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Etienne Hirsch, Georges Berthoin, Pierre Uri : portrait de trois bâtisseurs français du projet européen

Outre les pères fondateurs de l’Europe, l’engagement de plusieurs personnalités françaises a permis la naissance des premières communautés.

Etienne Hirsch
Etienne Hirsch, président d’Euratom en 1959. Crédits : European Communities, 1959 / EC - Audiovisual Service

Etienne Hirsch (1901-1994)

Ingénieur, résistant et haut fonctionnaire français, Etienne Hirsch est considéré comme l’un des principaux maîtres à penser de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

Engagé dans les Forces françaises libres (FFL), l’ingénieur des mines Etienne Hirsch travaille en 1943 et en 1944 à Alger auprès du commissaire pour l’armement Jean Monnet. En avril 1950, il participe avec ce dernier à l’élaboration de la doctrine Schuman et de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), en tant qu’adjoint au commissariat général au Plan. Avec Jean Monnet et Pierre Uri, il rédige le texte de la déclaration Schuman du 9 mai 1950.

Il prend ensuite part ensuite aux négociations sur la Communauté européenne de Défense (CED). En septembre 1952, Etienne Hirsch succède à Jean Monnet comme Commissaire général au Plan (ce dernier devenant président de la CECA). Il devient ensuite président d’Euratom, de 1959 à 1962. 

Opposant au régime gaulliste et proche de François Mitterrand, ses convictions le portent à la présidence du Mouvement fédéraliste européen en 1964, puis à la présidence d’honneur de l’Union des Fédéralistes européens.

Pierre Uri (1911 - 1992)

Economiste français, Pierre Uri a joué un rôle essentiel dans l’élaboration des traités de Rome.

Après des études à l’Ecole normale supérieure et un poste de professeur de finances publiques à l’ENA, Pierre Uri rejoint en 1947 l’équipe du Plan français de Modernisation et d’équipement conduit par Jean Monnet. Devenu membre de la délégation française pour les négociations sur le plan Schuman, Pierre Uri prend une large part dans les négociations qui se tiennent dans le cadre de la conférence de Paris en 1950-1951 et qui donnent naissance à la CECA. Dès l’installation de la Haute Autorité en 1952, il organise la mise en route de la CECA comme directeur de la division Economie générale.

Il joue ensuite un rôle fondamental dans l’introduction du Marché commun à la conférence de Messine de 1955. Déterminés à poursuivre la construction européenne après l’échec de la CED en 1954, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak reçoivent le concours décisif de Pierre Uri, qui a l’idée de construire un marché commun et plaide pour fonder une communauté atomique. Le rapport Spaak qu’il contribue grandement à rédiger pose les bases de la CEE : union douanière, fixation d’un tarif extérieur commun, création d’une Banque européenne d’investissement (BEI) et de quatre institutions (Commission européenne, Conseil, Cour de justice et Parlement européen).

Quittant les institutions communautaires en 1958, Pierre Uri n’en préside pas moins plusieurs groupes d’experts sur les pays de la Communauté ou la compétitivité, conseille les Nations unies sur des projets de marché commun pour l’Amérique latine et l’Asie, ainsi que des associations telles que le Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe et le Mouvement européen. Il ne cessera de participer à diverses associations à vocation européenne.

Georges Berthoin (1925)

Né le 17 mai 1925, Georges Berthoin entre dans la Résistance française en octobre 1940 durant la Seconde Guerre mondiale. A partir de 1947 il participe, comme étudiant de doctorat à Harvard puis membre du cabinet du ministre des Finances, à la mise en œuvre du Plan Marshall pour la reconstruction du continent européen.

Dès 1950, Georges Berthoin est chargé entre autres de la réélection de Robert Schuman aux législatives. En 1952, alors que se met en place la création de la Communauté européenne (CECA), il dirige le cabinet du premier président de la Haute Autorité, Jean Monnet. 

A propos des futures institutions de la Communauté économique européenne, il déclare dans une interview réalisée en 2010 : “J’ai eu le privilège d’être de ceux qui les établirent en quelques semaines, fin 1952 et début 1953. Elles se sont développées selon une technique quasi automatique de déséquilibres constructeurs. Chaque avancée plaçait les gouvernements devant un choix de plus en plus contraignant : soit aller de l’avant pour éliminer le déséquilibre, soit revenir en arrière en payant un prix de plus en plus fort au fur et à mesure qu’on avançait. On avait choisi le charbon et l’acier pour de multiples et bonnes raisons. Mais on a vite reconnu qu’on ne pouvait pas traiter le charbon en ignorant le pétrole ou le nucléaire. D’où la poussée vers un marché commun de l’énergie et Euratom. De même avec le Marché Commun.

En peu de semaines, notre petite équipe de quelques douzaines de personnes a mis sur pied, à l’état embryonnaire, toutes les institutions [européennes] qui existent encore aujourd’hui”, poursuit-il.

Chef-adjoint de la CECA en 1956, il occupe ensuite la fonction de Haut-Représentant adjoint de la Commission de la Communauté économique européenne au Royaume-Uni de 1959 à 1970.

Aujourd’hui âgé de 98 ans, il est le seul (proche) collaborateur de Jean Monnet encore en vie.

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