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Discours sur l’état de l’Union : face à la crise, Ursula von der Leyen redouble d’ambition

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors du discours sur l'état de l'Union le 16 septembre 2020.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l’état de l’Union le 16 septembre 2020. Crédits : Commission européenne

Crise sanitaire oblige, c’est devant un hémicycle clairsemé, puisque la majorité des eurodéputés suivaient la session à distance, qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a prononcé mercredi 16 septembre le traditionnel discours sur l’état de l’Union. Son premier depuis sa prise de fonction le 1er décembre 2019. Evénement annuel institué depuis 2010, il s’agit d’un moment politique et symbolique fort pour l’Union et les institutions européennes, malgré un retentissement médiatique souvent modeste.

Alors que l’Union européenne traverse une crise économique sans précédent, reste confrontée à la pandémie de Covid-19 et doit faire face aux conflits en Méditerranée orientale, le discours de la présidente de la Commission européenne prononcé le 16 septembre devant le Parlement européen était très attendu.

Comment rassurer 447 millions d’Européens dans un tel contexte ? Tel était le défi pour la nouvelle présidente qui, lors d’une intervention plus longue que d’ordinaire - soixante-quinze minutes contre quarante en moyenne - a présenté un plan de bataille ambitieux. Commenté dans la foulée, son discours a donné lieu à de nombreuses réactions dans l’hémicycle.

La pandémie, et l’incertitude qui l’accompagne, n’est pas terminée

Premier sujet abordé dans son discours, l’action de l’Union européenne dans le domaine de la santé lors de la crise sanitaire a été longuement détaillée par la présidente de la Commission européenne. Listant toutes les dispositifs mis en place pour répondre à la pandémie - rapatriement des ressortissants, mécanisme de protection civile ou travail avec les industriels européens pour accroître la production de masques - la présidente de la Commission européenne a annoncé de nouvelles étapes pour avancer vers une véritable Europe de la santé, bien que l’Union européenne ne bénéficie que d’une compétence d’appui en la matière. Ce partage des prérogatives qui appartiennent aujourd’hui aux Etats devrait justement être “à l’ordre du jour de la future Conférence sur l’avenir de l’Europe” , selon l’ancienne ministre allemande de la Santé.

Soutenue par le Parlement européen, Ursula von der Leyen a rappelé qu’elle souhaitait une augmentation des financements du programme “L’UE pour la santé” dans le nouveau cadre du budget pluriannuel. Les coupes drastiques faites dans ce programme par les Vingt-Sept à l’occasion du Conseil européen du 21 juillet avaient en effet suscité de nombreuses critiques dans l’hémicycle lors de la dernière session plénière de juillet.

Selon la présidente, “le rôle et les pouvoirs de l’Agence européenne du médicament et du centre de prévention et de contrôle des maladies devraient être renforcés” . Une agence de recherche et de développement biomédicaux avancés au niveau européen devrait voir le jour dans un second temps. Son travail permettra de “réduire la dépendance de notre chaîne d’approvisionnement, notamment pour les produits pharmaceutiques” . Enfin, la présidente a annoncé l’organisation d’un sommet mondial de la santé en Italie l’an prochain.

Le plan de relance au coeur du réacteur

La présidente de la Commission européenne a salué l’adoption en un temps record du plan de relance et du nouveau cadre pour le budget pluriannuel. “Pour la première fois - et pour des temps exceptionnels - l’Europe a mis en place ses propres instruments communs pour compléter les stabilisateurs budgétaires nationaux” , s’est félicitée Ursula von der Leyen.

La confiance dans l’euro n’a jamais été aussi grande. L’accord historique sur NextGenerationEU illustre le soutien politique dont celui-ci bénéficie” , a-t-elle insisté, tout en soulignant : “Nous devons maintenant profiter de cette occasion pour mener des réformes structurelles dans nos économies et parachever l’union des marchés des capitaux et l’union bancaire. Nous devons travailler au renforcement du rôle international de l’euro”.

Plusieurs eurodéputés ont pointé du doigt le financement de ce plan de relance en insistant sur l’importance de la création de nouvelles ressources propres indépendantes des contributions des Etats membres. Représentant la délégation française des verts, David Cormand a notamment regretté l’absence d’une mention de la taxe sur les transitions financières (TTF) dans le discours de la présidente.

Intelligence artificielle, données industrielles, cloud européen, identité électronique européenne sécurisée, haut débit… Autre priorité mise en avant par la présidente de la Commission européenne, la poursuite de la numérisation de l’Europe occupera largement le programme de travail des prochains mois de la Commission. 20% des fonds du plan du fonds de relance Next Generation EU (NGEU), sera investi dans le secteur du numérique. Un dispositif qui comporte “des objectifs ambitieux” , a reconnu le président du groupe français du PPE François-Xavier Bellamy. Ce dernier a néanmoins alerté sur l’engagement nécessaire pour les atteindre : “Si nous n’assumons pas les moyens pour agir, ils resteront des appels sans lendemain” , risquant de faire des Européens “les satellites des puissances technologiques de demain” , a insisté l’eurodéputé.

