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Putsch au sein de la gauche italienne : Rome change de Premier ministre

Après dix mois de gouvernement, le Premier ministre italien Enrico Letta a annoncé hier sa démission. Poussé par son propre groupe politique, le Parti Démocrate (PD), le président du Conseil rencontre aujourd’hui Giorgio Napolitano, président de la République italienne, pour officialiser son départ. Le maire de Florence et secrétaire du PD, Matteo Renzi, devrait prendre la tête du gouvernement la semaine prochaine.

renzi

Une crise interne sous les feux des projecteurs

“Qui veut ma place est prié de le dire” , avait déclaré il y a à peine deux jours Enrico Letta, Premier ministre sortant de Rome. Son rival et collègue au sein du Parti démocrate (PD), Matteo Renzi, n’a pas attendu pour dévoiler ses cartes. Hier, lors de la réunion de direction du parti, le jeune maire de Florence a appelé à un changement radical et à la formation d’un nouveau gouvernement.

Une véritable “acrobatie” , commente aujourd’hui La Repubblica, principal quotidien de gauche, qui titre “Letta se rend, c’est à Renzi” . En streaming, comme à son habitude depuis son élection à la tête du Parti démocrate, Matteo Renzi a demandé que l’on mette fin aux dix mois du gouvernement de M. Letta. “Il nous faut une nouvelle phase et un nouvel exécutif” , a-t-il lancé depuis le Nazareno, le siège du Parti à Rome, entouré par les journalistes. “Sortons de ce marais” , a continué le jeune secrétaire démocrate, avant que la direction de son Parti approuve le virage politique : 136 votes “pour” , 16 “contre” .

La période marécageuse aura donc duré dix mois… Enrico Letta a pris ses fonctions le 28 avril dernier, après la vérification par Giorgio Napolitano de l’impossibilité pour le Parti Démocrate de gouverner seul. M. Letta a donc pris la tête d’un gouvernement dit “technique” , de coalition entre gauche et droite, comme l’avait fait Mario Monti après la démission de Silvio Berlusconi en novembre 2011.

Le Parti Démocrate, le centre et la droite du Cavaliere, ont alors accepté de travailler ensemble pour redresser les comptes et sortir le pays de la crise.
Le nouveau chef du gouvernement s’est donné alors dix-huit mois pour réaliser les réformes principales (loi électorale et réforme du travail, parmi les plus importantes). Depuis, il s’est confronté aux vétos des différents partis, à la démission de deux ministres, à la scission interne de la droite et à la décision de Berlusconi en octobre dernier de passer à l’opposition avec ses 67 députés et 68 sénateurs. Enfin, il y a à peine trois mois, Letta a du encaisser un dernier coup, cette fois-ci interne à son propre parti. Suite aux élections primaires du 8 décembre, Matteo Renzi a remporté 67,55% des voix, devenant le nouveau secrétaire du parti et annonçant une vague de changements.

En l’espace de dix mois, le gouvernement Letta n’a donc pas réussi à réaliser les réformes promises, ce qui lui vaut un véritable licenciement de la part de son parti. Il aura suspendu l’impôt foncier (voulu par Mario Monti mais rejeté par Berlusconi), ou encore augmenté la TVA d’un point (de 20 à 21%), mais il n’aura pas entamé les grands chantiers législatifs prévus. Un échec pour le nouveau chef de la gauche, M. Renzi, qui “remercie le président du Conseil Enrico Letta pour son travail remarquable” mais “relève l’urgence d’un nouvel exécutif qui ait la force politique de se confronter aux problèmes du pays d’ici la fin de la législature [2018]” .

Voilà donc le résultat d’une crise interne à la gauche italienne, que le Parti démocrate n’a pas su gérer avec discrétion. “#enricostaisereno” (“Enrico reste calme”), lançait à la mi-janvier Matteo Renzi depuis son compte twitter. “Je reste zen” , a répondu hier le président du Conseil. Mais finalement, la tranquillité laisse place à l’explosion aujourd’hui dans la presse. “Nous soutenons Renzi mais son indélicatesse nous donne des frissons” , affirme-t-on dans le Parti démocrate. “Enrico aurait dû démissionner en janvier” , affirme un autre membre du parti.

Les prochaines étapes

Aujourd’hui, Enrico Letta se rend au Quirinale, le palais présidentiel, auprès de Giorgio Napolitano, pour officialiser sa démission. Ensuite, le président de la République consultera les partis politiques au sujet de la formation d’un nouveau gouvernement. La décision reviendra au Parti démocrate, qui a le plus grand nombre d’élus au parlement : 111 sur 315 au Sénat et 293 sur 630 à la Chambre des députés. Matteo Renzi sera alors le successeur officiel d’Enrico Letta et pourra présenter aux sénateurs et députés son programme et son équipe.

Le nouveau gouvernement sera soutenu par l’actuelle majorité : gauche, centre et centre-droit (sans Berlusconi). Selon le quotidien La Repubblica, un gouvernement Renzi pourrait compter sur une petite dizaine de sénateurs en plus, mais les petits partis ont déjà affiché leurs conditions : “non à un gouvernement de gauche” , affirment les centristes ; “nous restons à l’opposition” , a déclaré le leader de la gauche radicale. Pour Matteo Renzi, la partie est loin d’être gagnée.

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