Un Sommet qui doit “marquer le début d’un nouveau chapitre”
C’est à Rome, au Capitole, dans la salle des Horaces et des Curiaces, celle-là même qui fut témoin de la signature des traités de Rome 60 ans plus tôt, que les chefs d’État et de gouvernement porteront un regard sur les succès et les échecs de l’Union européenne et signeront la déclaration de Rome. “Cet événement sera l’occasion de célébrer notre histoire commune et de faire le bilan de soixante ans d’intégration. Nul n’ignore que ce moment historique que nous vivons nécessite de mener une réflexion plus approfondie et plus concrète sur les défis que l’Union doit relever à court et à moyen terme” , affirment le président du Conseil Donald Tusk et les Premiers ministres Paolo Gentiloni (Italie) et Joseph Muscat (Malte) dans la lettre d’invitation qu’ils ont adressée aux dirigeants européens.
L’objectif est clair : montrer un visage positif de l’Europe, en insistant sur ses réussites et les garanties qu’elle apporte aux citoyens, tout en restant lucide sur les améliorations qu’il faut lui apporter dans les prochaines années afin de s’adapter à l’évolution structurelle des pays européens.
Cette réflexion sur le futur de l’Union européenne fait suite au Livre blanc publié par le président de la Commission Jean-Claude Juncker, qui propose 5 scénarios pour le futur de l’Europe et s’inscrit dans le sillon tracé par le sommet de La Vallette (3 février 2017) et la feuille de route de Bratislava (16 septembre 2016). Très concrètement, le Sommet de Rome devrait être l’occasion d’aborder à nouveau l’idée d’une Europe à plusieurs vitesses. Une perspective ancienne à nouveau évoquée depuis plusieurs mois. Elle est défendue notamment par le couple franco-allemand, favorable à l’idée d’un noyau dur, mais est combattue par les pays d’Europe orientale, redoutant de devenir des membres de “second ordre” .
Une divergence importante de nature à complexifier l’élaboration d’une vision commune aux 27, symbole d’une “Union indivisible” , alors que le Royaume-Uni est à quelques heures de lancer officiellement le Brexit.
La nécessité de provoquer une mobilisation citoyenne
Le sommet extraordinaire du 25 mars se déroulera au lendemain de la rencontre des dirigeants européens avec le Pape. Ce dernier devrait rappeler l’importance de dépasser les dissensions européennes et essayer de redonner un élan d’enthousiasme à l’égard du projet européen. Un discours très pro-européen, qui avait d’ailleurs valu au Pape François le prix Charlemagne en 2016, qui récompense depuis 1951 une personnalité engagée dans l’unification européenne.
Autre évènement symbolique : un collectif d’intellectuels et d’universitaires a lancé un “Appel des 300” . Rédigé par Roberto Castaldi, professeur italien de philosophie politique, avec notamment Giuliano Amato, ancien Premier ministre italien, Yves Bertoncini, président du Mouvement Européen France, ou encore Ulrike Guérot, politologue allemande fondatrice du think tank European Democracy Lab, l’appel débute par “Nous, citoyens européens, sommes préoccupés et effrayés” et appelle à un nouvel élan pro-européen. Leur objectif est de mobiliser les Européens à défendre l’Union et d’inviter à Rome tous ceux qui le souhaitent afin de participer à une grande marche symbolique. En parallèle, un cortège qui répond au même appel est organisé à Bruxelles, pour tous les défenseurs de l’Union européenne qui ne peuvent pas se rendre à Rome.
Des événements partout en Europe auront également lieu, souvent des initiatives citoyennes, qui tentent de raviver la flamme européenne. En France, l’ouverture des célébrations du 60ème anniversaire du traité de Rome aura lieu le 24 mars dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris.