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De 1930 à 2018 : l’Europe dans l’histoire de la Coupe du monde de football

Le football européen possède l’un des palmarès les plus riche de ce sport au niveau international. Illustration avec quelques uns des moments marquants vécus par les joueurs et équipes du continent et qui ont fait l’histoire des Coupes du monde.

Le trophée de la Coupe du monde de football au FIFA museum à Zürich en Suisse - Crédits : Ank Kumar / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0
Le trophée de la Coupe du monde de football au FIFA museum à Zürich en Suisse - Crédits : Ank Kumar / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0

1930 : un Français marque le 1er but de l’histoire de la Coupe du monde

La première édition de la Coupe du monde de football, qui se déroule en 1930 en Uruguay, n’a pas attiré un grand nombre d’équipes européennes. Les participants sont invités et n’ont pas à se qualifier, mais beaucoup sont rebutés par la distance à parcourir et le coût du voyage. La France fait néanmoins partie des nations en lice et c’est un Bleu, Lucien Laurent, qui fera entrer l’Europe dans l’histoire du football international en marquant le premier but de l’histoire du Mondial, après 19 minutes de jeu contre le Mexique. Cela n’empêchera pas l’équipe de France d’être éliminée au 1er tour.

1934 et 1938 : “vaincre ou mourir” pour les Italiens

Les deux Coupes du monde suivantes, organisées en Italie puis en France, sont marquées par le contexte politique de l’avant-guerre. Encore plus que l’Allemagne nazie, qui se sera surtout appuyée sur les Jeux olympiques de Berlin de 1936 pour essayer de prouver sa supériorité athlétique, c’est l’Italie fasciste qui profite de ces éditions du Mondial, qu’elle remporte toutes deux. A domicile en 1934, la Squadra Azzura vient à bout de la Tchécoslovaquie. Grâce à un arbitrage curieusement favorable, diront certains. Et de l’autre côté des Alpes, quatre ans plus tard, les Italiens terrassent la Hongrie, une autre dictature alors dirigée par l’amiral Horthy. La légende veut qu’avant la confrontation, Benito Mussolini ait envoyé un télégramme à son équipe dans lequel il aurait écrit “vaincre ou mourir”…

Deux mois avant le Mondial 1938 a lieu l’Anschluss. L’équipe d’Allemagne “avale” alors la talentueuse sélection autrichienne, débarrassée toutefois de son joueur vedette juif, Matthias Sindelar. Le pays ne passe pas le 1er tour.
L’équipe des Pays-Bas entre sur le terrain avant un match de la Coupe du monde 1934 - Crédits : Nationaal Archief

1950 : l’Angleterre humiliée au Mondial brésilien

En 1950, le monde se remet à peine de la Seconde Guerre mondiale et l’Europe est un continent dévasté. La Coupe du monde se déroule cette année-là au Brésil, seul pays candidat, et en l’absence de nombreuses nations du Vieux Continent. L’Angleterre, qui n’a jusqu’alors jamais daigné participer, est en lice pour la première fois. Une occasion ratée, car la sélection est piteusement éliminée au 1er tour et repart humiliée.

1954 : un “miracle de Berne” sous perfusion

Un an après avoir marqué l’histoire du football en terrassant l’Angleterre à Londres sur le score de 6-3, l’équipe de Hongrie arrive grande favorite à la Coupe du monde 1954, organisée en Suisse. La sélection hongroise révolutionne le football en pratiquant un jeu très offensif. Elle se heurtera néanmoins à l’Allemagne de l’Ouest (RFA). Les deux pays s’affrontent d’abord au 1er tour et la star hongroise Ferenc Puskás sort blessée. Puis les deux équipes se retrouvent en finale dans la capitale suisse, pour une victoire 3-2 des Allemands. Ils trouveront dans ce match, resté dans l’histoire comme le “miracle de Berne” , leur première source de fierté nationale depuis la guerre. Pour les Hongrois, la déception est totale. Surtout que l’on sait aujourd’hui que les joueurs de la Nationalmannschaft ont reçu des injections de méthamphétamines à la mi-temps.

