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Primaire de la gauche : les quatre principaux candidats étaient pour le “non” à la constitution européenne en 2005

Il ne manque plus qu’eux. Après Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, candidats déclarés de longue date, Emmanuel Macron ou encore François Fillon, sorti vainqueur de la primaire de la droite et du centre, c’est au tour de la gauche de se choisir un(e) champion(ne) pour 2017. Jean-Luc Bennahmias, Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls : ils sont sept sur la ligne de départ de la primaire des 22 et 29 janvier, baptisée La Belle alliance populaire. S’agissant de l’Europe, les candidats à la candidature sont nombreux à vouloir réformer en profondeur son fonctionnement, dénonçant une dérive libérale et austéritaire.

Primaires de la gauche

Depuis le 17 décembre, le casting de la primaire de la Belle alliance populaire (BAP) est connu. Les candidatures de Gérard Filoche et Fabien Verdier ayant été rejetées, faute des parrainages nécessaires, ils seront donc sept sur la ligne de départ. Le même nombre, assez élevé, que pour la primaire de la droite et du centre en novembre. Et avec une incertitude encore plus importante dans la hiérarchisation des favoris.

Depuis l’annonce du forfait de François Hollande le 1er décembre, la primaire de la gauche a en effet pris une dimension particulière. Désormais, il ne sera plus question d’évincer le président sortant, suscitant un fort rejet de l’opinion un peu à l’image de Nicolas Sarkozy, mais bien de se choisir une ligne politique claire et, si possible, unifiée. Ce qui manque pour l’heure cruellement à la gauche après quatre années et demi d’exercice compliqué du pouvoir.

En la matière, au vu des premières déclarations, pour l’heure souvent encore embryonnaires, l’Europe ne devrait pas être une pierre d’achoppement trop importante entre les sept candidats de la BAP. Et ainsi, au minimum, ne pas constituer un facteur de division supplémentaire.

Changer l’Europe “au forceps”

De fait, les quatre favoris que sont Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Manuel Valls, s’étaient tous prononcés contre le projet constitutionnel européen de 2005, faisant valoir une conception trop libérale de la construction européenne. Onze ans plus tard, la donne n’a que peu changé. Les quatre hommes, autrefois présentés comme la relève du Parti socialiste, critiquent encore aujourd’hui cette vision de l’Europe, à laquelle s’est ajoutée, à la faveur de la crise économique et financière de 2008, une orthodoxie budgétaire qu’ils rejettent également.

En la matière, Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement productif puis de l’Economie sous les gouvernements Ayrault et Valls, est le plus virulent. Se proposant de changer l’Europe “au forceps”, M. Montebourg, qui ne s’était que mollement élevé contre la non-renégociation du Pacte budgétaire par François Hollande en 2012, dénonce une Union européenne “construite contre les peuples, autour d’un projet libéral, qui se traduit par l’obsession de la réduction des déficits publics et de la dette”. Et l’élu de Bourgogne de critiquer les politiques d’austérité menées en Europe. Des choix selon lui “idéologiques et non économiques”.

Pour Manuel Valls, le tableau n’est guère plus favorable à Bruxelles. En déplacement à Berlin en novembre dernier, celui qui était encore Premier ministre de François Hollande prévenait en effet que l’Europe “peut mourir”, plaidant pour une “mondialisation au service du peuple”, ainsi que pour l’assouplissement de la politique budgétaire de l’Allemagne.

Dans la même mouvance, sur son site de campagne, Benoit Hamon écrit : “Qu’il semble loin cet idéal d’une Europe solidaire et démocratique quand l’Union européenne ne s’enthousiasme plus que pour le libre-échange et la mise en concurrence des services publics”.

De gauche à droite : Jean-Luc Bennahmias, Benoit Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls

Une alliance des gauches européennes ?

