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Le Royaume-Uni à un tournant de sa relation avec l’Union européenne

A quelques heures des résultats des élections législatives britanniques, l’Europe a les yeux rivés sur le Royaume-Uni. En cas de nouveau mandat, le Premier ministre conservateur sortant David Cameron a promis d’organiser un référendum sur la place de son pays dans l’Union européenne. Une perspective qui n’enchante guère le reste de l’UE et qui symbolise la singularité historique de ce pays en Europe. Présent à Londres pour suivre les derniers jours de la campagne, Toute l’Europe a rencontré Thomas Raines, directeur du programme Europe au sein du think tank Chatham House.

Sur le fond, les grands partis politiques britanniques ont des programmes comparables concernant l’Europe. Sur la forme, ils sont en revanche aux antipodes. Conservateurs et travaillistes veulent tout autant changer l’Europe et revoir les conditions de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne. Mais alors que David Cameron entretient un discours très offensif, susceptible de braquer ses partenaires, Ed Miliband répète à l’envi qu’il n’entend pas sortir de l’Union et qu’il s’efforcerait de proposer des réformes qui seront dans l’intérêt des 28 et pas seulement de son pays.

« Les grands partis ont des programmes très similaires concernant leur volonté de changer l’UE », explique ainsi Thomas Raines, directeur du programme Europe à Chatham House. « Ils veulent tous deux une implication accrue des parlements nationaux, la réforme du budget de l’UE, ou encore la réduction de l’activité législative issue de la Commission européenne ».

Par conséquent, cette élection va principalement déterminer la méthode avec laquelle le Royaume-Uni va s’attaquer à la réforme du fonctionnement de l’Union européenne. En cas de réélection, David Cameron devra s’employer à proposer des mesures constructives s’il souhaite accomplir ses objectifs. D’autant que sur de nombreux sujets, le Premier ministre sortant peut tout à fait obtenir gain de cause. « Sur l’amélioration de la compétitivité, la création d’emplois, la réforme du marché unique, la libéralisation des services : le Royaume-Uni n’est pas seul en Europe », soutient Thomas Raines.

La seule véritable « ligne rouge » sera la remise en cause de la liberté de circulation des travailleurs, qui n’accepteront jamais les Européens. « David Cameron l’a bien compris », précise Thomas Raines. « Il ne parle pas de quotas ou de seuils. Il propose plutôt d’étendre la durée de cotisation avant de pouvoir bénéficier des prestations ». Une mesure qui ne suppose pas de modification de la législation européenne ou de discrimination envers une ou plusieurs nationalités.

Tout l’enjeu, en cas de reconduction des conservateurs au pouvoir, sera donc de trouver un équilibre entre les intérêts britanniques et les concessions que le reste de l’Union européenne sera susceptible d’accorder. « Le Royaume-Uni a des arguments à faire valoir », poursuit Thomas Raines : « c’est un contributeur net au budget européen et c’est une grande économie prospère qui représente environ 15% du marché unique ». Malgré tout, créer un précédent serait dangereux pour l’UE, avec la possibilité de voir d’autres Etats membres réclamer pareilles concessions ou spécificités. David Cameron pourrait donc avoir à se contenter de mesures plus symboliques.

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