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Programme des autres partis : en quête de visibilité

Devant l’abondance des listes françaises qui s’offrent aux électeurs pour les Européennes - 193 au total, représentant 49 partis et courants - il est difficile de s’y retrouver. Alors que certains partis comptent sur leur force médiatique pour tirer leur épingle du jeu, d’autres misent sur des enjeux précis. Quelques partis réussissent à faire entendre leur voix au sein de la nuée.

De gauche à droite et de haut en bas : Nicolas Dupont-Aignan, Corinne Lepage, Pierre Larrouturou, Denis Payre

Multiplication des listes

Lundi 5 mai, le ministère de l’Intérieur dévoilait les options disponibles pour les élections du 25 mai. Les listes retenues, dont le nombre a augmenté de 20% par rapport à 2009, placent les citoyens dans une situation difficile étant donné la profusion de projets et programmes. Ainsi, en Ile-de-France, ce ne sont pas moins de 31 listes qui sont soumises au choix des électeurs franciliens. Le désaveu du système partisan français et des politiques menées successivement par la droite et la gauche contribuant à expliquer l’augmentation du nombre de candidatures.

Toutefois, traditionnellement, les élections européennes font toujours l’objet d’un très grand nombre de candidatures et peuvent être vues comme l’occasion, pour des mouvements politiques de faible notoriété, de se faire connaître et d’attirer l’attention de la population. En effet, pour participer au scrutin, un budget infime peut suffire et recueillir des parrainages - comme c’est le cas pour l’élection présidentielle - n’est pas nécessaire. En outre, pour être remboursé de ses frais de campagne, il « suffit » d’obtenir au moins 3 % des suffrages, contre 5 % comme c’est souvent le cas pour les scrutins nationaux.

Fédérés autour d’une figure emblématique

Présentes dans les 8 circonscriptions, les listes de Debout la République (DLR) sont fédérées autour du leur président Nicolas Dupont-Aignan qui n’est pourtant pas candidat. Crédité au niveau national de moins de 3% des intentions de vote, le parti se présente comme une alternative à l’Europe. DLR s’est positionné en faveur d’une sortie de la zone euro, ou encore du retour aux frontières nationales. Par conséquent, le parti de droite souverainiste, proche idéologiquement de UKIP (le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni) et de son leader Nigel Farage, prône une coopération renforcée entre un nombre restreint de pays d’Europe et se concentre sur des politiques économiques.

« Si facile de passer la frontière avec une kalachnikov ! Assez du laissez faire ! Vite des frontières » - tweet de Nicolas Dupont-Aignan

De son côté, Europe Citoyenne, bénéficie du soutien de l’eurodéputée sortante et ancienne ministre de l’Environnement d’Alain Juppé (1995-1997), Corinne Lepage. Actuellement membre du groupe des libéraux et démocrates européens, Corinne Lepage avait été élue en 2009 sous l’étiquette du MoDem. Concourant de manière indépendante cette année, elle a de grandes chances de ne pas retrouver son siège au Parlement de Strasbourg. Son programme, résolument pro-européen, est orienté autour de la transition énergétique, du progrès social, ainsi que de la contestation du traité de libre-échange transatlantique. Europe Citoyenne présente des listes dans les 8 circonscriptions françaises, toutes chapeautées par des femmes.

Ils émergent dans les intentions de vote

Parmi les formations politiques hors du sérail traditionnel, celle dirigée par Pierre Larrouturou, Nouvelle Donne, bénéficie d’une bonne exposition médiatique. Sa création, en novembre 2013, avait provoqué quelques remous, tant pour le Parti socialiste que pour Europe Ecologie Les Verts. De fait, si le départ de Pierre Larrouturou du PS, auteur de l’ouvrage La gauche n’a plus droit à l’erreur avec Michel Rocard, n’a surpris personne dans la mesure où il a toujours entretenu une posture de franc-tireur, d’autres personnalités se sont joints à ce mouvement. C’est le cas de deux eurodéputés : la socialiste Françoise Castex et l’écologiste Malika Benarab-Attou et d’une députée, également écologiste, Isabelle Attard. Si l’entrée de Nouvelle Donne au sein du Parlement européen est encore très incertaine, son ambition est de redynamiser la politique de gauche, militant pour faire avancer l’Europe sociale, sortir de l’austérité, combattre la finance et se lancer dans la transition écologique.

« Nous prétendons qu’on peut parvenir plus facilement à l’équilibre budgétaire avec d’autres idées, comme financer la dette à 1% en empruntant auprès de la BCE ou par le combat contre les paradis fiscaux » - Pierre Larrouturou

Autre nouveau parti politique en expansion : Nous Citoyens, lancé par l’entrepreneur Denis Payre fin 2013. Fondateur de Business Object et de Croissance Plus, Denis Payre est considéré comme l’un des entrepreneurs français les plus influents et a notamment été à l’origine des Bons de créateurs d’entrepreneur, système alternatif aux stock-options. Par le biais de Nous Citoyens, il prône la fin de la professionnalisation de la politique, éloignant selon lui les élus de l’intérêt général et souhaite rapprocher l’action de l’Etat avec la sphère privée et entrepreneuriale. Parmi les principales propositions de Nous Citoyens figurent la volonté de renforcer la démocratie européenne, de sortir des carcans technocratiques et de mettre la croissance au sommet des priorités de la politique économique et monétaire européenne.

L’Europe comme tremplin ?

Toutefois, rares sont les listes politiques à réellement tirer leur épingle du jeu face aux principaux partis en lice. Le seuil de 5 % des suffrages étant la plupart du temps impossible à atteindre. La plupart de ces « petites » listes cherchent donc davantage à se faire connaître et à mettre un enjeu spécifique au cœur du débat plutôt qu’à se faire élire. Cette année, c’est le cas par exemple du mouvement Force Vie, conduit par Christine Boutin, ou des listes Féministes pour une Europe solidaire, dont la principale tête d’affiche est Caroline de Haas.

Très présente ces derniers mois dans le combat contre le mariage pour tous et l’adoption pour les couples de même sexe, Christine Boutin, ancienne ministre de François Fillon, par le biais de Force Vie, veut prolonger cette lutte au niveau européen. Quant à Caroline de Haas, engagée au sein du PS jusqu’à avril 2014, elle défend l’égalité homme-femme en Europe et lutte contre les discriminations, dans tous les pans de la société.

De manière plus marginale ou insolite, d’autres formations politiques tentent aussi d’exister dans le cadre des élections européennes, même s’ils n’ont souvent pas les moyens ne serait-ce que d’envoyer des bulletins de vote aux électeurs. On peut ici citer des partis tels que le Parti pirate qui, à la différence de l’Allemagne par exemple, n’a pas encore percé en France, d’Europe Démocratie Espéranto, ou encore du Parti du vote blanc qui, désabusé de la politique, invite les citoyens à boycotter les élections européennes.

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