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Pierre Moscovici, prochain commissaire européen français

François Hollande aura finalement attendu le dernier moment. Après des semaines de tractations, Pierre Moscovici, grand favori depuis son éviction du ministère de l’Economie, a battu ses concurrentes : Elisabeth Guigou et Pervenche Berès. Il postule désormais à un poste clé de vice-président de la Commission, chargé des affaires économiques. Une autre paire de manches dans la mesure où l’Allemagne se montre réticente à confier cette fonction à un Français.

Pierre Moscovici

Un parachute doré après le remaniement ?

Mardi 29 juillet, le président de la République a officialisé la candidature de Pierre Moscovici comme prochain commissaire européen français. Ce poste lui semblait promis depuis le 1er avril dernier. Non reconduit au poste de ministre de l’Economie après le remaniement gouvernemental et l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, Pierre Moscovici s’était entretenu avec François Hollande et avait obtenu, en guise de belle compensation, la promesse de son soutien pour devenir le prochain commissaire français.

Ancien ministre des Affaires européennes (1997-2002, record de longévité à ce poste), ancien député européen (1994-1997, puis 2004-2007) et ancien vice-président du Parlement européen, Pierre Moscovici n’a jamais caché son appétence pour l’Europe et son ambition à occuper une haute fonction au sein des institutions. En tant que ministre de l’Economie, il s’est d’ailleurs montré plus à l’aise lors des négociations internationales et des conseils Ecofin - réunions des ministres européens de l’Economie - que pour orchestrer Bercy qui, sous sa direction, comportait trois ministres et deux secrétaires d’Etat.

Pour tracer sa route vers Bruxelles, Pierre Moscovici s’est immédiatement placé comme le choix naturel, reléguant au second plan Elisabeth Guigou. Ancien ministre des Affaires européennes elle aussi, actuellement présidente de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, cette dernière était également candidate. Un recours d’autant plus plausible qu’elle aurait pu remplacer Catherine Ashton au poste de Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et accroître le nombre de femmes au sein de la Commission.

Fraichement intronisé président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker avait d’ailleurs fait de la parité homme-femme son premier cheval de bataille. Un combat qui relançait également la possible nomination de Pervenche Berès, députée européenne depuis 1994, spécialiste des questions économiques et d’emploi. Mais qui n’aura donc pas été entendue par François Hollande.

Pierre Moscovici, commissaire européen à la Relance de la croissance ?

La candidature de M. Moscovici actée, reste dès lors à lui octroyer un poste à la mesure de son ambition et de celle de la France. Pour François Hollande, il est clair que Jean-Claude Juncker doit offrir à son protégé un portefeuille important, à dimension économique et, si possible, en position de vice-président de la Commission. Toutefois, dans la mesure où la France n’est pas considérée comme un pays ayant fait ses preuves sur le terrain de la rigueur budgétaire, l’Allemagne pourrait s’opposer à une telle nomination. Par conséquent, Paris pourrait se ranger aux portefeuilles de la Concurrence, de la “Relance de la croissance de l’Investissement” (poste qui n’existe actuellement pas), voire de l’Energie ou du Numérique - deux compétences moins en vue, mais aux marges de manœuvre et à l’intérêt stratégique certains.

En tout état de cause, le choix de Pierre Moscovici par le président de la République ne règle pas tous les problèmes de Jean-Claude Juncker, loin s’en faut. Le nouveau président de la Commission européenne, qui souhaite que la question des nominations soit réglée le 30 août prochain, à l’occasion du Conseil européen extraordinaire réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement, n’a plus qu’un mois pour mener cette tâche à bien.

Outre la question de la parité, qui apparaît en l’espèce insolvable tant les Etats membres de l’UE semblent peu enclins à proposer des femmes, il lui faut assurer un certain équilibre gauche-droite et assurer des postes importants à l’Italie et au Royaume-Uni. Matteo Renzi insiste, lourdement, pour que Federica Mogherini devienne la nouvelle Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères. Les pays d’Europe de l’Est s’y opposent en raison de sa politique conciliante à l’égard de la Russie. Tandis que David Cameron a quant à lui choisi Jonathan Hill, personnalité relativement inexpérimentée, comme prochain commissaire britannique.

In fine, il reviendra au Parlement européen d’approuver l’ensemble de la Commission Juncker. Tout sauf une formalité en l’état actuel des négociations.

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