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[Carte] Le nombre de demandeurs d’asile dans l’Union européenne

En 2023, 1 129 800 personnes ont demandé l’asile dans l’Union européenne. Un nombre en hausse de 17,5 % par rapport à 2022.

L’asile est une protection internationale garantie par un État sur son territoire. Il peut être demandé par un individu parce qu’il craint d’être persécuté du fait de son ethnie, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques.

Toutes les demandes d’asile ne sont cependant pas automatiquement acceptées et ne le sont pas forcément dans les pays dans lesquels elles sont formulées. La raison tient au règlement Dublin III, qui implique que la demande soit formulée dans le pays d’entrée du migrant sur le territoire de l’UE.

Il convient de différencier le chiffre des primo-demandeurs d’asile et le chiffre, plus général, des demandeurs d’asiles.

Les primo-demandeurs d’asile représentent les personnes qui font une demande de protection internationale pour la première fois. Le nombre de demandeurs d’asile comprend les primo-demandeurs et les personnes qui ont fait plusieurs demandes ou qui ont fait appel de la décision. Il est donc plus important que celui des primo-demandeurs.

Majorité des demandes en Allemagne et en France

En 2023, au total, 1 129 800 personnes ont demandé l’asile dans l’Union européenne, selon les données d’Eurostat. Parmi elles, 1 049 020 le faisaient pour la première fois. Un chiffre en augmentation de 20 % par rapport à 2022 (873 680).

Le plus grand nombre de nouvelles demandes a été enregistré en Allemagne avec 329 035 primo-demandeurs, soit près d’un tiers du nombre total de nouvelles demandes dans l’UE en 2023 (31 %). L’Espagne arrive en deuxième position avec 160 460 nouveaux demandeurs (15 %), suivie par la France avec 145 095 (14 %) et l’Italie (130 565 soit 12 %). Ainsi, ces 4 pays concentrent près des trois quarts (72 %) des primo-demandes d’asile au sein de l’Union en 2023.

L’an passé, le nombre de primo-demandeurs d’asile dans l’UE était à son niveau le plus élevé depuis les pics de 2015 et 2016, qui étaient liés à la guerre en Syrie (1 216 860 puis 1 166 815 demandes).

La moitié des Etats membres de l’Union ont vu le nombre de primo-demandeurs d’asile augmenter par rapport à 2022. Les augmentations les plus importantes en pourcentage sont en Lettonie (+198 %, 1 080 demandes de plus), en Grèce (+99 %, 28 770 demandes de plus), en Italie (+69 %, 53 365 demandes de plus) et en Allemagne (+51 %, 111 300 demandes de plus). En 2023, la France a enregistré 7 585 demandes supplémentaires par rapport à 2022, soit une hausse de 6 %.

A l’inverse, les 14 autres Etats membres ont connu en 2023 une baisse de primo-demandeurs d’asile par rapport à 2022. L’Autriche a enregistré 49 % moins de premières demandes (54 170 de moins). Suivent le Danemark (-47 %, 2 120 demandes de moins), Malte (-46 %, 425 demandes de moins), Chypre (-46 %, 9 930 demandes de moins) et la Lituanie (-44 %, 395 demandes de moins).

Augmentation des acceptations en période de crise migratoire

Dans l’ensemble de l’Union européenne, la crise migratoire qui a débuté en 2015 a entraîné une très forte augmentation des acceptations de demandes d’asile la même année, où plus d’un million de demandes ont été enregistrées.

Les Etats membres ne sont toutefois pas parvenus à s’entendre sur la répartition des réfugiés. En septembre 2015, la chancelière allemande Angela Merkel avait en effet décidé d’accorder l’asile à tous les réfugiés syriens arrivés sur le sol allemand. Mais face à l’afflux de migrants, au manque de solidarité d’autres Etats membres - dont certains, comme la Hongrie, ont érigé la même année des murs à leurs frontières - et aux critiques au sein même de la majorité, le gouvernement allemand rétablissait les contrôles aux frontières du pays quelques jours plus tard.