1958 : Pelé terrasse la France

La Coupe du monde 1958, qui a lieu en Suède, a des accents britanniques, avec la présence historique des quatre nations constitutives du Royaume-Uni, qui concourent séparément dans les compétitions internationales de football. Le tournoi est toutefois davantage marqué par l’équipe de France : Just Fontaine marque la bagatelle de 13 buts, un record toujours d’actualité aujourd’hui dans le palmarès du football international. Les Bleus, qui peuvent aussi compter sur Raymond Kopa, n’échoueront qu’en demi-finale contre le Brésil, où figurent Garrincha et un jeune inconnu de 17 ans, Pelé. Les Auriverde écrasent les Français 5-2. Ils infligeront ensuite le même score à la Suède en finale.

1962 : la bataille de Santiago

De l’avis général, le Mondial 1962, qui se déroule au Chili (dévasté par un tremblement de terre deux ans plus tôt), n’aura pas proposé un jeu aussi attrayant et offensif que lors des deux Coupes du monde précédentes. Le Brésil domine à nouveau les débats de la tête et des épaules, remportant un deuxième trophée consécutif. Le match du 1er tour entre le Chili et l’Italie passe tristement à la postérité, ayant ensuite été baptisé “la bataille de Santiago”. La rencontre, extrêmement violente, vire au pugilat et c’est la police qui escorte les deux sélections aux vestiaires après la victoire du pays hôte.

1966 : God saves the Queen

Inventé sous sa forme moderne par les Britanniques, le football et sa compétition reine se posent enfin sur le sol de Sa Majesté en 1966. L’Angleterre, qui a boudé les premières Coupes du monde puis enchaîné les contre-performances, ne rate pas le coche et peut brandir la Coupe reçue des mains de la reine à Wembley. Huit ans après le crash de l’avion du club de Manchester United, où ont péri plusieurs espoirs du football anglais, l’émotion est immense. La défaite a toutefois un goût amer pour l’Allemagne de l’Ouest finaliste, car un des buts anglais n’a en fait probablement pas passé la ligne de but. Un des litiges les plus célèbres de l’histoire du football.

Le capitaine anglais Bobby Moore reçoit la coupe Jules Rimet (ancêtre du trophée actuel) des mains de la reine Elizabeth II en 1966 - Crédits : National Media Museum

1970 : le “match du siècle” pour la plus belle des Coupes du monde

Pour de nombreux amoureux de football, la Coupe du monde 1970 est la plus belle de l’histoire. Il est vrai qu’après deux éditions marquées par des matchs rudes et défensifs, le beau jeu est de retour, avec des rencontres à rebondissements. La demi-finale entre l’Italie et l’Allemagne est à cet égard un sommet. Menée toute la partie, la RFA égalise à la dernière minute, arrachant des prolongations. Elles seront les plus folles de l’histoire de la Coupe du monde, avec 5 buts marqués en 30 minutes, les deux équipes menant tour à tour jusqu’à la victoire des Italiens 4-3. L’Allemand Beckenbauer finit même la rencontre avec le bras en écharpe. Emoussés par ce qui sera ensuite considéré comme le “match du siècle”, les Italiens ne feront par contre pas le poids en finale, perdue 4-1, face au Brésil de Pelé.

1974 : le “football total” des Pays-Bas

Vingt ans après celle initiée par la Hongrie, une nouvelle révolution footballistique est en marche en 1974, lors du Mondial organisé par l’Allemagne de l’Ouest. Elle vient des Pays-Bas. Emmenée par la star Johan Cruyff, parfaitement à son aise dans l’ambiance des années 70, l’équipe néerlandaise survole le tournoi. Elle pratique le “football total”, une tactique où les joueurs ne sont pas assignés à une position particulière : ils attaquent et défendent tous ensemble comme un rouleau-compresseur. Mais comme les Hongrois en 1954, les Néerlandais vont se heurter à l’Allemagne de l’Ouest, qui oppose à leur vision “romantique” du football un réalisme à toute épreuve. Les Allemands remportent leur Mondial 2-1.

Au 1er tour, un drôle de match a lieu à Hambourg : une confrontation RFA-RDA. A la surprise générale, elle tourne à l’avantage des Est-Allemands. Une défaite très symbolique, mais pas préjudiciable pour les Ouest-Allemands futurs champions du monde.

