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Immigration, Grèce, climat : brûlante rentrée pour l’Europe !

Alors que les vacances s’achèvent et que les écoliers retrouvent cartables et tableaux noirs, c’est également la rentrée politique pour l’Europe et les Etats membres. Et le programme de cet automne s’annonce aussi chargé que compliqué, avec les dossiers de l’immigration, rendu encore plus explosif par les nouvelles tragédies de cet été, de la Grèce, avec de nouvelles élections législatives prévues pour le 20 septembre, du climat, avec le début de la COP 21 le 30 novembre, ou encore de la sécurité, à la suite de l’attentat du Thalys avorté grâce à l’intervention de militaires américains présents par hasard dans le train.

Migrants africains en Sicile

Multiplication des décès de migrants : l’Europe tarde toujours à agir

Migrants en Sicile

La macabre découverte des 70 corps de migrants décédés dans un camion abandonné sur le bord d’une autoroute près de Vienne, le 27 août, n’est qu’une tragédie liée à l’immigration parmi de nombreuses autres cette année. Un signal de plus envoyé à l’Union européenne et aux Etats membres pour trouver une solution qui serait à la fois collective et digne. Même si cette éventualité apparaît encore aujourd’hui extrêmement difficile à obtenir compte tenu du fossé grandissant entre les pays dans leur manière d’aborder et de traiter cette crise.

A cet égard, la construction d’un mur de 175 kilomètres de long à la frontière hongro-serbe, décidée par le gouvernement de l’ultra-conservateur Viktor Orban, a été accueillie avec une immense fraicheur par nombre de dirigeants européens, aux premiers rangs desquels allemands et français, qui n’ont pas hésité à faire part de leur mécontentement et de leur déception. Dans le domaine migratoire, le gouvernement hongrois pourra tout de même compter sur le soutien d’autres pays de cette région d’Europe orientale. Sur la même longueur d’onde, Robert Fico, Premier ministre slovaque, a ainsi déclaré qu’il n’autoriserait l’accueil que de “chrétiens de Syrie” et que son pays “n’avait aucun devoir” envers les migrants venus de tout le Moyen-Orient, du Nord de l’Afrique ou encore des Balkans.

Le 7 septembre, les ministres européens de l’Agriculture se réuniront à Bruxelles afin d’essayer de trouver une solution commune à la crise qui touche certaines filières agricoles, comme celles du porc ou du lait, et qui a notamment agité la France, en Bretagne ou en Normandie, durant l’été.

Une attitude de fermeture, voire de xénophobie si l’on reprend les analyses de nombreux éditorialistes européens, à laquelle s’oppose la chancelière Angela Merkel, qui a vigoureusement élevé la voix le 31 août. “Les droits civils universels étaient jusqu’ici étroitement associés à l’Europe et à son histoire” , a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. “Si elle échoue sur la question des réfugiés, ce lien étroit se briserait et ce ne serait plus l’Europe telle que nous nous la représentons” .

Dans l’optique de rendre possible un accord collectif, la dirigeante allemande devrait pouvoir compter sur le soutien de Paris. Le 30 août, depuis Calais - autre point très sensible des migrations en Europe - le Premier ministre Manuel Valls a également appelé à la solidarité, même si les mesures promises par le gouvernement français pour améliorer les conditions de vie des 3 000 réfugiés stationnés dans le Nord de la France dans l’attente de rejoindre le Royaume-Uni apparaissent encore très modestes. Par conséquent, la réunion des ministres européens de l’Intérieur, le 14 septembre prochain, s’annonce à la fois cruciale et houleuse. Le 1er septembre, les autorités hongroises se sont en effet défaussées de leurs obligations en autorisant le départ vers l’Autriche et l’Allemagne de 3 600 migrants, dont la plupart ne possédait pas de visa.

