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Elections britanniques 2015 : combat économique entre conservateurs et travaillistes

C’est l’éternelle bataille des chiffres. Le gouvernement sortant défend son bilan économique et demande un nouveau mandat pour poursuivre les efforts engagés. Tandis que l’opposition met en avant les carences et cherche à insuffler une soif de changement. Les élections générales britanniques de 2015 n’échappent naturellement pas à cette règle avec, en prime, la question européenne et le spectre d’une sortie de l’UE en filigrane. Présent à Londres pour suivre les derniers jours de la campagne, Toute l’Europe fait le point avec Renaud Thillaye, directeur adjoint du think tank Policy Network.

A en croire les slogans publicitaires du Parti conservateur, visibles dans les villes britanniques et sur Internet, l’arrivée d’Ed Miliband, leader du Parti travailliste, serait un véritable « désastre économique ». Une attaque pour le moins frontale et sans nuance. La réalité, naturellement, est moins tranchée. A étudier les programmes économiques des deux principaux partis britanniques, les divergences sont même assez ténues.

C’est ce que nous explique Renaud Thillaye, directeur adjoint du think tank Policy Network basé à Londres. « Le slogan des conservateurs est clairement caricatural. Les travaillistes n’ont pas des propositions si radicales que ça. Ils veulent augmenter le salaire minimum et proposent des mesures assez symboliques comme la modération des prix des loyers ou de l’énergie ». Toutefois, en cas d’élection, leurs marges de manœuvre seront limitées, poursuit Renaud Thillaye. D’autant qu’Ed Miliband a fait de gros efforts tout au long de la campagne pour ne pas apparaître comme anti-business, ce qui serait rédhibitoire au Royaume-Uni.

En effet, « on reste dans un pays où la préférence pour le travail, quitte à ce qu’il y ait des bas salaires, l’emporte », explique Renaud Thillaye. « Les électeurs ne veulent surtout pas d’un chômage élevé, qui susciterait une certaine forme d’assistanat ». Le bilan économique du Premier ministre sortant apparaît dès lors comme un atout de choix. Ce qui n’a naturellement pas échappé à l’intéressé, toujours prêt à faire l’inventaire des progrès réalisés.

De fait, la croissance a fortement augmenté depuis 2013, « invalidant au passage la thèse des travaillistes selon laquelle les coupes budgétaires décidées par le gouvernement allaient avoir un impact négatif ». La relance fut la première priorité de David Cameron et l’investissement, notamment par le biais d’une politique monétaire offensive, a repris. « La Banque d’Angleterre a eu une stratégie très proactive », rappelle Renaud Thillaye. « On n’a pas vu la même incertitude que dans la zone euro ».

Au prix d’une réduction des salaires donc. Avec la croissance exceptionnelle, 2,6% en 2014, il s’agit de la deuxième grande exception britannique : nulle part ailleurs en Europe, le salaire médian n’a reculé entre 2009 et aujourd’hui.

Cette relative bonne santé économique pourrait en revanche être remise en cause dans l’hypothèse d’une sortie du pays de l’Union européenne. Certes contributeur net au budget européen, le Royaume-Uni a grandement profité des opportunités liées au marché unique européen pour asseoir sa prospérité et consacrer la place de la City. Parfaitement consciente des risques, cette dernière fait d’ailleurs entendre sa voix pour éviter un ‘Brexit’.

Un événement qui serait naturellement lourd de conséquences tant pour le Royaume-Uni, qui renoncerait à des débouchés considérables et isolerait la City, que pour l’Union européenne dont l’attractivité serait réduite et dont les règles financières ne concerneraient plus la place de Londres. « Avec la City, c’est du donnant-donnant », résume Renaud Thillaye.

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