1978 : Johan Cruyff n’était pas là

44 ans après l’Italie en 1934, une autre édition de la Coupe du monde se déroule, en 1978, dans un pays sous le joug d’une dictature. En Argentine, la junte militaire s’est emparée du pouvoir deux ans avant le Mondial et on sait aujourd’hui que des centaines de prisonniers politiques étaient enfermés dans des geôles à quelques encablures du stade Monumental de Buenos Aires, où eut lieu la finale. L’Albiceleste y remporte la première Coupe du monde de son histoire, contre une équipe des Pays-Bas qui essuie un deuxième échec consécutif. L’ambiance est délétère et les Néerlandais accusent les Argentins de délibérément retarder le coup d’envoi pour faire encore plus monter la pression de la foule. Il aura aussi manqué aux Oranje sa star Johan Cruyff, resté en Europe pour protester contre la dictature et marqué par une prise d’otage dont il a été victime avec sa famille l’année précédente.

1982 : l’Allemagne au cœur du scandale

Si l’Allemagne a marqué de son empreinte la Coupe du monde 1982, organisée par une Espagne tout juste sortie du franquisme, ce n’est pas tant pour sa défaite en finale contre l’Italie. C’est d’abord pour son “match de la honte” du 1er tour contre l’Autriche. Les deux équipes peuvent se qualifier en cas de courte victoire des Allemands. La Nationalmannschaft ouvre le score à la 10e minute et les deux sélections vont faire la passe à 10 pendant les 80 restantes. Les huées de la foule n’y changeront rien, le résultat est homologué (1-0). Deux semaines plus tard, en demi-finale contre la France à Séville, l’Allemagne se retrouve à nouveau au cœur du scandale. Le gardien Harald Schumacher assomme volontairement Patrick Battiston qui filait au but. L’arbitre ne siffle rien. S’en suit une rencontre à rebondissements, que les Français pensent d’abord gagner avant que la RFA ne revienne miraculeusement au score. Les deux équipes se départagent avec la première séance de tirs au but de l’histoire du Mondial, remportée par les Allemands.

Au 1er tour, la France affronte le Koweït. Les Bleus dominent largement lorsqu’un but valable d’Alain Giresse est contesté par l’équipe adverse. A tel point que l’émir du Koweït descend sur la pelouse et convainc l’arbitre de l’annuler. Sans préjudice pour la victoire française (4-1).

1986 : l’Angleterre battue par “la main de Dieu”

Plus que Michel Platini, qui joue sa dernière Coupe du monde, c’est l’Argentin Diego Maradona qui s’impose comme le joueur majeur du Mondial 1986. Un match particulièrement va asseoir sa légende : le quart de finale contre l’Angleterre. Devant les 115 000 spectateurs du stade Azteca de Mexico, il assomme à lui seul la partie. D’abord en marquant de la main au terme d’une action confuse. On parle aujourd’hui encore de “la main de Dieu”. Puis en réalisant le “but du siècle”, après avoir dribblé l’intégralité de la défense anglaise. Un coup de filou suivi d’un coup de génie. Les Argentins voient cette victoire comme une revanche de la guerre des Malouines (1982) et ne s’arrêteront plus jusqu’à la victoire finale.

Diego Maradona, sur le point s’inscrire le “but du siècle” contre l’Angleterre en 1986 - Crédits : Dani Yako

 

1990 : et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne

En 1990, la Coupe du monde se déroule en Italie et les sélections présentes s’adaptent au style de jeu du pays hôte. Les gardiens et les défenseurs vont prévaloir et jamais le nombre de buts par match n’aura été aussi bas, avec des matchs ennuyeux se terminant aux tirs au but. A ce petit jeu, l’Allemagne de l’Ouest, qui joue sa dernière compétition avant la Réunification (qui interviendra trois mois plus tard), sera la plus forte. Au bout du suspense, les Allemands éliminent les Anglais en demi-finale, puis les Argentins en finale. Une victoire qui conduira Gary Lineker, attaquant vedette de l’Angleterre, à prononcer une phrase restée célèbre : “le football est un jeu simple : 22 hommes courent après une balle pendant 90 minutes et à la fin, l’Allemagne gagne toujours”.

