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Programme de l’Alternative (UDI-MoDem) : les centristes pour plus d’Europe

Prête juste à temps pour le début de la campagne, l’alliance UDI-MoDem se veut résolument européenne et prône un approfondissement de l’UE qui passe notamment par une fiscalité plus maîtrisée et davantage de mesures sociales. Les ambitions du centre se heurtent toutefois à certains obstacles liés au rapprochement des deux partis.

Guy Verhofstadt, candidat des libéraux et démocrates européens pour la présidence de la Commission européenne

Une campagne en manque d’élan pour un rêve de score à deux chiffres

Actée le 5 novembre 2013, l’alliance entre l’UDI (Union des démocrates et indépendants) de Jean-Louis Borloo et le MoDem (Mouvement démocrate) de François Bayrou a été baptisée d’un nouveau nom, “l’Alternative” , en accord avec ce que les deux partis entendent proposer aux citoyens lors de chaque élection. Mais c’est surtout l’Europe qui fédère ces deux formations politiques - jadis méfiantes l’une de l’autre. Lors de la conférence de presse de lancement de l’Alternative, François Bayrou l’a ainsi assuré : « la première chose qui nous rapproche, c’est l’Europe ». Toutefois, si le début de cette collaboration centriste a essuyé quelques critiques quant au nom choisi - rappelant celui du parti allemand d’extrême-droite eurosceptique Alternative für Deutschland, l’Alternative pour l’Allemagne - elle a également peiné à s’entendre sur les listes présentées. Une situation qui explique leur date tardive de publication - le 6 mars - alors que les socialistes ou les Verts avaient déjà dévoilé leurs candidats fin 2013. Au final, les deux partis ont joué la carte de l’équité dans la répartition des têtes de liste.

« Je salue la naissance d’un grand rassemblement du centre politique en France. Un tel rassemblement que j’appelle de mes vœux depuis les dernières élections présidentielles en France est indispensable » - Guy Verhofstadt

Par ailleurs, depuis le retrait de Jean-Louis Borloo pour raisons de santé, la campagne des centristes, qui a débutée le 10 avril, stagne quelque peu. Une certaine déception s’est fait ressentir lors du dernier meeting de la campagne le 18 mai, alors que l’alliance stagne à 10% des intentions de vote (contre une moyenne de 12,5% en 2009 pour le MoDem). L’omni-attention des médias pour les partis eurosceptiques, le PS et l’UMP a laissé peu de place aux centristes. L’objectif d’Alternative est néanmoins de coiffer Europe Ecologie-Les Verts et d’enregistrer un score à deux chiffres le 25 mai.

Pour une Europe plus intégrée

Européens convaincus et optimistes, l’Alternative a présenté ses listes intitulées “Les Européens” . Le programme, d’inspiration fédéraliste, s’inscrit clairement dans l’opposition face aux partis eurosceptiques et populistes. Leurs propositions s’organisent autour de cinq grands thèmes : “l’Europe du contrat social et fiscal” , “l’Europe de l’emploi et de la croissance” , “l’Europe gagnante dans la mondialisation” , “l’Europe protectrice” et “l’Europe des citoyens et des valeurs” .

« Jamais dans une élection européenne, la situation n’a été aussi radicale. On a le choix entre le démantèlement et le progrès européen » - Jean-Louis Borloo

Parmi les mesures proposées par les centristes, c’est surtout une intégration sociale et fiscale plus poussée qui est mise en avant, considérée comme une étape vitale. En effet, devant le constat d’une Europe à plusieurs vitesses, l’Alternative met sur la table le projet d’un nouveau traité de convergence sociale et fiscale. Autre proposition contenue dans ce chapitre pour régler l’épineuse question du statut des travailleurs détachés : faire payer par l’employeur les cotisations sociales du pays dans lequel est employé le travailleur. Ce positionnement semble toutefois en décalage avec le positionnement du groupe de l’ADLE, plus libéral sur cette thématique, bien que l’UDI-MoDem soutienne le candidat de ce groupe, le Belge Guy Verhofstadt, pour la présidence de la Commission européenne.

Sur le plan économique, le message que font passer les candidats se veut réaliste : l’Europe a, dans le même temps, besoin de croissance tout comme d’équilibre budgétaire qui est un prérequis à la reprise économique. Outre ces propositions, les centristes portent l’idée d’une élection au suffrage universel du président du Parlement européen, qui résulterait de la fusion des présidents de la Commission et du Conseil européen, afin de donner un visage à l’Europe. Parallèlement à cette visibilité accrue, l’idée d’élections européennes sur listes nationales et européennes viendrait pallier les limites de la démocratie européenne.

Portrait de deux candidats : Sylvie Goulard et Dominique Riquet

Sylvie Goulard (MoDem et ADLE), tête de liste dans le Sud-est, et Dominique Riquet (UDI), tête de liste dans le Nord-ouest, tous deux eurodéputés sortants sont à l’image du mariage UDI-MoDem.



Sylvie Goulard, eurodéputée sortante est tête de liste pour l’Alternative dans le Sud-est

La première est actuellement membre de la commission parlementaire des Affaires économiques et monétaires où elle a notamment participé activement au renforcement de la gouvernance économique par le biais du “six pack” . Elle a également été membre de la délégation pour les relations avec le Japon et a occupé le poste de coordinateur du groupe ADLE. Lors de ce premier mandat, elle s’est particulièrement investie dans les sujets de crise économique, d’égalité hommes-femmes, de qualité alimentaire et de lutte contre la pauvreté. Ancienne présidente du Mouvement européen France, son investissement et ses qualités de faiseuse de compromis sont salués.



Dominique Riquet, eurodéputé sortant, est tête de liste pour l’Alternative dans le Nord-ouest

Dominique Riquet (UDI et PPE), chirurgien de formation, a occupé la vice-présidence de la commission parlementaire des Transports et du Tourisme, en plus de son appartenance à la commission des budgets et à la délégation à la commission de coopération parlementaire UE-Russie. Lors de ce premier mandat il a été rapporteur du mécanisme de financement des infrastructures (transport, énergie, télécoms), de la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation, ainsi que du budget 2014.

Si l’unité UDI-Modem apparaît solide, il faut toutefois garder à l’esprit les aspirations individuelles des partis qui ont pu être notamment observées lors des élections municipales : le MoDem dans une posture d’indépendance et l’UDI assez proche de l’UMP. Cette ligne de partage est également observable au sein des 11 eurodéputés sortants des deux partis puisque, en effet, les eurodéputés MoDem appartiennent au groupe ADLE tandis que leurs collègues de l’UDI siègent actuellement avec le PPE. Se pose dès lors la question du ralliement des futurs eurodéputés centristes au sein du Parlement européen. Marielle de Sarnez (MoDem) l’assure : le soutien à Guy Verhofstadt est total, mettant en avant sa grande expérience du compromis. Il fut en effet Premier ministre de Belgique pendant 9 ans. Néanmoins, individuellement, certaines personnalités pourraient être tentées de gagner les rangs du Parti populaire européen, dont l’UMP est membre, comme Dominique Riquet, qui vise la présidence de la commission Transport et qui était tête de liste de l’alliance du centre et de la droite dans le Nord-ouest il y a 5 ans.

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