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[Le Récap’ des Européennes] Des partis en quête de candidats, l’extrême droite domine les sondages

En 2019, Le Récap’ change de format : chaque semaine, nous vous proposons désormais de faire le point sur la campagne des élections européennes, qui approchent à grands pas. A quatre mois du scrutin, plusieurs partis peinent à s’organiser à droite comme à gauche. Tandis que les souverainistes européens cherchent à s’allier, le Rassemblement national, lui, atteint 24% des intentions de vote selon l’Ifop, devant La République en marche (18%).

De gauche à droite : Ségolène Royal, Thierry Mariani, Jordan Bardella, Luigi di Maio
De gauche à droite : Ségolène Royal, Thierry Mariani, Jordan Bardella, Luigi di Maio - Crédits : comptes Facebook officiels
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2019 sera une année cruciale pour l’Union européenne : les élections pour renouveler le Parlement européen ont lieu du 23 au 26 mai, soit dans un peu plus de quatre mois. Et pourtant, chez plusieurs partis français, notamment Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS), le scrutin s’apparente à un véritable casse-tête. Tous deux sont en grande difficulté dans les sondages : si LR conserve pour l’instant sa troisième place avec 11% des intentions de vote, les socialistes récolteraient péniblement 4,5% des voix… Et le choix des listes s’avère d’autant plus complexe que les deux partis peinent chacun à (se) rassembler derrière une ligne européenne claire.

PS et LR en quête de liste et de ligne

Au Parti socialiste, on a enfin obtenu la réponse de Ségolène Royal : l’ancienne ministre de l’Écologie et candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 a annoncé, vendredi 11 janvier sur France Inter, qu’elle ne concourrait pas aux Européennes de 2019. Celle-ci dit avoir conditionné sa décision à un éventuel rassemblement des partis de gauche. Mais après avoir d’abord essuyé le refus des Verts puis, le 7 janvier, du mouvement Génération.s mené par Benoît Hamon, elle préfère “reprend[re] sa liberté” . “Voir que l’on n’est pas capable de s’unir au niveau de la gauche, des démocrates et des écologistes, c’est assez désolant” , a-t-elle commenté.

A gauche, c’est donc une campagne pour le moins divisée qui s’annonce. La France insoumise (LFI), seul parti politique qui a déjà divulgué les 79 membres de sa liste, a déjà lancé fin décembre sa propre émission sur Youtube intitulée “Le peuple à Bruxelles” afin de présenter ses idées et ses candidats.

La préparation de la campagne est tout aussi confuse chez Les Républicains, qui commencent à voir poindre la possibilité d’un score à un chiffre, note RTL, et où les positions européennes de Laurent Wauquiez ont du mal à faire consensus au sein du parti…

Ainsi Thierry Mariani, ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, a annoncé mardi qu’il quittait LR pour rejoindre, en bonne position, la liste du Rassemblement National. Ce dernier affirme conserver ses convictions : “finalement, le RPR d’hier, c’est le RN d’aujourd’hui et j’en tire donc les conséquences en restant fidèle à nos idées” , estime-t-il. L’ancien député, qui a les yeux de Chimène pour la Russie de Vladimir Poutine, a plusieurs fois déclenché des polémiques, notamment lors de ses rencontres avec le dictateur syrien Bachar al-Assad.

Autre défection, mais pour des motifs opposés : celle de l’ancien Premier ministre Alain Juppé, qui n’a pas renouvelé son adhésion aux Républicains. Car “sur les thèmes de fond, il y a des moments où je me demande qui j’entends à la radio ? Un membre de LR ou de RN ?” , fait-il mine de s’interroger. Si l’ancien Premier ministre a rapidement fait taire les rumeurs de candidature aux Européennes sur une liste LaREM, ses louanges vis-à-vis du chef de l’Etat semblent plus appuyées depuis quelques jours. Tout comme l’actuel commissaire européen Pierre Moscovici et le sénateur Jean-Pierre Raffarin, le maire de Bordeaux a participé fin novembre à un dîner à l’Élysée en compagnie de plusieurs membres de la majorité présidentielle.

LaREM annoncera sa liste “vers la fin février

De son côté, La République en marche (LaREM) n’a pas non plus de tête de liste, alors que l’exécutif est englué dans une crise politique et sociale dont l’issue semble incertaine. Le délégué général du parti majoritaire Stanislas Guérini a cependant indiqué le 6 janvier qu’une “personnalité de poids (…) capable grâce à sa compétence de porter des combats européens” pourrait diriger la liste, y compris hors des rangs du parti. Il a également annoncé que la liste serait dévoilée “vers la fin février” et la campagne du parti lancée “vers le mois de mars” .

