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Combien de femmes au sein de la Commission Juncker ?

Son élection en tant que président de la Commission européenne désormais assurée, Jean-Claude Juncker va s’attaquer à la distribution des portefeuilles. Une tâche hautement politicienne et d’autant plus ardue qu’il entend intégrer au moins dix femmes à son équipe. En l’état actuel des tractations, le match semble loin d’être gagné. “Désespérant”, a-t-il déclaré mardi à Strasbourg après sa nomination.

Jean-Claude Juncker

Au moins dix femmes commissaires

Les cinq (premières ?) années de Jean-Claude Juncker à la tête de l’exécutif européen auront donc commencé par un coup de gueule. Heureux et calme après l’annonce des résultats - une majorité qualifiée confortable - le nouveau président de la Commission européenne a immédiatement changé de visage lors de sa première conférence de presse. En cause, les négociations avec les chefs d’Etat et de gouvernement au sujet de l’attribution des postes de commissaires. Si certains portefeuilles risquent logiquement d’être très convoités, comme le Marché intérieur, les Affaires économiques ou l’Energie, la question de la parité homme/femme est également appelée à constituer un important point d’achoppement.

Au train où vont les choses, a expliqué de manière laconique et ironique Jean-Claude Juncker, il n’y aura que trois ou quatre femmes commissaires européens. Inacceptable alors que dans de nombreux pays d’Europe la parité se met en place et que le Parlement européen en a fait l’un de ses chevaux de bataille. La seconde commission Barroso, qui s’apprête à passer le témoin, en comptait tout de même 9 sur 28. Celle de M. Juncker ne peut pas faire moins.

Dans la ligne de mire de l’ancien Premier ministre luxembourgeois, les pays n’ayant jamais envoyé de femme siéger à la Commission, comme la Belgique. Mais d’une manière générale, Jean-Claude Juncker a précisé qu’il serait plus que souhaitable que tous les Etats membres de l’UE proposent le nom d’au moins une femme afin que les équilibres, aussi bien de genre que de tendance politique, soient respectés.

Dans sa démarche, il trouvera l’appui de commissaires sortantes telles que Neelie Kroes (Société numérique), Viviane Reding (Justice) ou Cecilia Malmström (Affaires intérieures). Des personnalités de premier plan et qui ont souvent brillé pour leur combativité dans la défense de leurs dossiers. Martin Schulz, réélu président du Parlement européen, a également pleinement assuré M. Juncker de son appui : les eurodéputés ne confirmeront pas une Commission au sein de laquelle, il n’y aurait pas un “nombre satisfaisant de femmes” . Pas d’objectif chiffré donc, mais un engagement résolu.

Federica Mogherini nouvelle chef de la diplomatie européenne ?

Le nouvel homme fort de l’exécutif européen entend même nommer au moins une femme à l’un des autres postes clés, si possible celui de Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Une fonction pour l’heure occupée par la Britannique Catherine Ashton. A cet égard, l’Italienne Federica Mogherini apparaît comme la mieux placée. Le Premier ministre italien, Matteo Renzi a d’ailleurs entamé un intense travail de lobbying pour lui faire obtenir le poste et devrait pouvoir compter sur le soutien de la chancelière allemande Angela Merkel et des dirigeants socialistes européens. Toutefois, la posture relativement pro-russe de l’actuelle ministre des Affaires étrangères italienne suscite le scepticisme de nombreux pays d’Europe de l’est. Ces derniers verraient d’un meilleur œil la nomination de la Bulgare Kristalina Georgieva, actuelle commissaire en charge de l’Aide humanitaire.

Et dans l’éventualité où le poste de chef de la diplomatie européenne - numéro 2 officieux de la Commission européenne - ne devait pas être attribué à une femme, c’est vraisemblablement celui de président du Conseil européen qui le serait. Pour ce dernier, la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt tient la corde. Un obstacle de taille se dressera cependant sur sa route : le fait que le Danemark ne fasse pas partie de la zone euro.

Enfin, d’un point de vue franco-français, la volonté d’inclure un grand nombre de femmes au sein de la Commission européenne pourrait également avoir une incidence. En effet, Pierre Moscovici, favori annoncé, pourrait se faire damer le pion. Candidat au poste de commissaire européen français depuis son départ de Bercy, il vise un portefeuille aux compétences aussi larges que possibles sur les questions économiques, si possible en tant que vice-président de la Commission.

Un poste stratégique que pourrait refuser l’Allemagne, soucieuse de placer un représentant d’un Etat dit “vertueux” sur le plan économique et budgétaire. Et un poste qui pourrait donc lui échapper au profit d’une femme. Elisabeth Guigou, également candidate déclarée, ancienne ministre des Affaires européennes et actuellement présidente de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, apparaît comme un plan B convaincant. A moins que l’Elysée décide finalement de prendre le contrepied des pronostics et promeuve une personnalité moins connue, telle que Pervenche Berès, eurodéputée socialiste depuis 1994, extrêmement expérimentée et rompue aux arcanes de Bruxelles.

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