L’ensemble des sept candidats de la gauche désire par conséquent changer le fonctionnement de l’Union européenne, certains cherchant même à se placer à l’avant-garde de la constitution d’une nouvelle voie, socialiste, en Europe. C’est le cas notamment de Benoit Hamon qui, de manière assez inhabituelle, place la politique européenne parmi les priorités de son projet présidentiel. “Soyons honnêtes”, écrit-il sur son site, “il n’y aura ni harmonisation fiscale, ni transition écologique, ni convergence sociale, ni politique coordonnée d’accueil des réfugiés, ni fin de l’austérité sans la constitution d’une alliance des gauches européennes au Parlement européen et au Conseil”. Pour l’ancien ministre de l’Education, le sursaut européen ne pourra être que collectif.

Une vision assez largement partagée par François de Rugy ou encore Jean-Luc Bennahmias, représentants de courants écologistes séparés d’Europe Ecologie-Les Verts. Le premier souhaite en effet “faire du Parlement européen le cœur de la démocratie européenne”, tandis que le second se dit favorable à “un véritable budget européen”, et à l’établissement d’une “Europe fédérale moins centrée sur la zone euro”.

Egalement proche de cette conception de l’intégration européenne, Vincent Peillon, eurodéputé et autre ancien ministre de l’Education, dont l’absentéisme et le manque d’implication au Parlement européen sont régulièrement vilipendés, défend l’idée d’une Europe unie qui “taxe tous les produits qui veulent entrer en Europe sans respecter ses valeurs”, qui “dit où sont ses frontières”, qui “choisit avec qui elle veut commercer dans le monde”, et qui “est capable de dire ‘non’ lorsque le compte n’y est pas”.

Voulons-nous être la génération qui aura “enterré le projet européen” ?

Interrogé sur France Inter, M. Peillon a également tenu à attaquer le positionnement davantage souverainiste de Manuel Valls qui revient, selon lui, à rejeter l’intégration par le biais de transferts de souveraineté.

Prônant effectivement plutôt l’idée d’une Union européenne dirigée par les chefs d’Etat et de gouvernement, et où les Etats membres conservent d’importantes prérogatives, l’ancien Premier ministre cherche également à se placer, au gré de ses interventions, en défenseur du “projet européen”. “La construction européenne aura fait rêver au moins deux générations”, avait-il par exemple déclaré le 7 octobre dernier lors du 20e anniversaire de l’institut Jacques Delors. “Que voulons-nous ? Etre celle qui aura enterré le projet européen ?”, avait-il interrogé.

La ligne souverainiste, dont la principale figure de proue à gauche a longtemps été Jean-Pierre Chevènement, est aujourd’hui en effet davantage incarnée par Arnaud Montebourg que Manuel Valls. Rarement avare de critiques, M. Montebourg a notamment qualifié l’Europe de “passoire dans la mondialisation” et “d’îlot de naïveté dans le monde”. Devenue, pour le grand promoteur du “made in France” , un “monstre bureaucratique” délaissant “les sujets pour lesquels elle serait précieuse”, comme l’industrie, la recherche ou l’investissement, “pour s’ingérer dans la vie des nations là où elle est inutile et même pernicieuse” : la “teneur en beurre de cacao dans le chocolat ou le “commerce du fromage de chèvre” par exemple.

Débats télévisés les 12, 15 et 19 janvier

Loin de la défense enthousiaste d’un projet européen positif à la Emmanuel Macron - par ailleurs taxé d’ “eurobéat” par Vincent Peillon - mais rejetant toute perspective de sortie de l’Union européenne - à l’inverse de Jean-Luc Mélenchon à gauche - les sept candidats de la BAP ont encore cinq semaines pour préciser leur programme européen. Prévus pour les 12, 15 et 19 janvier, les débats télévisés seront à cet égard cruciaux pour permettre aux électeurs de trancher entre les différents diagnostics des dysfonctionnements de l’Europe et projets pour améliorer son efficacité et l’adhésion des citoyens.

A considérer toutefois que l’Europe occupe une place plus substantielle que lors des débats de la primaire de la droite et du centre, dont elle fut très largement absente.

Par Jules Lastennet

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