Quoi qu’il en soit, les élections européennes sont-elles une véritable préoccupation pour les partis politiques, s’interrogeait fin décembre France Culture ? Alors que ces dernières attiraient initialement “les grands leaders” , les premières têtes de liste nommées sont particulièrement jeunes et peu connues du grand public : Manon Aubry pour La France insoumise est âgée de 29 ans, le potentiel leader de la liste LR, François-Xavier Bellamy, a 33 ans…

Le Rassemblement national - très silencieux ces derniers mois, mais largement en tête des intentions de vote - a aussi confirmé le 7 janvier la nomination à la tête de sa liste du très jeune Jordan Bardella, âgé de 23 ans et membre du Conseil régional d’Ile-de-France. Le RN vante par ailleurs ses origines italiennes pour mieux afficher sa proximité avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini en Italie.

Le choix d’un tel profil vise-t-il à ringardiser le nouveau monde macroniste, questionne France Culture ? “Comme si l’Europe était le cadet de leur souci. Le cadet et même le benjamin, tant les candidats frais émoulus ressemblent au petit dernier de leur famille politique” .

Un référendum sur les institutions le jour du scrutin européen ?

En France, le scrutin du 26 mai sera-t-il l’occasion d’un référendum à questions multiples sur les institutions (comptabilisation du vote blanc, introduction d’une dose de proportionnelle, etc.), s’interroge également Le Journal du dimanche ? L’exécutif envisage cette possibilité afin de clore le fameux grand débat national, qui doit être lancé le 15 janvier. Anne Jadot, maître de conférences en sciences politiques citée par le journal, y voit un risque pour LaREM : le scrutin européen est habituellement marqué par une forte abstention, mais le référendum pourrait davantage mobiliser les opposants.

D’autres notent également le troublant parallèle avec l’arrivée au pouvoir du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) en Italie. Selon un “cadre de la majorité LaREM” cité par la newsletter politique de Libération, “Emmanuel Macron a été élu sur la même promesse de renouvellement et de réforme que Matteo Renzi. Puis la société italienne s’est cabrée […]. Renzi a voulu reprendre la main par la voie d’un référendum sur les institutions, auquel il avait lié son destin et qu’il a perdu […]” , conduisant à la tenue d’élections anticipées.

Ailleurs en Europe : les populistes italiens préparent leur campagne

Et d’ailleurs, lundi 7 janvier, le chef de file du M5S Luigi Di Maio a apporté son soutien aux Gilets jaunes sur le blog du mouvement, proposant à ces-derniers un soutien logistique. Non sans arrière-pensées politiques, juge le politologue Gilles Ivaldi dans l’Express. Le M5S est à la peine dans les sondages par rapport à la Ligue, avec laquelle il partage le pouvoir. Et son groupe au Parlement européen, Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD), est en partie “constitué des parlementaires britanniques de UKIP, qui vont bien évidemment le quitter en raison du Brexit.” Luigi Di Maio, qui veut conquérir l’électorat des “eurosceptiques et des citoyens en colère” , cherche donc des alliés pour la prochaine législature “pour ne pas se retrouver sur le banc des non-inscrits, très marginalisés au Parlement européen” .

Des voix qu’il dispute à la Ligue de Matteo Salvini. Ce dernier a également apporté son soutien aux Gilets jaunes, mais dans la perspective d’asseoir son opposition à Emmanuel Macron et de s’imposer en leader européen des eurosceptiques. Le ministre italien de l’Intérieur s’est ainsi rendu à Varsovie le 9 janvier pour rencontrer le président du parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS, qui siège actuellement au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens, ECR) Jaroslaw Kaczynski. Au-delà de leurs divergences, l’objectif est de “créer un front souverainiste […] dans la nouvelle assemblée européenne” , autour de l’un des trois groupes eurosceptiques actuellement présents au Parlement européen. Et notamment l’ECR, qui compte les Polonais de Droit et Justice, ou l’Europe des nations et des libertés (ENL), dans lequel siègent actuellement les membres du RN.

Mais pour Matteo Salvini, “la vraie question, c’est qui sera le leader ? Lui ou Marine Le Pen ou le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ? Il y a un vrai enjeu” , poursuit Gilles Ivaldi. Car le parti de ce dernier devrait arriver en tête dans son pays, selon Politico. Et pourrait alors, malgré les menaces du Parti populaire européen (PPE, droite), en rester membre après les élections. “Tant qu’il aura le sentiment d’avoir une influence significative sur les processus décisionnels du PPE, et que le PPE restera la force dominante à Bruxelles, Orbán n’aura guère de raison de changer […]” , commente le média européen.

De son côté, Nicolas Dupont-Aignan s’est associé avec un autre groupe eurosceptique au Parlement européen, l’ECR (Conservateurs et réformistes européens), aujourd’hui composé en majorité des conservateurs britanniques et polonais.

Bref, les souverainistes de droite “ont le vent en poupe” , commente enfin Le Soir. Forts d’une centaine de sièges aujourd’hui, ceux-ci pourraient, selon la compilation de sondages proposée par Politico, rafler plus de 150 des 705 futurs sièges au Parlement européen. Mais toujours loin derrière le PPE qui reste largement en tête dans de nombreux États membres et pourraient obtenir 177 sièges selon le média européen. Quant à “gagner la bataille des idées, faire bouger la droite traditionnelle” , Marine Le Pen et ses acolytes européens semblent de toute façon bien partis.

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