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  • Synthèse

Les éco-quartiers : un modèle de développement durable pour les grandes villes européennes ?

Depuis 2008, les urbains représentent plus de la moitié de la population mondiale et 80 % de la population européenne. Bien que la production de CO2 par habitant des citadins soit généralement inférieure à celle des ruraux, les besoins des villes représentent plus de 70 % de la production mondiale de dioxyde de carbone, production qui a battu des records en 2013. Réduire ces émissions constitue à la fois un enjeu de santé publique et un puissant levier contre le dérèglement climatique. L’une des réponses à ce problème semble se trouver dans les éco-quartiers voire éco-villes, qui se sont multipliés partout dans le monde ces dernières années, et notamment en Europe.

Quartier BedZed, Sutton, Royaume-Uni

L’Allemagne : pays pionnier de l’écologie urbaine

La ville de Berlin est l’une des plus “écoresponsables” d’Europe en termes de transports (l’usage du vélo et des transports en commun est largement incité), de tri des déchets ou encore d’espaces verts (qui représentent 40 % de sa superficie). Un éco-quartier s’est développé au nord de la ville, à Pankow : le complexe résidentiel d’Heinrich-Böll.

La construction des bâtiments a commencé en 1999, et compte actuellement 650 logements. La spécificité principale de ceux-ci est leur très faible production de dioxyde de carbone, un résultat obtenu à la fois grâce aux panneaux photovoltaïques posés sur les toits, et à une optimisation de l’isolation des bâtiments. Mais l’écologie urbaine ne s’arrête pas là : le tri des déchets est particulièrement développé (ordures ménagères, matériaux réutilisables, compost, papier, verre), et l’eau de pluie récoltée est en partie acheminée vers un bassin d’infiltration qui alimente la nappe phréatique. Bilan : depuis 1999, plus d’un million de kilos de CO2 a été économisé.

Cependant, cet éco-quartier n’est ni le plus connu, ni le plus abouti d’Allemagne. Par exemple, le quartier de Vauban à 4km du centre-ville de Fribourg est l’un des plus grands d’Europe : il compte 15 000 habitants sur près de 40 hectares. Sa construction a commencé en 1994, à l’emplacement d’une ancienne caserne, initialement destiné à un projet de centrale nucléaire. Certains logements produisent davantage de CO2 qu’ils n’en consomment (les maisons à énergie positive), tandis que d’autres optimisent leur empreinte carbone notamment grâce aux panneaux solaires, aux toitures végétalisées, ou encore à des techniques d’isolation et de ventilation. L’un des aspects qui fait le succès de ce quartier est son plan d’urbanisme, pensé pour favoriser au maximum les transports en commun et la “circulation douce” (le vélo ou la marche à pied).

D’un point de vue général, les éco-quartiers d’Allemagne s’inscrivent tous dans une politique écologique nationale, mais ne concernent pour le moment pas des zones très densément peuplées.

BedZed en Grande Bretagne : repenser la ville et ses diverses fonctionnalités

Suite à la publication de son Agenda 21 en 1996, la ville de Sutton (un district situé au sud de Londres) a également pris l’initiative de développer un quartier “environmentally friendly” (soucieux de l’environnement). De cette initiative est né BedZed (Beddington Zero Energy Development) : le premier et plus grand éco-quartier britannique.

Par rapport aux quartiers de Pankow ou de Fribourg, BedZed est non seulement constitué d’une zone résidentielle de 82 appartements, mais aussi de 1600 m² d’espaces de bureaux ainsi que d’une partie commerciale. BedZed parvient donc à alimenter toutes les fonctions d’une ville sans aucune énergie fossile, et donc avec un bilan carbone au moins neutre. L’un des succès du quartier de BedZed fut de démontrer qu’il est possible de concilier écologie et mode de vie confortable, le niveau de vie des résidents étant plutôt élevé.

Métropoles écologiques européennes : mythe ou réalité ?

Ces initiatives très localisées ne répondent cependant pas à une problématique majeure : comment rendre écologiquement soutenable une métropole à fort patrimoine historique et déjà très densément peuplée ?

Les éco-quartiers correspondent à une logique de rénovation, que l’urbanisme oppose à la réhabilitation. Détruire puis reconstruire n’est évidemment pas envisageable pour la très grande majorité des métropoles européennes, qui doivent toutefois baisser leur production de CO2 si elles souhaitent atteindre l’objectif des -20 % d’ici 2020.

En mai 2010, le Comité économique et social européen a adopté une recommandation exprimant la “nécessité d’appliquer une approche intégrée à la réhabilitation urbaine” . Le comité y préconise l’optimisation énergétique des bâtiments déjà existant ou le développement des transports en commun, suggestion dont les effets concrets sont encore difficilement mesurables.

La ville de Copenhague a néanmoins prouvé l’efficacité du volontarisme en la matière et des programmes de réhabilitation. Les émissions de CO2 ont en effet été réduites de 30 % par rapport aux niveaux de 1990 dans la capitale danoise. Un type d’opération toutefois onéreux, ce qui qui, dans le contexte économique actuel, tend à expliquer son faible succès auprès des pouvoirs publics jusqu’à présent.


* Article écrit dans le cadre d’un projet collectif avec Sciences Po Paris, dont les participants sont Hugo Lequertier, Abderrazak Ouassat, Lucile Rogissart et Claire Sandevoir

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