Vers un cadre commun pour les salaires minimum

Mesure présentée dès le début de son mandat 2020, la présidente a réaffirmé son souhait d’établir un cadre de référence pour les salaires minimums des Etats membres. Ce nouveau cadre, qui correspond à la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux adopté par les Etats membres en 2017, doit “[respecter] pleinement les compétences et les traditions nationales” , a souligné la présidente. “Tout le monde doit avoir accès à un salaire décent, que ce soit par le truchement de conventions collectives ou d’une loi nationale obligatoire.” Pour la présidente de la Commission, “il est temps que le travail paye” . Actuellement dans l’Union européenne, 22 Etats sur 28 ont fixé un tel seuil au niveau national.

Pacte vert pour l’Europe : une ambition revue à la hausse

Priorité de son mandat dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, la présidente de la Commission a rappelé l’objectif de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050. S’appuyant sur une étude réalisée notamment à la demande du groupe Renew du Parlement européen, Ursula von der Leyen a annoncé un autre objectif à plus court terme : une diminution des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2030 - contre 40 % précédemment. D’ici l’été prochain, la législation sur le climat et l’énergie sera révisée afin de l’adapter à l’objectif de 55 %.

Par ailleurs, la présidente a précisé que “30% du plan de relance devrait être financé via des obligations vertes afin de faire de la Commission le leader mondial de la finance verte” . Une annonce saluée par le député Pascal Canfin (Renew) : “Face à la crise du climat, l’Europe est là !” , s’est exclamé le président de la commission de l’Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI). La présidente de la commission Transports a quant à elle demandé à la présidente d’agir vite “Il n’existe pas de plan B pour la planète. N’attendez pas la révolution verte, faites la !” , a lancé Karima Delli (Verts/ALE).

Politique étrangère, migration, élargissement, état de droit

La présidente de la Commission européenne est revenue sur les relations de l’Union avec la Russie, la Chine, et la situation en Biélorussie. Souvent bloquées lors des Conseils européens, les décisions sur la politique étrangère devraient, selon Ursula von der Leyen, être adoptées à la majorité qualifiéeau moins sur les droits de l’homme et la mise en œuvre des sanctions” .

La situation en Grèce et les relations tendues avec la Turquie ont également été abordées. “La désescalade en Méditerranée orientale est dans notre intérêt mutuel” , a résumé la présidente.

Par ailleurs, face à la situation sur l’île de Lesbos, où la pression migratoire est très élevée et où le camp de réfugiés de Moria a brûlé, la Commission européenne travaille actuellement à l’élaboration d’un plan en vue d’un projet pilote mené conjointement avec les autorités grecques, pour installer un nouveau camp sur l’île. “Si nous intensifions nos efforts, nous attendons de tous les États membres qu’ils intensifient eux aussi leurs efforts” , a-t-elle mis en garde. La semaine prochaine, la Commission européenne mettra sur la table son nouveau pacte sur la migration très attendu.

Abordant l’élargissement de l’UE en faveur des Balkans occidentaux, la présidente de la Commission européenne a envoyé un signal positif vers les pays concernés, qui doivent toutefois respecter les règles strictes liées au processus d’adhésion : “Il y a six mois, la décision d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord a réellement été historique. En effet, l’avenir de toute cette région est bien dans l’UE. Nous partageons la même histoire et la même destinée” .

Prononçant un discours fort, la présidente de la Commission européenne s’est également exprimée sur les questions de racisme et de défense des droits des personnes de la communauté LGBTQI. “Les atteintes à l’état de droit ne peuvent être tolérées. Nous continuerons à défendre l’état de droit et à défendre l’intégrité de nos institutions européennes, qu’il s’agisse de la primauté du droit européen, de la liberté de la presse, de l’indépendance du pouvoir judiciaire ou de la vente de ‘passeports dorés’. Les valeurs européennes ne sont pas à vendre” , a-t-elle insisté.

Au cours de son discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne a également consacré quelques minutes au Brexit. Elle a averti Londres que l’accord scellant le départ du Royaume-Uni de l’UE, signé en janvier, ne pouvait pas être modifié unilatéralement. “Il est impossible de le modifier unilatéralement, de l’ignorer ou de cesser d’en appliquer les dispositions. C’est une question de droit, de confiance et de bonne foi” , a-t-elle expliqué.

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