1994 : Suède et Bulgarie créent la surprise

Aux Etats-Unis en 1994, la finale est un classique Brésil-Italie, remportée aux tirs au but par les Brésiliens. Les demi-finalistes malheureux sont, eux, des invités surprises. La Suède d’abord, qui perd de peu en fin de match contre les Auriverde. Et la Bulgarie ensuite, qui perd elle-aussi par un but d’écart contre l’Italie. Le match pour la 3e place sera à l’avantage de la Suède (4-0).

1998 : la France peut “mourir tranquille”

Quand commence son Mondial 1998, l’équipe de France dispose de trois références avec ses demi-finales perdues de 1958, 1982 et 1986. Cette fois, il n’y aura aucun accroc avec une victoire historique à la clé. La génération de Didier Deschamps - aujourd’hui sélectionneur - et de Zinédine Zidane obtient le Graal à domicile. Le 1er tour a été parfait, la suite plus difficile contre le Paraguay, l’Italie et la Croatie. La finale en revanche apparaît aujourd’hui presque facile, soldée par un 3-0 sans appel contre le Brésil de Ronaldo. Thierry Roland exulte : après avoir vécu ça, “on peut mourir tranquille” hurle-t-il à Jean-Michel Larqué.

L’équipe de France défile dans les rues de Paris après la victoire à la Coupe du monde 1998 - Crédits : Philippe Roo

2002 : l’Italie et l’Espagne contre l’arbitrage

Pour la première fois organisé en Asie (en Corée du Sud et au Japon), la Coupe du monde 2002 est le théâtre de nombreuses surprises. Plusieurs favoris sont prématurément éliminés, dont la France, piteusement dès le 1er tour. L’Allemagne que personne n’attendait atteint la finale, remportée par le Brésil. Et, surtout, la Corée du Sud élimine successivement l’Italie et l’Espagne. Sauf que le pays hôte est bien aidé par l’arbitrage. But indument refusé et expulsion sévère pour les Italiens. Deux buts valables annulés pour l’Espagne.

2006 : Zidane perd la tête

Dominé par les sélections européennes, la Coupe du monde 2006, qui se déroule en Allemagne, se termine par une finale France-Italie. Il s’agit du dernier match de Zidane avant sa retraite. Le n°10 des Bleus a survolé la compétition et peut finir sur un triomphe. Seulement voilà, après avoir marqué le seul but des Français, Zidane perd ses nerfs pendant les prolongations. Il répond aux provocations de l’Italien Materazzi et lui assène un coup de tête au plexus passé à la postérité. Zidane est expulsé. Conséquence ou non, la France s’incline aux tirs au but.

2010 : l’Espagne tient sa Coupe du monde

En finale de la Coupe du monde 2010, qui se tient pour la première fois en Afrique (du Sud), ce sont probablement les deux meilleures équipes n’ayant encore jamais gagné la compétition qui s’affrontent : l’Espagne et les Pays-Bas. Le match tournera logiquement à l’avantage des Espagnols, alors champions d’Europe en titre, entrainant un troisième échec en finale pour les Néerlandais, un record dans le palmarès de la reine des compétitions de football.

2014 : l’Allemagne éparpille le Brésil

Pour les Brésiliens, remporter le Mondial qui se déroule chez eux en 2014 est la seule option. La sélection est emmenée par Neymar - qui deviendra le joueur le plus cher de l’histoire avec son transfert au PSG en 2017 pour 222 millions d’euros - et la pression du public est immense. Elle sera d’ailleurs probablement en partie responsable de l’échec des Auriverde en demi-finale contre l’Allemagne, future gagnante du trophée. La Nationalmannschaft marche littéralement sur le pays hôte et le score s’achève sur un incroyable 7-1. Une véritable humiliation qui restera dans l’histoire de la Coupe du monde.

2018 : Mbappé sur les traces de Pelé

La Coupe du monde en Russie contribue à l’éclosion d’un grand talent : Kylian Mbappé. Le jeune français se distingue, notamment lors d’un huitième de finale disputé face à l’Argentine où il martyrise la défense adverse par sa vitesse. Mais surtout en finale, contre la Croatie, durant laquelle il inscrit un but et participe à la victoire française (4-2). Il devient au passage le deuxième plus jeune buteur de l’Histoire à inscrire un but dans une finale de Coupe du monde, derrière Pelé. L’Europe, elle, s’impose comme la première puissance du foot mondial en plaçant quatre équipes parmi les demi-finalistes (France, Croatie, Belgique, Angleterre).

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