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“L’Europe qui protège” à l’épreuve des clivages entre les Etats membres

Les festivités autour de la Journée de l’Europe, à Paris, se sont tenues samedi 12 et dimanche 13 mai. Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, Pierre Moscovici, commissaire européen et Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen, étaient présents pour dialoguer avec les participants. L’objet principal des débats : comment rendre l’Europe plus protectrice ?

De gauche à droite : Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen, Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, Caroline de Camaret, journaliste à France 24 et Pierre Moscovici, commissaire européen
De gauche à droite : Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen, Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, Caroline de Camaret, journaliste à France 24 et Pierre Moscovici, commissaire européen - Crédits : Bureau du Parlement européen en France

A Paris, comme chaque année, la Fête de l’Europe s’est déroulée, samedi 12 et dimanche 13 mai, sur le parvis de l’Hôtel de ville. Au milieu des concerts et des food trucks, ce 68e anniversaire du discours prononcé par Robert Schuman le 9 mai 1950 - point de départ du processus de construction européenne après la Seconde Guerre mondiale - a été l’occasion pour les citoyens présents d’aller à la rencontre des institutions et associations européennes. Et pour ces dernières de recueillir les principaux sujets de préoccupation actuels des Européens.

Ce fut notamment possible lors du “Dialogue citoyen” organisé dans la tente principale, au centre du parvis. Un événement labellisé “Consultations citoyennes” auquel ont participé Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, Pierre Moscovici, commissaire aux Affaires économiques, et Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen, en présence de près de 200 citoyens pressés de poser leurs questions.

Consultez le site des Consultations citoyennes sur l’Europe

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Modèle social européen

De manière prévisible, c’est la thématique récurrente de “l’Europe qui protège” , qui a occupé la majeure partie des débats. Prompte à s’emparer de ce sujet, qui est au cœur du discours européen d’Emmanuel Macron depuis la campagne pour l’élection présidentielle, Nathalie Loiseau a ainsi décliné les dernières réussites de l’UE en la matière, que sont la révision de la directive sur les travailleurs détachés et le Règlement général de protection des données. La première doit être définitivement validée par le Parlement européen dans les semaines à venir, tandis que le second entrera en vigueur le 25 mai prochain.

Sylvie Guillaume le confirme : les questions de protection, notamment dans le domaine social, sont sur toutes les lèvres à l’heure actuelle au sein de la société civile. Selon la vice-présidente du Parlement européen, élue socialiste, il faut effectivement aller plus loin “contre le dumping social” et pour les droits sociaux, comme en matière d’accès aux soins de santé ou encore d’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

Des pistes de réflexion qui sont toutefois loin de faire l’unanimité au niveau européen. En effet, comme le rappelle Nathalie Loiseau, l’UE est écartelée entre les pays, notamment du Nord, qui veulent protéger leurs modèles sociaux et craignent qu’une harmonisation des normes ne viennent battre en brèche leurs acquis, et ceux, notamment de l’Est, qui ont bâti leur développement économique sur des systèmes sociaux peu protecteurs.

Changer les règles ?

Dit autrement, “il n’y aura pas d’harmonisation sociale et fiscale avec les règles actuelles” , prévient Pierre Moscovici. Le principe de l’unanimité, qui prévaut sur ces questions relevant encore de la compétence des Etats membres, est une barrière souvent infranchissable pour permettre des avancées européennes.

Et les clivages européens ne sont pas réservés aux seules questions sociales. Les divergences entre les pays membres de l’UE devraient même être particulièrement visibles et aiguës au cours des prochains mois, dans le cadre des discussions sur l’avenir du budget de l’Europe. La Commission européenne a présenté ses premières propositions le 2 mai dernier, avec pour délicate mission de trouver un équilibre entre des impératifs inconciliables sur le papier.

Toujours dans l’optique de mettre en œuvre une “Europe qui protège” , M. Moscovici a rappelé que Bruxelles plaide pour multiplier par 22 les dépenses communes en matière de sécurité, ou encore de consacrer 35 milliards d’euros entre 2021 et 2027 à la gestion de la crise migratoire. Des efforts substantiels qui doivent encore être discutés par le Parlement européen et les Etats membres et qui ne seront certainement possibles qu’en revoyant à la baisse les champs traditionnels de l’action européenne, à savoir l’agriculture et la politique régionale. Deux lignes budgétaires qui contribuent grandement à la cohésion territoriale et… sociale de l’Europe.

A cet égard, Nathalie Loiseau a réaffirmé que “la France est prête à aller plus loin” et à contribuer davantage au budget européen. Mais alors que l’Allemagne suit la position française, d’autres pays, comme le Danemark ou encore les Pays-Bas, ne veulent pas en entendre parler. “Si on peut avoir plus, je suis pour” , a abondé Pierre Moscovici, mais de fait extrêmement sceptique sur la capacité de la Commission à obtenir le soutien de l’ensemble des Vingt-Sept.

Le Dialogue citoyen du 12 mai s’est tenu dans le cadre d’une émission réalisée par France 24 et animée par Caroline de Camaret. Horaires de diffusion :
- 19 mai : 18h10
- 19 mai : 21h10
- 20 mai : 3h10
- 20 mai : 10h10
- 20 mai : 17h10
- 22 mai : 11h10

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