Conformément au système de Dublin qui régit l’accueil des demandeurs d’asile depuis 1990, les demandes d’asile sont majoritairement traitées dans les pays d’entrée sur le territoire européen. Un plan de relocalisation avait été adopté en 2015 par le Conseil de l’UE mais sa mise en œuvre a été largement limitée. La Commission européenne a reconnu l’échec de cette mesure en 2017. En revanche, le pacte migratoire UE-Turquie conclu en 2016 a nettement contribué à une diminution du nombre de demandeurs d’asiles.

Le 23 septembre 2020, la Commission européenne avait présenté un nouveau Pacte pour la migration et l’asile, avec pour ambition de redéfinir les conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Elle prévoyait notamment de réduire les délais de traitement des demandes et d’opérer un premier filtrage, aux frontières de l’UE, des migrants non éligibles à l’asile.

Ce Pacte sur la migration et l’asile a été adopté par le Parlement européen le 10 avril 2024. Il comprend un ensemble de dix textes (neuf règlements et une directive) permettant de renforcer la lutte contre l’immigration illégale et d’accélérer la reconduction des personnes en situation irrégulière.

Il impactera fortement les demandeurs d’asile et primo-demandeurs d’asile avec sa nouvelle procédure de filtrage aux frontières de l’Union européenne. Celle-ci permettra d’identifier en moins de sept jours si le demandeur doit faire rapidement l’objet d’une procédure de retour (par exemple en cas de demande antérieure déjà refusée), si sa demande d’asile doit passer par une procédure accélérée (notamment lorsqu’en moyenne moins de 20 % des ressortissants de son pays obtiennent l’asile au sein de l’UE) ou une procédure normale.

Syrie, Afghanistan, Turquie, Venezuela et Colombie : principaux pays d’origine des demandeurs

Depuis 2014, les ressortissants de Syrie sont chaque année les plus nombreux à demander une protection internationale dans l’Union européenne. Ils étaient 183 035 primo-demandeurs en 2023. Cela représente une augmentation de leur part dans le nombre total de nouvelles demandes enregistrées dans l’UE, passant de 15 % en 2022 à 17,5 % en 2023. 

Ils restent plus nombreux que les demandeurs d’asile venants d’Afghanistan, avec 100 935 primo-demandeurs en 2023. Viennent ensuite les Turcs, qui étaient 89 965 à effectuer une première demande d’asile dans l’UE, puis les Vénézuéliens avec 67 085 demandes. Les Colombiens se placent en cinquième position avec 62 015 primo-demandeurs.

A la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le nombre de primo-demandeurs ukrainiens a fortement augmenté en 2022 (+360 % par rapport à 2021). Seulement un mois après le début du conflit, plus de 10 millions d’Ukrainiens avaient déjà fui leur foyer et plus de trois millions d’entre eux avaient traversé la frontière pour se rendre principalement dans des Etats membres de l’Union européenne.

En 2023, le nombre de primo-demandeurs d’asile de nationalité ukrainienne s’est classé au 20e rang parmi toutes les nationalités, même si le nombre de nouvelles demandes a baissé cette année-là, passant de 24 690 en 2022 à 12 800 en 2023.

Nombre de primo-demandeurs d’asile dans les Etats membres de l’UE en 2023

PaysNombre de primo-demandeurs
Allemagne329 035
Autriche55 605
Belgique29 260
Bulgarie22 390
Chypre11 660
Croatie1 635
Danemark2 355
Espagne160 460
Estonie3 980
Finlande4 450
France145 095
Grèce57 895
Hongrie30
Irlande13 220
Italie130 565
Lettonie1 625
Lituanie510
Luxembourg2 615
Malte490
Pays-Bas38 320
Pologne7 720
Portugal2 600
République tchèque1 130
Roumanie9 875
Slovaquie370
Slovénie7 185
Suède8 945
Union européenne1 049 020
Source : Eurostat

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