Grèce : démission d’Alexis Tsipras, de nouvelles élections législatives le 20 septembre

Alexis Tsipras

En Grèce, alors que le mois d’août s’était distingué par le calme et la relative facilité des discussions entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, septembre pourrait être le théâtre de nouveaux rebondissements. En effet, le 20 août, le Premier ministre grec a annoncé sa démission lors d’une allocution télévisée. Ainsi, après avoir permis la signature d’un nouvel accord d’assistance d’environ 86 milliards d’euros en échanges de profondes réformes structurelles, Alexis Tsipras a jugé que son mandat “reçu le 25 janvier [avait] atteint ses limites” . Une décision plutôt logique compte tenu des dissensions au sein de sa formation de gauche radicale, dont certains éléments n’ont pu se résoudre à accepter les conditions, très dures, des interlocuteurs européens et internationaux du pays.

Le 20 septembre, les Grecs seront donc appelés aux urnes, pour de nouvelles élections législatives, seulement neuf mois après celles de janvier et trois mois après le référendum sur les exigences des créanciers. M. Tsipras, candidat à sa réélection, devra faire face à des “frondeurs” issus de ses rangs et a d’ores et déjà exclu une alliance avec les partis traditionnels de gouvernement grecs dans l’optique d’une victoire nécessitant une coalition. D’après les derniers sondages, Syriza, le parti du Premier ministre sortant, est annoncé en tête, mais avec seulement 3,5 points d’avance sur la Nouvelle démocratie (centre-droit, favorable à l’accord avec les créanciers).

Dans l’immédiat, le pays est dirigé par intérim par Vassiliki Thanou, la présidente de la Cour suprême grecque et c’est Giorgios Houliarakis qui est chargé de l’épineux portefeuille des Finances. Ancien négociateur de la Grèce auprès des créanciers, membre de Syriza, mais considéré comme pragmatique et modéré, sa nomination a été bien accueillie en Europe. Le 1er septembre, Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse à Paris espérer que les élections permettront “une majorité favorable au programme d’assistance” , destiné à faire de la Grèce “une véritable économie de la zone euro” .

Automne électoral en Espagne, France, Pologne, Portugal, Biélorussie et Turquie

Pablo Iglesias

Ailleurs en Europe, de nombreuses autres élections doivent avoir lieu au cours des prochaines semaines. En Espagne, des élections législatives sont prévues au plus tard le 20 décembre prochain. Actuellement au pouvoir, le Parti populaire (conservateur), dirigé par le Premier ministre sortant Mariano Rajoy, devrait être mis en difficulté par l’émergence de Podemos, formation de gauche radicale, proche idéologiquement de Syriza. Fin mai, les élections municipales ont en effet confirmé cette tendance et, par le biais d’alliances avec le Parti socialiste espagnol, Podemos a pu conquérir les villes de Madrid et de Barcelone.

Le 25 octobre, les Polonais seront également appelés aux urnes pour les élections législatives. Au pouvoir depuis 2007, la Plate-forme civique, parti libéral-conservateur dirigé par Ewa Kopacz depuis la nomination de Donald Tusk à la présidence du Conseil européen, sera notamment concurrencé par le parti Droit et justice, conservateur et eurosceptique, présidé par Jaroslaw Kaczynski. En mai, c’est le candidat de ce parti, Andrzej Duda, qui a remporté l’élection présidentielle.

Priorité de Jean-Claude Juncker pour les cinq années à venir, le numérique devrait également être l’un des sujets majeurs de cette rentrée européenne, ne serait-ce qu’avec le combat juridique qui s’annonce entre la Commission européenne et Google. En France, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique, rendra public son projet de loi à la mi-septembre. Pour en savoir plus, consultez notre dossier spécial.

Outre le Portugal, qui doit aussi organiser des élections législatives le 4 octobre, ou la France, dont les élections régionales sont prévues pour les 6 et 13 décembre, d’importantes échéances électorales doivent avoir lieu en Turquie et en Biélorussie. En effet, les élections législatives turques de juin dernier n’ont pas permis l’émergence d’une majorité absolue, comme l’escomptait Tayyep Recip Erdogan, en raison notamment de la poussée du parti kurde HDP.
Résolu à pleinement contrôler le Parlement afin de pouvoir modifier la constitution et renforcer ses pouvoirs, le président Erdogan a convoqué de nouvelles élections pour le 1er novembre. A l’heure actuelle, les sondages n’indiquent pas un résultat différent par rapport au scrutin de juin et un blocage politique durable n’est pas à exclure.

