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Pauvreté : 72 millions d’Européens touchés

Au sein de l’UE, 72 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté relative, soit plus d’un habitant sur 6. Si ce nombre est en baisse depuis 2016, l’année 2020 pourrait le voir augmenter à nouveau en raison de la crise liée au Covid-19. Comment l’Union européenne et les Etats membres font-ils face à la pauvreté ?

72 millions

Au niveau européen, le seuil de pauvreté correspond le plus souvent à 60 % du revenu médian. Le taux de pauvreté désigne donc la proportion d’individus dont le revenu est inférieur à ce seuil. Il est à noter qu’il s’agit d’un seuil de pauvreté relative, ou monétaire, et non absolue. Ce qui signifie qu’une personne se trouvant sous ce seuil n’est pas nécessairement pauvre si l’on se réfère à la pauvreté absolue, indicateur retenu pour les pays en développement, mais pauvre en comparaison avec le reste de la population. Pour éviter la confusion, l’institut européen de statistiques Eurostat parle d’un “taux de risque de pauvreté” dans ses travaux en lien avec le taux de pauvreté.

Eurostat estime à 72 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté relative (60 % du revenu médian) dans l’Union européenne (à 27, sans prendre en compte le Royaume-Uni) en 2019, soit 16,5 % de la population.

La Roumanie (23,8 % en 2019), la Bulgarie (22,6 %) l’Espagne (20,7 %) et la Lituanie (20,6 %) ont les taux de pauvreté monétaire les plus élevés en Europe.

De l’autre côté du spectre, la République tchèque (10,1 %), la Finlande (11,6 %) ou le Slovénie (12,0 %) figurent parmi les moins touchés. Le niveau de pauvreté de la France se situe au-dessous de la moyenne européenne, avec un taux à 13,6 %.

Risque d’exclusion sociale

Sans être considérée comme pauvre, une personne peut se retrouver en situation de risque d’exclusion sociale, que l’on estime par le biais de deux autres indicateurs. D’abord par la situation de privation matérielle sévère, c’est-à-dire une incapacité durable à couvrir certaines dépenses. Ensuite par l’intensité du travail dans un ménage. Il s’agit du rapport entre le nombre de mois durant lesquels les membres du ménage “actifs” ont effectivement travaillé, par rapport au nombre de mois durant lesquels ils auraient pu travailler.

Selon les données d’Eurostat, environ 92,4 millions de personnes - soit 21,1 % de la population de l’UE (à 27) - étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2019. Ce nombre comprend donc les individus vivant sous le seuil de pauvreté relative, auxquels s’ajoutent ceux en situation de risque d’exclusion sociale (les personnes dont le profil correspond aux deux situations n’étant comptées qu’une fois). On peut relever une baisse de 16,3 millions d’individus par rapport au nombre de personnes en risque d’exclusion en 2012.

Le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale touche particulièrement les jeunes et les femmes. Pour ces dernières, ce risque est de 22 % contre 20,2 % pour les hommes en 2019. La part des jeunes entre 18 et 24 ans concernés par cette situation se situe quant à elle à 27,8 %.

Les mesures mises en place par les Etats membres

Les politiques sociales relèvent avant tout de la compétence des Etats membres et c’est donc à leur niveau que se joue en premier lieu la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Si les pays de l’UE ont des approches différentes en la matière, Eurostat note que les transferts sociaux ont un rôle important dans la réduction de la pauvreté monétaire. D’après l’institut de statistiques, ces derniers ont ainsi pu permettre de passer d’un taux de pauvreté relative de 24,5 % (avant transferts sociaux, à l’exception des pensions) à 16,5 % une fois effectués, soit un recul de 8 points.

Dans les meilleurs des cas, les transferts sociaux ont fait reculer le taux de pauvreté relative de 16 points en Irlande (données de 2018), de 13,5 points en Finlande et de 12,9 points en Autriche.

Que fait l’UE pour lutter contre la pauvreté ?

L’Union européenne complète l’action des Etats membres par plusieurs initiatives, qui visent à renforcer leur coopération dans le domaine social.

La Stratégie Europe 2020 - le programme de l’Union européenne en faveur de la croissance et de l’emploi - se focalise plus spécifiquement sur la lutte contre la pauvreté. Elle a fixé pour la première fois un objectif chiffré : réduire d’au moins 20 millions le nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale. La première priorité de cette stratégie étant de favoriser l’emploi, bien que le lien entre pauvreté et chômage ne soit pas systématique.

Le Fonds social européen (FSE), doté de 80 milliards d’euros pour la période 2014-2020, accompagne pour sa part les demandeurs d’emploi et les inactifs vers le travail. Il soutient notamment à ce titre des structures d’insertion par l’activité économique. Le FSE se concentre particulièrement sur les jeunes de moins de 30 ans, qui sont les plus concernés par la pauvreté. A cet effet, le FSE et l’Initiative européenne pour la jeunesse (IEJ) cofinancent la mise en place de parcours spécifiques d’insertion professionnelle.

En 2000, l’UE a également lancé une Méthode ouverte de coordination (MOC) via laquelle les Etats coordonnent leurs politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cependant de nombreuses critiques ont été émises sur son fonctionnement, pointant pour certaines le manque d’implication des acteurs de la MOC.

Si Eurostat constate une tendance à la baisse du nombre de personnes en situation de pauvreté monétaire dans l’UE depuis 2016, la crise liée au Covid-19 conduit à une précarisation de nombreux Européens, ce qui pourrait provoquer une nouvelle augmentation du taux de pauvreté.

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