertion professionnelle sur notre continent :

1. Rendre obligatoire la rémunération des stages en Europe, quelle qu’en soit la durée

L’absence de protection des stagiaires en Europe entraîne des dérives effrayantes. À Bruxelles, près de la moitié des 8 000 stagiaires surdiplômés de la « bulle européenne » ne sont pas rémunérés . À Genève, un stagiaire s’est vu contraint de vivre sous une tente afin de pouvoir accepter un prestigieux stage aux Nations Unies . Et le phénomène est loin d’être restreint aux organisations internationales : une étude d’Eurobaromètre montre qu’en Europe, 59% des stagiaires ne reçoivent aucune rémunération.

Si le stage est aujourd’hui devenu une étape incontournable de la formation professionnelle, il est inadmissible de se servir des stagiaires comme main-d’œuvre gratuite, et ce d’autant plus qu’une expérience professionnelle préalable est le plus souvent exigée du candidat. Ce phénomène ne fait que renforcer la précarisation des jeunes et creuser les inégalités sociales, tout en bloquant des postes qui devraient à l’évidence constituer un emploi réel. Nous appelons donc les élus européens à légiférer pour instaurer une indemnisation minimale des stagiaires, à l’instar de la France, indexée sur le coût de la vie de chaque Etat membre.

2. Introduire l’acquisition de compétences dans les formations universitaires

Le paradoxe a de quoi abasourdir : malgré les chiffres du chômage, quatre entreprises sur dix en Europe font part de leurs difficultés à recruter , à tel point que l’on parle désormais de “pénurie de compétences” . Les employeurs déplorent ainsi le manque de préparation des jeunes diplômés aux exigences des entreprises modernes. Un ajustement des cursus universitaires est donc nécessaire, afin de faire de l’acquisition de compétences un objectif fondamental. Des projets collectifs, déjà en place au sein de certaines grandes écoles, pourraient être proposés dans toutes les universités : il s’agirait d’initier les étudiants à la gestion de projet dans leur domaine, tout en les rapprochant de futurs employeurs potentiels. À ce titre, toute initiative de coopération rapprochée entre les sphères universitaire et professionnelle ne peut que renforcer l’employabilité future des jeunes diplômés.

Les étudiants auteurs des

Les étudiants auteurs des “quatre propositions pour aider les jeunes diplômés européens à s’insérer sur le marché de l’emploi”


3. Investir dans les dispositifs de mobilité des jeunes

À l’heure où l’expérience de mobilité internationale et la maîtrise de langues étrangères sont des atouts valorisés par un nombre croissant d’employeurs, les coupes budgétaires sur les programmes Erasmus+ menacent directement notre insertion professionnelle. Face aux inégalités croissantes, les autorités nationales et européennes devraient au contraire investir dans ces dispositifs, et y renforcer l’accès des étudiants boursiers, pour que chaque étudiant puisse en bénéficier quelle que soit sa condition sociale. Les procédures doivent impérativement être simplifiées - à quand leur numérisation ? - afin d’encourager davantage d’étudiants à en profiter. Les échanges internationaux devraient être facilités dès le collège ou le lycée, par de simples partenariats entre établissements. Enfin, une meilleure communication est nécessaire sur les dispositifs existants : les plateformes européennes de mobilité professionnelle type EURES doivent faire l’objet d’une meilleure promotion tant au sein des établissements que des organismes Pôle Emploi.

4. Tisser un réseau européen de jeunes entrepreneurs

Contrairement aux idées reçues sur le “vieux continent” , l’Europe regorge de jeunes aux idées innovantes… qui ne rêvent actuellement que de Silicon Valley. Les puissances publiques doivent capitaliser sur cette vague de créativité afin de créer des pôles européens de l’innovation qui n’auraient rien à envier aux Etats-Unis. Rencontres européennes des jeunes entrepreneurs, programmes d’innovation communs entre établissements d’excellence, concours… Pourquoi ne pas accueillir un Forum des Jeunes Entrepreneurs Européens à Paris en 2017 ?

Au-delà du potentiel de dynamisation de l’économie et de création d’emploi, les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui cherchent à relever des défis sociaux et environnementaux allant de la lutte contre le gaspillage alimentaire à l’aide aux migrants, en passant par la santé ou l’économie d’énergie ; il est capital que la puissance publique leur offre le soutien juridique et financier qui s’impose.

Le projet européen n’a de sens que s’il permet à ceux qui le veulent d’exprimer leur potentiel : c’est ça le rêve de l’Europe prospère des Pères fondateurs. L’Europe et les Etats européens ont les armes pour intervenir et redynamiser un marché du travail terriblement morose pour nous les jeunes : qu’elle ne laisse pas filer cette chance de ré-enchanter son idéal à cause de divisions politicardes internes ! Nous, en tout cas, nous y croyons.

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