Enfin, en Biélorussie, le président sortant Alexandre Loukachenko, en poste depuis 1994, brigue un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle du 11 octobre. Chef de l’Etat autoritaire et hégémonique, M. Loukachenko cherche désormais à se rapprocher de l’Union européenne et à s’éloigner de la Russie, inquiet de connaître un sort similaire à celui de l’Ukraine. En signe d’ouverture, le président a ordonné la libération de six prisonniers politiques détenus en Biélorussie.

30 novembre - 11 décembre : COP 21 à Paris

COP 21Evénement majeur de second semestre 2015, la 21e conférence des parties (COP 21) sur les changements climatiques, se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre. Considérée comme une véritable occasion d’enfin aboutir à un accord international et contraignant dans l’optique de maintenir le réchauffement mondial sous le seuil fatidique des 2°C, la conférence doit permettre la rencontre de plusieurs milliers de représentants politiques et diplomatiques, d’associations, d’entreprises, de médias et de la société civile, venus de tous les pays du monde. (Consulter notre dossier spécial).

Pour l’heure, si un relatif optimisme prédomine, des inquiétudes persistent quant à l’engagement effectif de toutes les nations déjà développées ou en cours de rattrapage, alors que certaines placent leurs intérêts économiques et industriels avant les considérations écologiques. Aux côtés de l’Union européenne, figurant parmi les “bons élèves” de la lutte contre le changement climatique, les Etats-Unis et la Chine pourraient, pour la première fois, jouer un rôle moteur en vue d’un accord ambitieux. Par ailleurs, afin de s’assurer du concours des pays émergents et moins avancés, la constitution d’un Fonds vert pour le climat semble incontournable. Ce dernier devra être abondé à hauteur de 100 milliards de dollars afin d’aider ces nations à mettre en place un développement économique durable.

D’ici la COP21, plusieurs rendez-vous sur le climat auront lieu, parmi lesquels le Sommet spécial de l’ONU sur le développement durable qui se tiendra à New York du 25 au 27 septembre. Les pays membres de l’ONU présenteront un bilan des Objectifs du millénaire pour le développement et fixeront de nouveaux objectifs pour l’après 2015 (Voir le site developpement2015).

L’anti-terrorisme de nouveau sur l’agenda politique

La question de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, sur l’agenda politique depuis les attentats de janvier, commis à l’encontre de Charlie Hebdo ou encore de l’Hyper Casher, a également été réactivée, fin août, à la suite de la tentative d’attentat d’un islamiste marocain dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris. Ce dernier, armé d’une kalachnikov, d’une arme de poing et d’un cutter, a été intercepté par trois militaires américains, en vacances en Europe et se trouvant par hasard dans le train. Dans ce contexte, la sécurité des gares est en question et de nombreux responsables politiques ont été prompts à vilipender les failles de la surveillance des personnes susceptibles de commettre de tels actes, comme l’a fait par exemple Nadine Morano, ou encore l’espace Schengen, comme ce fut le cas de la part des eurodéputés frontistes Marine Le Pen ou encore Florian Philippot.



Le 9 septembre, Jean-Claude Juncker donnera le coup d’envoi de la rentrée politique européen en prononçant le discours sur l’état de l’Union. Découvrez le teaser de présentation

Vers une reprise des combats en Ukraine ?

Du côté de l’Ukraine, la “paix froide” des accords de Minsk semble se poursuivre avec un statu quo dans les affrontements entre l’armée régulière et les rebelles plus que vraisemblablement soutenus par Moscou. La situation risque toutefois de changer au cours des prochaines semaines. A en croire certains observateurs présents sur le terrain, dont le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta, cité par Courrier international, des échanges de tirs entre les camps ukrainien et prorusse ont lieu depuis la mi-août dans les faubourgs du port stratégique de Marioupol, situé à quelques kilomètres de la frontière russe. Kiev et Moscou parlent toutes deux de “prémices de combats de grande ampleur” .

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