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Election de Donald Trump : quelles conséquences pour l’Europe ?

L’arrivée à la Maison blanche de Donald Trump n’arrange pas les affaires de l’Union européenne. Pour la première fois de son histoire, elle devra en effet composer avec un président résolument isolationniste, vent debout contre le libre-échange, soutenant ouvertement Vladimir Poutine, et de surcroît opposé à la construction européenne. Un bouleversement géopolitique source de toutes les inquiétudes, d’autant que Donald Trump a régulièrement navigué dans le flou durant la campagne présidentielle, avec des formules chocs souvent jugées plus provocatrices que réalistes. A quoi peuvent maintenant s’attendre les Européens avec un tel président à la tête de la première puissance mondiale ?

Dessin de presse : Election de Donald Trump : quelles conséquences pour l'Europe ?

Les cartes de la diplomatie mondiale rebattues

Le temps où les Etats-Unis étaient l’allié diplomatique n°1 de l’Europe est peut-être révolu. A l’heure où les relations entre la Russie, l’Union européenne et les Etats-Unis sont au plus mal, Donald Trump ne cache en effet pas son admiration pour Vladimir Poutine. Le dirigeant russe est un “leader fort, bien plus fort qu’Obama” estime le nouveau président américain, qui doit entrer en fonction en janvier. M. Poutine s’est d’ailleurs empressé de féliciter la victoire de son futur homologue, espérant un apaisement entre Washington et Moscou. Cette possible alliance Russie-Etats-Unis, encore hypothétique, inquiète d’ores et déjà en Europe, notamment les pays baltes, craignant qu’après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, leur tour soit venu.

Membres de l’OTAN, les Etats-Unis les protégeront en cas d’agression russe, peut-on rétorquer. Rien n’est moins sûr maintenant que Donald Trump est au pouvoir. “Il serait susceptible de remettre en cause l’existence de l’OTAN, et donc de l’article 5 de défense collective, selon lequel les Etats-Unis sont tenus de venir au secours d’un des membres s’il était attaqué par un autre pays” , expliquait Alexandra de Hoop Scheffer, politologue, spécialiste de la politique étrangère américaine, à Toute l’Europe, dans une interview à la veille du troisième débat de la campagne présidentielle. “L’OTAN nous coûte une fortune” a-t-il déclaré au cours de sa campagne, réclamant aux Européens une participation plus importante au budget de l’Alliance atlantique, sous peine de ne pas intervenir en cas d’attaque militaire d’un de ses membres.

Un revirement de situation considérable qui pourrait, à cet égard, être de nature à conduire l’Europe à se lancer sérieusement dans la construction d’une Europe de la défense, n’étant plus aussi certaine de pouvoir se reposer sur la puissance de feu américaine.

En outre, le dossier du nucléaire iranien risque également d’être un nouveau défi diplomatique pour l’Union européenne. La question semblait être réglée avec la signature du Plan global d’action conjoint le 14 juillet 2015 par les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), l’Allemagne et l’Union européenne avec l’Iran. L’accord vise à mettre fin aux sanctions occidentales à l’encontre de la République islamique, en échange d’une restriction du programme nucléaire iranien sur le long terme. Or, lors d’un discours tenu devant l’Aipac, le lobby pro-israélien aux Etats-Unis, en mars, le candidat républicain a fait de la dénonciation de l’accord sa “priorité numéro un” . Les avancées diplomatiques en la matière pourraient donc être réduites à néant.

Dessin de presse : L'élection de Donald Trump

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Un tournant pour les relations commerciales transatlantiques

Durant toute sa campagne, Donald Trump a par ailleurs tenu un discours fortement protectionniste, annonçant son “intention de renégocier” l’ALENA (Accord de libre-échange américain, concernant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique) ainsi que sa volonté de retirer les Etats-Unis du TPP, le partenariat trans-pacifique. Avec son arrivée au pouvoir, le projet d’un accord de libre-échange transatlantique entre l’Europe et Etats-Unis (TTIP) risque donc d’être enterré, du moins pendant sa présidence.

Les ambitions de Donald Trump restent néanmoins floues en ce qui concerne les futures relations commerciales avec les Européens. Ayant applaudi des deux mains la décision des Britanniques de sortir de l’Union européenne, le républicain, opposé à la construction européenne, a d’ailleurs pronostiqué la désintégration de l’édifice dans une interview pour The Times en juin. Commentant les résultats du référendum sur le Brexit, il avait alors déclaré : “Les peuples ont parlé. Je pense que l’Union européenne va se désagréger” , ajoutant que d’ “autres pays vont suivre” l’exemple du Royaume-Uni.

Quoi qu’il en soit, comme nous le précisait Alexandra de Hoop Scheffer trois semaines avant l’élection, un “renforcement des relations bilatérales entre les Américains et certains pays” , était à prévoir, même en cas de victoire d’Hillary Clinton. S’agissant de Donald Trump, la directrice du bureau français du German Marshall Fund soulignait l’incertitude générale existant à propos de sa politique commerciale : “Essayer d’anticiper sa politique dans ce domaine me paraît un peu compliqué à ce stade. Il se contredit tellement que je ne vois pas dans son discours un programme qui soit très clair sur ce sujet. Il a simplement fait toute sa campagne sur le fait que les accords de libre-échange enlevaient des emplois aux Américains” .

Un climato-sceptique au pouvoir

La lutte contre le réchauffement climatique enfin pourrait aussi être sérieusement remise en question par la victoire du candidat républicain, alors que l’accord de Paris sur le climat vient d’entrer en vigueur et que les 195 Etats signataires, dont les Etats-Unis font partie, débattent en ce moment à Marrakech des modalités de mise en œuvre.

Donald Trump nie en effet la responsabilité de l’homme dans le changement climatique. Au cours de sa campagne, il a affirmé vouloir “annuler l’accord de Paris sur le climat” . Il a également annoncé sa volonté de supprimer l’Agence de protection de l’environnement (EPA), organisme gouvernemental visant à préserver l’environnement aux Etats-Unis. Tout comme il entend aussi lever les restrictions quant à la production des énergies fossiles.

Deuxième émetteur de dioxyde de carbone au monde, les Etats-Unis sont par conséquent susceptibles de se mettre en retrait des efforts internationaux en matière climatique. Ce qui ne manquerait pas de rendre encore plus difficile à atteindre l’objectif de contenir le réchauffement à 2°C et d’inciter d’autres Etats récalcitrants à ne plus s’engager. “L’avenir avec lui [sera] extrêmement incertain sur cette question” conclut Alexandra de Hoop Scheffer.

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