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Martin Schulz, président du Parlement européen, quittera son poste en janvier

Le suspense a finalement pris fin jeudi 24 novembre. Après quelques semaines d’incertitudes et de suppositions, Martin Schulz, président du Parlement européen depuis 2012, a levé le doute sur son avenir, annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat consécutif de deux ans et demi. Membre du Parti social-démocrate allemand, il a également officialisé son retour à la vie politique de son pays. Pour prendre sa succession à la tête du Parlement, plusieurs candidats sont d’ores et déjà déclarés, dont le Républicain Alain Lamassoure.

Martin Schulz (c) Parlement européen

Martin Schulz, futur candidat à la chancellerie allemande ?

L’avenir de Martin Schulz était sur toutes les lèvres au Parlement européen depuis quelques semaines. Détenant déjà le record de longévité à la tête de l’institution et ayant promis de céder sa place à un membre du Parti populaire européen (PPE, centre-droit) à mi-législature (2014-2019), l’éventualité de briguer une nouveau bail de deux ans et demi n’était toutefois pas écartée. Depuis le 24 novembre, c’est chose faite. Le président du Parlement européen a annoncé qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession lors du vote interne, qui doit avoir lieu le 17 janvier.

Sur le plan personnel, comme le supputait la presse, M. Schulz s’apprête à délaisser les affaires européennes - il est eurodéputé depuis 1994 - pour poursuivre sa carrière politique en Allemagne. Membre du Parti social-démocrate (SPD, centre-gauche), il en sera la tête de liste en Rhénanie-Du-Nord-Westphalie lors des prochaines élections législatives allemandes de l’automne 2017.

En ligne de mire pour Martin Schulz, connu pour être un fin tacticien, la possible direction générale de son parti face au Parti chrétien-démocrate (CDU) d’Angela Merkel. Son actuel dirigeant, Sigmar Gabriel, ministre de l’Economie dans le cadre de la grande coalition gauche-droite au pouvoir, n’ayant pas encore été confirmé dans ses fonctions. Le SPD devrait se prononcer sur cette question en janvier prochain.

En outre, Martin Schulz pourrait également profiter du départ de Frank-Walter Steinmeier, autre poids lourd du centre-gauche allemand, de son poste de ministre des Affaires étrangères. L’actuel chef de la diplomatie étant appelé à devenir président de la République - un poste essentiellement honorifique outre-Rhin. Le président sortant du Parlement européen est pressenti pour lui succéder.

Alain Lamassoure concurrencé par Manfred Weber ?

Jeu de chaises musicales à Berlin et à Bruxelles donc. Convaincus que l’accord signé par M. Schulz selon lequel la présidence du Parlement européen reviendrait à la droite à mi-mandat serait respecté, plusieurs membres du PPE sont d’ores et déjà sur les rangs. Parmi ces derniers : Alain Lamassoure, 72 ans, plusieurs fois ministre et chef de la délégation des eurodéputés LR jusqu’à octobre dernier. Considéré comme un conservateur modéré et bénéficiant d’une solide réputation parmi les eurodéputés, M. Lamassoure, qui siège à Strasbourg depuis 1999, a de sérieuses chances d’obtenir le poste. Très actif, il a notamment été le président de la commission spéciale chargée d’enquêter sur l’affaire LuxLeaks en 2014.

Face à lui, se dresseront toutefois trois autres députés conservateurs au moins. L’Italien Antonio Tajani d’abord. Actuel premier vice-président du Parlement européen, l’ancien commissaire à l’Industrie (2008-2014) pourrait toutefois pâtir de sa possible implication dans le scandale du Dieselgate et de sa proximité politique avec Silvio Berlusconi. L’Irlandaise Mairead McGuinness ensuite. Ancienne journaliste jouissant d’une réputation équivalente à celle d’Alain Lamassoure, Mme McGuinness devra composer avec un certain déficit de notoriété, mais aurait le double ‘avantage’ d’être une femme et d’être originaire d’un pays particulièrement concerné par le Brexit. Et le Slovène Alojz Peterle enfin, dont les chances devraient être minces.

Mais à ces quatre candidats conservateurs déclarés pourrait s’ajouter un cinquième, en la personne de l’Allemand Manfred Weber, à l’heure actuelle président du groupe PPE. Jusqu’ici appelé à conserver cette position, son nom revient toutefois avec insistance depuis plusieurs jours. Très certainement à même de surpasser la concurrence de ses collègues conservateurs, M. Weber pourrait en revanche avoir davantage de difficultés à gagner le soutien des autres groupes politiques européens. Membre de la CSU, parti bavarois affilié à la CDU, ses positions sur les sujets économiques - il défend une stricte discipline budgétaire - ou encore de migrations - sa formation politique se montre très critique à l’égard de la politique d’ouverture défendue par Angela Merkel - sont très éloignées de celles de l’ensemble de la gauche au Parlement européen.

Or, du choix du PPE pour le représenter lors de cette élection pourrait dépendre celui du groupe des socialistes et démocrates (S&D), tenté également de désigner un candidat. Pour l’heure, ces derniers ne se sont pas prononcés mais rien n’indique qu’ils se sentiront tenus de respecter l’accord passé par Martin Schulz avec le PPE.

Les trois institutions européennes simultanément présidées par un conservateur ?

De cette manière, au-delà du choix des hommes et des femmes aux postes clés du Parlement européen se joue, avec le départ de M. Schulz, la possible remise en cause de la ‘grande coalition’ gauche-droite actuellement en vigueur à Bruxelles. Actée au lendemain des élections européennes de mai 2014, elle avait permis la répartition des rôles entre les deux principales formations politiques : la présidence de la Commission revenant à Jean-Claude Juncker et le Parlement restant donc présidé par Martin Schulz. Un partenariat susceptible d’être aujourd’hui dénoncé, une partie substantielle du groupe des socialistes et démocrates estimant ne pas y trouver leur compte sur le plan politique.

Ces derniers seraient en outre très probablement irrités de voir les trois institutions de l’Union européenne simultanément présidées par des conservateurs. De fait, outre M. Juncker à la Commission européenne, Donald Tusk est l’actuel président du Conseil européen. L’officialisation du départ de Martin Schulz ne met donc pas fin aux tractations politiciennes à Bruxelles. Elles battent au contraire leur plein.

Par Jules Lastennet

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